La fille de Caroline s’est mise en couple avec son ex-beau-père !

-Aaron: 2 ans. -F.Bollaert: Aujourd’hui, vous êtes avec lui? -Aaron: Oui. -F.Bollaert: Caroline, comment vous avez rencontré… On va préserver l’anonymat de cet homme. Comment vous l’avez rencontré? 17 ans d’amour… Au départ, c’était un collègue? -Caroline: On s’est rencontrés sur un lieu de travail. On avait 10 ans d’écart.

Je sortais d’une relation avec mon ex-conjoint, le père de mes 3 enfants. -F.Bollaert: Vous avez rencontré cet homme, 10 ans de moins… Un vrai coup de foudre? Lui était tout seul? -Caroline: Oui. Moi aussi. On s’est rencontrés et tout de suite, on s’est mis ensemble. Et puis la vie a continué. -F.

Bollaert: C’est devenu sérieux très vite? -Caroline: Oui. Je lui ai présenté mes 3 enfants un an après. -F.Bollaert: Ils avaient quel âge? -Caroline: 10 ans, 7 ans et 5 ans. -F.Bollaert: Votre fille aînée avait 10 ans? -Caroline: Non, 7 ans. -F.Bollaert: Lui avait quel âge? -Caroline: 19 ans. Mes 3 enfants n’avaient pas de contact avec leur père. Du coup, il a pris un peu…

-F.Bollaert: Il est devenu un peu un père de substitution. -Caroline: Eux le considéraient comme tel, malgré tout. -F.Bollaert: C’était une famille recomposée qui partait dans la bonne direction. -Caroline: On a fait une relation comme ça pendant 6 ans. 6 ans après, on a décidé  d’avoir un enfant et on a eu notre 1re fille.

Tout de suite derrière, on a eu une 2e fille, un an après. -F.Bollaert: Vous avez 5 enfants? -Caroline: Oui. -F.Bollaert: Et là, ça me paraît complètement insensé, d’imaginer qu’il puisse y avoir un rapprochement entre votre fille et cet homme. Quelle relation ils entretenaient au fil du temps? -Caroline: Ils étaient fusionnels. Ils faisaient du sport ensemble.

Ils faisaient plein de choses ensemble aussi. J’étais fière de ça. Je me suis dit que j’avais reconstruit une famille. Il s’occupe de mes enfants. On s’occupe aussi de nos enfants. J’étais fière. J’avais la fierté de voir que mes enfants étaient aussi heureux et que j’avais réussi à avoir une famille. -F.

Bollaert: A quel moment les choses ont basculé entre cet homme et votre fille? -Caroline: En 2018, mon ex-conjoint partait travailler. Il était en déplacement. Quand il rentrait, les week-ends, je voyais qu’il mettait de la distance. En 2018, ce n’est pas bien… J’ai fouillé dans le portable et j’ai trouvé un message destiné à ma fille. C’était marqué: “Est-ce que tu as bien dormi? Sache que je t’aime d’amour”, avec des coeurs rouges.

J’étais réactive et, en même temps, je n’ai pas trop compris le sens du message. Puisque le même jour, je n’ai pas eu de message. Du coup, j’ai été les voir. -F.Bollaert: Ils ne se seraient pas parlé comme ça, de façon filiale? Le “je t’aime d’amour” n’avait aucun sens. -Caroline: Aucun. Pour moi, en tout cas.

Je les ai confrontés. Je leur ai demandé  ce qu’était ce message. -F.Bollaert: Elle avait quel âge? -Caroline: 20 ans. -F.Bollaert: Et lui, 35? -Caroline: A peu près. Il m’a répondu que ce message m’était destiné, qu’il s’était trompé. Ma fille a commencé à me dire: “A quoi tu penses? Tu penses mal.” Lui, pareil.

 “Comment tu peux penser des choses pareilles, que je peux envoyer des messages comme ça?” Ils m’ont prise pour une folle et m’ont fait culpabiliser. Je me suis dit: “C’est vrai, il s’est peut-être trompé. Peut-être que le message était pour moi.” Du coup, je me suis mise dans le recul, mais je regardais quand même. J’avais une autre vision, bizarrement, après ce message.

