Peu connue du grand public, Marilyn Moine s’est pourtant taillé une place singulière dans le monde de la musique, loin de l’ombre médiatique de son père célèbre. À soixante ans, elle mène une carrière artistique discrète mais profondément sincère, portée par une passion longtemps contenue.

Fille d’un homme dont le nom a longtemps résonné dans les milieux culturels, Marilyn aurait pu choisir la voie de la facilité, en exploitant son patronyme. Mais c’est dans une quête d’identité personnelle et artistique qu’elle a préféré s’engager, et cela avec humilité, authenticité et une ferveur qui force l’admiration.

Son amour pour la musique ne date pourtant pas d’hier. Enfant, elle grandit dans un univers bercé par le son des vinyles, les riffs de guitare des années 70, les voix éraillées du blues, et les balades country chantées dans les cuisines familiales.

Ce sont ces ambiances sonores, ces atmosphères chaleureuses et vibrantes, qui ont laissé en elle une empreinte indélébile. Pourtant, ce n’est que tardivement qu’elle décide de prendre le micro. Avant cela, Marilyn a longtemps travaillé dans l’ombre, en tant qu’attachée de presse pour divers artistes. Ce métier lui a permis d’appréhender les rouages du monde musical, d’observer les artistes, de comprendre leurs doutes, leurs joies, leur solitude aussi. Mais il manquait quelque chose.

Ce quelque chose, elle le découvre un jour presque par hasard, ou peut-être par évidence. Après plusieurs années à mettre en valeur le talent des autres, elle ressent le besoin irrésistible de raconter ses propres histoires, de chanter ses propres douleurs, ses espoirs, ses racines.

C’est ainsi qu’est né le groupe Maryine and the Family, fondé avec son mari et quelques amis musiciens passionnés. Ensemble, ils forment une petite tribu soudée, où l’amitié et l’amour de la musique priment sur la quête de gloire.

Le répertoire de Maryine and the Family s’inscrit dans une tradition musicale américaine : des reprises de classiques du rock, du folk et de la country, réarrangées avec délicatesse, mais aussi quelques compositions originales.

La voix de Marilyn, à la fois rauque et chaleureuse, rappelle les grandes dames du folk comme Joan Baez ou Emmylou Harris, tout en gardant une singularité qui n’appartient qu’à elle. Sur scène, elle ne cherche pas à briller, mais à transmettre. À chaque concert, elle raconte une histoire. Elle parle de la vie, de l’amour, de la vieillesse, de la mémoire, de la perte, de la beauté fugace des choses.

Le succès, si on entend par là les projecteurs, les plateaux de télévision et les couvertures de magazines, n’a jamais été au cœur de sa démarche. Mais le bouche-à-oreille, lui, a fait son œuvre. Son authenticité a touché un public fidèle, sensible à la sincérité de son parcours. En 2016, c’est même une figure emblématique de la chanson, Mitchell Touché, qui l’invite à faire la première partie de l’un de ses concerts.

Pour Marilyn, c’est une reconnaissance inattendue, mais profondément émouvante. Ce soir-là, sur scène, elle chante devant une salle comble, les mains tremblantes mais le cœur apaisé. Elle sait qu’elle est à sa place.

Depuis, elle continue de se produire dans de petites salles, dans des festivals intimistes, dans des cafés-concerts où la proximité avec le public est totale. Elle parle peu aux médias, cultive une forme de discrétion rare dans ce monde d’exposition constante. Elle préfère laisser sa musique parler pour elle. Quand on lui demande pourquoi elle ne cherche pas plus de visibilité, elle répond avec un sourire : « Je ne fais pas carrière, je fais musique. »

Son histoire est celle d’une femme libre, qui a choisi de vivre sa passion à son rythme, en accord avec ses valeurs. Dans un monde souvent obsédé par la jeunesse, elle montre qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser un rêve, qu’on peut commencer une nouvelle vie à soixante ans, et qu’une voix pleine de vécu peut émouvoir bien plus qu’un feu de paille médiatique.

Aujourd’hui, Marilyn Moine continue d’écrire, de composer, de chanter. Chaque chanson est un fragment de sa mémoire, chaque concert un moment suspendu. Elle n’est peut-être pas une star, mais elle est une artiste, une vraie. Et dans le cœur de ceux qui l’ont écoutée, elle a trouvé une place bien plus précieuse que celle que pourrait offrir une célébrité éphémère : celle de l’émotion partagée.