Le 14 juillet restera désormais gravé dans les mémoires comme la date à laquelle Thierry Ardisson, figure emblématique du paysage audiovisuel français, a tiré sa révérence. Atteint d’un cancer du foie depuis 2012, il s’est battu pendant plus d’une décennie contre la maladie, dans un silence pudique, loin des projecteurs et du tumulte médiatique auquel il avait pourtant consacré sa vie.

À peine quelques jours après sa disparition, TF1 a choisi de rendre hommage à l’homme en noir à travers un documentaire bouleversant, signé de la main de son épouse, la journaliste Audrey Crespo-Mara. Ce film, sobrement intitulé La face cachée de l’homme en noir, nous plonge au cœur de l’intimité d’un homme que beaucoup pensaient connaître, mais que peu avaient réellement vu sans son masque télévisuel.

La face cachée de l'homme en noir - "Ce documentaire est une réussite",  "Poignant et captivant", "Magnifique" : le portrait intime de Thierry  Ardisson par sa femme Audrey Crespo-Mara bouleverse les internautes

Dès les premières minutes, le ton est donné. On y découvre Thierry Ardisson en 2012, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, allongé sur un lit médicalisé, vêtu entièrement de noir, des chaussettes à la chemise – une constance vestimentaire qui, même dans la souffrance, semblait faire partie intégrante de son identité.

Ces images poignantes, filmées dans la plus grande simplicité, sans artifices, sans mise en scène, nous présentent un homme vulnérable, à mille lieues de l’animateur provocateur et mordant que l’on connaissait à l’écran. C’est sur cette scène que s’ouvre le documentaire, avec une volonté affichée de ne rien cacher, de montrer un Ardisson dépouillé de son armure médiatique, livré dans sa vérité la plus brute.

Audrey Crespo-Mara, dans une démarche à la fois journalistique et amoureuse, interroge longuement son époux. Elle lui parle de ses enfants, de ses amis, de son adolescence. Elle l’amène à se confier sur ses douleurs, ses doutes, ses angoisses face à la maladie, mais aussi sur les traitements lourds et épuisants qu’il a dû subir pendant toutes ces années. Plus qu’un simple hommage posthume, ce documentaire se révèle être un acte d’amour profond, une tentative de capturer l’essence d’un homme complexe, torturé, parfois arrogant, mais terriblement humain.

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Ce film offre également un regard rétrospectif sur l’incroyable carrière de Thierry Ardisson. De ses débuts dans la presse écrite à ses heures de gloire sur le petit écran, en passant par ses nombreuses polémiques et ses émissions devenues cultes, tout y est évoqué avec franchise. On redécouvre l’animateur audacieux, celui qui a su bousculer les codes de la télévision, imposer son style, son humour noir, sa liberté de ton. Mais on découvre aussi l’homme derrière le personnage : ses blessures d’enfance, ses fêlures, ses regrets.

Le choix d’Audrey Crespo-Mara de montrer cette face cachée de son mari, loin du mythe, est un pari audacieux et bouleversant. On sent dans chaque plan, dans chaque question posée, une tendresse infinie, un respect profond, mais aussi une volonté farouche de rendre justice à la vérité de cet homme qu’elle a aimé et accompagné jusqu’au bout. Elle ne cherche pas à enjoliver, à édulcorer. Elle montre tout : la fatigue, la colère, la peur, mais aussi les éclats de rire, l’ironie toujours vive, et cette lucidité mordante dont Ardisson ne s’est jamais départi.

Ardisson sur un lit d'hôpital: le documentaire sur “l'homme en noir” donne  le ton dès les premières images | Télé | 7sur7.be

Ce documentaire, d’une durée d’1h40, est bien plus qu’un portrait biographique. C’est une plongée dans l’âme d’un homme qui, jusqu’à la fin, a conservé son élégance, son humour, sa dignité. Un homme qui, face à la mort, a choisi de se montrer tel qu’il était réellement : sans filtre, sans faux-semblants. C’est aussi une réflexion sur la maladie, sur le temps qui passe, sur l’amour, sur ce que l’on choisit de transmettre et de laisser derrière soi.

La diffusion de ce film sur TF1, si peu de temps après le décès de Thierry Ardisson, a suscité une vive émotion parmi les téléspectateurs. Beaucoup ont salué le courage de cette démarche, la sincérité de cet hommage, la beauté pudique d’un adieu filmé avec amour. Ce documentaire restera sans doute comme l’un des plus émouvants témoignages jamais diffusés sur une figure médiatique française.

Avec La face cachée de l’homme en noir, Audrey Crespo-Mara nous offre un dernier rendez-vous avec Thierry Ardisson. Un moment de vérité, de mémoire et d’humanité.