Mais je n’ai rien vu de spécial, en fait. Je pense que ma naïveté  a fait que je n’ai absolument rien vu. Quand il rentrait et qu’il ne dormait plus avec moi… Pendant 6 mois, il faisait semblant de dormir dans le canapé. Je lui ai donné un ultimatum, un jour, car je ne pouvais plus vivre comme ça, avec les petits et lui qui ne me regardait plus.

-F.Bollaert: Vous ne saviez toujours pas qu’il avait une relation avec votre fille? -Caroline: Du tout. -F.Bollaert: Distant, froid, malaise… Quelle relation vous aviez avec votre fille? -Caroline: Fusionnelle. Ma fille… On travaillait ensemble. C’était ma meilleure amie. -F.

Bollaert: Vous faisiez quoi? -Caroline: J’étais vendeuse en boulangerie. -F.Bollaert: Vous n’avez pas senti un changement de comportement chez elle qui pouvait traduire de la culpabilité? -Caroline: Non, je l’ai senti après. -F.Bollaert: Vous continuiez, alors qu’elle avait une relation avec votre conjoint… -Caroline: Je n’étais pas au courant.

-F.Bollaert: Je m’étonne, mais je vous écoute. -Caroline: Quand a commencé  cette rel

ation, je ne sais pas. -F.Bollaert: Quand est-ce que vous l’avez découvert? -Caroline: Pendant cette période de 6 mois où il n’était pas présent dans notre vie commune, je lui ai posé un ultimatum. Je voulais des réponses.

Je voulais savoir où en était notre couple. Je lui ai dit: “Je vais prendre les petites, partir quelque temps sur la côte. Soit tu me rejoins, on en discute pour savoir si quelque chose ne va pas dans notre couple, on essaie de trouver une solution…” Mais il me laisse partir. Dans mon subconscient, je me suis dit qu’il allait venir me rejoindre. C’était obligé.

Mais il ne m’a jamais rejointe. J’ai reçu un message, le seul que j’ai eu de sa part: “Je pars, je te quitte.” Comme je n’avais pas le permis et que c’est ma fille qui m’a déposée sur le lieu de vacances. Elle est partie le rejoindre dans la maison familiale et elle l’a aidé  à prendre ses affaires. -F.

Bollaert: Vous ne saviez toujours pas? -Caroline: Non. -F.Bollaert: A l’époque, vous étiez juste quittée par votre conjoint, qui vous dit “je te quitte, je pars”. -Caroline: Quand je suis rentrée, plus de vêtements, plus rien. Il était parti. -F.Bollaert: Vous étiez en plein chagrin d’amour. Mais vous ne saviez toujours pas la réalité. Vous pensiez qu’il y avait une autre femme dans sa vie? -Caroline: Les femmes le ressentent.

Je ressentais qu’il y avait une femme dans sa vie, en tout cas qu’il me trompait. -F.Bollaert: Est-ce que vous avez parlé à votre fille du soupçon qu’il avait une autre femme? -Caroline: Oui. -F.Bollaert: Elle vous avait dit… -Caroline: N’importe quoi. -F.Bollaert: C’est dingue. -Caroline: Je lui ai dit: “Je suis sûre qu’il a quelqu’un d’autre.

” Mais elle me répondait: “Ne dis pas n’importe quoi…” -F.Bollaert: Vous avez pu avoir une explication avec lui après cette rupture? -Caroline: Je ne l’ai jamais revu. -F.Bollaert: Après 17 ans, “au revoir, je te quitte”… 2 enfants, rien du tout… -Caroline: Rien. Ma fille est restée avec moi. Forcément, je pleurais. J’étais dans mon mode déprime.

Je ne comprenais pas. Pas de réponses à mes questions… Je lui envoyais des messages, longs comme ça, sans réponses. Ma fille est restée 3 mois avec moi. Pas de soutien. Je la sentais froide. Elle me reprochait même de pleurer. C’était limite pour elle de la comédie. 3 mois après, en octobre, pareil… Là, devant moi, elle rentre du travail.

