Le monde artistique, tant en France qu’en Algérie, est plongé dans une profonde tristesse. Biyouna, connue également sous le nom de Baya Bouzar, s’est éteinte le mardi 25 novembre 2023, après une longue et courageuse lutte contre la maladie, à l’âge de 73 ans. La nouvelle, confirmée en exclusivité par Public.fr, a bouleversé des milliers d’admirateurs, laissant un vide immense dans le cœur de ses fans et de ses collègues. L’Algérie entière pleure cette disparition d’une artiste qui avait su incarner la modernité, la liberté et l’esprit rebelle à travers son art. C’est à l’hôpital Benny Missous d’Alger, vers 10 heures du matin, que Biyouna a rendu son dernier souffle, seule, loin des projecteurs et du tumulte médiatique, dans le silence absolu d’une chambre où la vie et l’art se sont séparés en un instant.

Biyouna s’était tenue loin des plateaux depuis plusieurs années, tentant de préserver son intimité tout en continuant de partager des moments précieux avec son public par le biais des réseaux sociaux. Sa dernière apparition publique remonte au 21 février 2025, dans une courte vidéo TikTok, où elle adressait ses vœux pour le Ramadan. Ce geste simple, mais chargé d’émotion, avait profondément touché ses fans. Les commentaires affluaient : “C’est vraiment elle ? Elle a changé… J’adore Biyouna, que Dieu la protège”, “Je n’arrive pas à croire qu’elle ait autant vieilli.” Ces messages traduisent non seulement l’affection du public, mais également l’importance culturelle et émotionnelle qu’elle représentait pour plusieurs générations d’Algériens et de Français.

La carrière de Biyouna fut monumentale, traversant cinéma, télévision et humour avec une aisance remarquable. Sa première apparition au cinéma date de 1978 dans Leïla et les autres, réalisé par Sidali, où elle incarnait une simple ouvrière. Personne à l’époque n’aurait pu imaginer qu’elle deviendrait une figure culte, capable de transformer chaque rôle en véritable événement. Elle s’est ensuite illustrée dans des productions telles que Il reste du jambon en 2010, Les Trois Frères : Le Retour en 2014, Neïla sa mère, sa mère en 2018 et surtout dans Le Flic de Belleville la même année, où elle incarnait la mère d’Omar Sy. Ces rôles, marqués par la profondeur de son jeu et son charisme naturel, ont été salués autant par le public que par la critique, consolidant son statut d’icône du cinéma algérien et français. Son dernier projet cinématographique, On va manquer, court-métrage réalisé par Sabrina Wasani en 2018, témoigne de son engagement constant et de sa passion pour le jeu d’acteur, même dans des formats plus intimistes.

À la télévision, Biyouna a laissé une empreinte indélébile. Elle a participé à une trentaine de séries et téléfilms, chacun révélant sa capacité à incarner des personnages variés, toujours avec sincérité et humanité. Parmi ses contributions marquantes, on peut citer Aïa (2011-2012) de Yamina Benguigui, Les Bracelets rouges sur TF1 en 2020, et la série algérienne Darl Chaouch en 2023, où elle jouait le rôle d’une psychologue, son dernier rôle à l’écran avant que la maladie ne l’éloigne définitivement des caméras. Cette carrière riche et polyvalente fait de Biyouna une figure incontournable, dont la présence à l’écran marquait autant par le talent que par l’authenticité.

Biyouna laisse derrière elle un héritage colossal. Mère de quatre enfants, elle a su conjuguer vie personnelle et carrière avec une force remarquable. Comédienne, humoriste, chanteuse, et véritable icône populaire, elle a marqué plusieurs générations en Algérie comme en France. Son tempérament affirmé, son franc-parler, son humour piquant et sa sensibilité touchante en ont fait une personnalité aimée et respectée. Même dans les rôles les plus sérieux, elle savait insuffler une énergie singulière qui captait immédiatement l’attention, rendant chaque personnage vivant et mémorable.

La fin de sa vie a été empreinte de courage et de dignité. Consciente de sa santé déclinante, elle a choisi de se retirer progressivement du monde médiatique, protégeant sa vie privée et s’assurant que son départ se fasse avec le même contrôle et la même dignité qui avaient caractérisé son parcours artistique. Elle a préféré une disparition discrète, sans cérémonies publiques, refusant la médiatisation excessive et souhaitant que l’on se souvienne d’elle pour ses œuvres et sa personnalité, et non pour le spectacle entourant sa mort.

Les hommages, pourtant, ont afflué spontanément après sa disparition. Omar Sy, Leïla Bekhti, Ramzy et de nombreux artistes ont exprimé leur admiration et leur émotion, témoignant de l’impact profond qu’elle avait eu sur le monde artistique. Sur les réseaux sociaux, des vidéos de ses performances et des extraits de ses rôles ont été partagés, rappelant à tous la force de son talent et l’empreinte durable qu’elle laisse dans le cœur de ses admirateurs.

Au-delà de sa carrière, Biyouna restera une légende vivante par sa capacité à incarner la liberté et à représenter une voix singulière, celle d’une femme qui n’a jamais cédé à la facilité ni à la conformité. Son départ laisse un vide immense, mais il révèle aussi la portée de sa vie et de son œuvre. Une étoile s’éteint, mais la mémoire de Biyouna, l’inimitable, continue de briller dans le souvenir de ceux qui l’ont aimée, respectée et admirée. Sa vie fut un témoignage de force, d’humour et d’humanité, et son héritage perdurera à jamais dans le monde artistique et au-delà.

Repose en paix, Biyouna. Ton rire, ton courage et ton art continueront de résonner dans les cœurs et les mémoires de tous ceux que tu as touchés.