J’avais préparé son repas, et elle me dit: “Je pars.” Je vois un camion qui se met devant la porte de la maison. Elle a démonté sa chambre et elle est partie. -F.Bollaert: Vous avez compris, là? Elle est partie où? -Caroline: Je lui ai demandé  où elle partait et elle m’a dit “chez mon amie”. Elle me dit qu’elle ne me supporte plus.

Une maman dépressive qui pleure tout le temps, ça l’insupportait. Elle a tout à fait donné son accord pour que vous veniez raconter cette histoire. Comment vous allez découvrir ce qui est vraiment en train de se passer? -Caroline: C’est simple. Ma fille est partie et elle me demande de reprendre le chien et le chat.

Je lui dis: “Ta copine est bien gentille de t’accueillir avec le chien et le chat.” J’ai trouvé ça bizarre. J’en ai parlé à mon neveu. Il a trouvé ça bizarre aussi. Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête. Il a été chez mon ex-conjoint, à son habitation. Là, il y avait ma fille aînée, mon ex-conjoint et les voitures.

En fait, elle n’a jamais emménagé  chez une copine. Elle a emménagé  chez mon ex-conjoint. Et par ailleurs, la maison était déjà à son nom en juillet, au nom de ma fille. Tout était organisé, planifié. -F.Bollaert: Quand vous découvrez ça, quelle est l’émotion qui vous envahit? -Caroline: J’ai eu un choc traumatique.

Je l’ai su par le spécialiste. Je me suis écroulée. J’ai pleuré. J’avais envie de hurler, mais il n’y avait rien qui sortait. J’étais déjà pas bien de par ma rupture mais le plus, pour moi, c’était le choc de ma fille. Je n’ai pas compris. Je ne savais plus quoi faire. J’étais complètement perdue. Comment j’allais apprendre ça à mes filles, à mes petites? C’était pas à moi de leur dire.

Donc je n’ai rien dit pendant un an. J’ai gardé le secret. -F.Bollaert: Mais ils savaient, votre ex et votre fille, que vous saviez? Vous leur avez dit que vous saviez? -Caroline: Non, même pas. Je n’ai pas été les voir. -F.Bollaert: Ils ne savaient pas que vous saviez. Vous avez tout gardé pour vous? -Caroline: Oui, pendant un an. J’avais peur pour mes petites.

Je ne voulais pas déclencher la vérité, en fait. Je voulais qu

e ce soit le père ou leur grande soeur qui leur dise, mais pas moi. -F.Bollaert: Elles avaient quel âge, les petites? -Caroline: Elles avaient 8 et 9 ans. Ce n’était pas à moi de leur dire. -F.

Bollaert: Vous avez fait semblant avec de votre fille pendant un an? La grande? -Caroline: Je n’ai jamais eu de contact avec elle. Elle a disparu de ma vie du moment où elle a passé cette porte, avec sa chambre à coucher, le chien et le chat. -F.Bollaert: Donc vous n’avez aucun contact avec votre ex-conjoint et votre fille? Ils sont partis ensemble, ils ont emménagé ensemble et ont disparu de votre vie? Comment vous vous êtes organisés pour la garde de vos enfants? -Caroline: Eux-mêmes ont fait les dispositions sans savoir que j’étais au courant qu’il était avec ma fille, pour faire un jugement à l’amiable et avoir les filles un week-end

sur 2 et les vacances. Je l’ai accepté. Je voulais aussi que mes filles aient toujours un contact avec leur père. -F.Bollaert: Mais quand vos filles allaient chez votre ex-conjoint, elles voyaient bien qu’il y avait leur demi-soeur? -Caroline: Au début, non. Ils ne dormaient pas ensemble. Ils se rejoignaient probablement dans la nuit.

Mais il faisait comme à l’époque de maman: il dormait dans le canapé et ma fille dans une chambre. -C.Albaret: C’était leur beau-père et la grande soeur qui étaient chez le papa. -F.Bollaert: Elles se sont posé  des questions? -Caroline: Quelques mois après, la vérité a été dite. Ma toute dernière est venue me voir et m’a dit: “J’ai quelque chose à te dire mais j’ai peur que tu aies mal au coeur, que tu te mettes en colère.” “Tu peux tout me dire.

” Elle se met à pleurer, me prend dans les bras et me dit: “Maman, j’ai vu papa et ma grande soeur dormir ensemble.” Du coup, j’ai compris qu’elle avait compris. Toute la vérité a été dite là. -F.Bollaert: Vous avez dit quoi à votre fille? -Caroline: Que j’étais au courant. -F.

Bollaert: Elle était dans quel état, elle? -Caroline: Elle pleurait. -F.Bollaert: C’est terrible. -Caroline: Du coup, je lui dis… -F.Bollaert: Elle avait 10 ans. -Caroline: Non, 8 ans. -C.Albaret: Très compliqué. Ce sont des conséquences graves aussi pour les petites. On est dans un climat presque un peu… D

ans la tête d’un enfant, on ne dit pas: “C’est mon papa biologique…” Il y a un climat un peu incestueux dans cette configuration. J’ai besoin de le poser. -F.Bollaert: C’est ce qui nous met très mal à l’aise. -C.Albaret: Dans votre position, les moments où vous n’avez pas parlé… Le choc et la sidération font qu’on ne peut pas forcément parler. Ensuite, je pense que vous saviez que si ce n’était pas votre fille, vous seriez peut-être allée confronter votre ex-conjoint, mais là, il y a la loyauté  de sa propre fille.

“Je vais me battre contre ma chair.” Devant ça, vous êtes dans une impuissance. Ce qui vous reste comme moyen, c’est la sidération, de ne plus bouger. Un immobilisme se met en place. Par contre, il y a un minimum d’estime de vous qui est de se dire: “Je ne vais pas prendre la responsabilité que ce soit moi qui annonce ça aux petites.

” C’est venu d’elle parce qu’elle l’a constaté. Il y a un vrai manque de lucidité  de l’autre côté sur la situation d’une famille. Au-delà des sentiments. -Caroline: Ils auraient dû le dire tout de suite. -F.Bollaert: Vous avez eu une explication, tous les 3? -Caroline: Jamais. Ils m’ont occultée de leur vie.

-F.Bollaert: C’était il y a combien de temps? -Caroline: 4 ans. -F.Bollaert: Depuis 4 ans… Ils sont toujours ensemble? -Caroline: Oui. Ils ont un enfant ensemble, aussi. Ils ont eu un enfant ensemble. Ca a encore été un choc. Je ne m’attendais pas… On ne m’a pas prévenue. -F.

Bollaert: C’était la 1re fois que vous étiez grand-mère? -Caroline: Non. Je ne peux pas me dire que je suis grand-mère de cet enfant. J’étais tellement à bout que j’en ai fait des bêtises. -F.Bollaert: Comment ça? -Caroline: J’ai fait 2 tentatives de suicide. Je ne suis pas fière de moi, mais… J’ai fait 2 semaines de coma. Je n’ai pas vu mes filles pendant 1 mois et demi.

On m’a conseillé de changer ma vie. Du coup, je suis partie. J’ai pris quelques cartons, mes filles et je suis partie de mon village pour recommencer ma vie ailleurs, à plusieurs dizaines de kilomètres d’eux. -F.Bollaert: Vos 2 filles sont toujours avec vous? -Caroline: Quand je suis partie pour refaire ma vie: nouveau travail, nouveau logement…

On m’a dit, après mon coma… J’ai été suivie. On m’a dit que la meilleure solution était de partir. J’ai trouvé ça un peu injuste. Pourquoi c’est moi qui devrais partir? En même temps, ça m’a soulagée de ne pas pouvoir les croiser. On n’habitait pas très loin. J’ai voulu tout recommencer: nouveau travail, nouvel appartement, mes filles pendant un an avec moi.

La dernière n’a pas adhéré  au changement du déménagement, de la nouvelle vie. A l’école, elle se faisait harceler. Elle n’était pas bien dans sa peau. Elle m’a demandé de partir vivre chez son père. -F.Bollaert: Avec votre fille. -Caroline: Oui. Elle est partie vivre chez son père.