LES SŒURS BAGARREUSES DE KISANGA

Dans le paisible village de Kizanga, entouré d’eau palmiers et de terre rouge, vivaient deux sœurs que tout opposaient. Elle s’appelaient Maïa et Noni. Depuis qu’elles avaient appris à parler, elle se disputait. Depuis qu’elle savait marcher, elle se battait. Personne au village ne comprenait pourquoi elle se querellait sans arrêt.

Pourtant, elles étaient toutes les deux magnifiques. Ce n’était donc pas une question de beauté et ce n’était pas non plus à cause d’un homme. Elles n’avaient personne dans leur vie. Elles étaient les filles du chef du village, chef lomé, un homme bon, toujours souriant, avec une voix grave et rassurante.

Il les aimait autant l’une que l’autre. Mais malgré tous ses efforts, rien ne changeait. Quand il leur achetait les mêmes habits, elle les déchirait. Il leur servait le même repas, mais aucune ne mangeait si l’autre était dans la pièce. Il a supplié, crié, même consulter les anciens au sanctuaire des ancêtres pour établir la paix.

Mais la haine persistait. Maisha, l’aînée, était grande, et lancée, avec une allure calme, mais ses paroles claquaient comme le sifflement d’un serpent. Noni, la cadette, était plus petite, toujours pleine d’énergie. Dans ses yeux brûlaient quelque chose que personne ne pouvait expliquer. Même leur mère, Mamita, avait fini par baisser les bras.

Elles sont maudites, murmurait certains. Peut-être qu’elles ne sont même pas de la même mère, disaient d’autres. Mais chef Lomé savait qu’elles étaient bien nées du même ventre à 2 ans d’intervalle. Il se souvenait les avoir vu bébés dormant dans les bras l’une de l’autre. Ils se souvenaient d’un jour lointain où elles avaient ri ensemble.

Puis quelque chose avait changé, quelque chose dont personne ne parlait. Les jours passaient, les semaines aussi, mais la paix refusait d’entrer dans la maison de chef Lomé. Maisha et Denis se détestaient comme le feu et l’huile. Elle ne pouvait pas rester dans la même pièce plus d’une minute sans se disputer, crier ou balancer un objet.

Si Maïa était à la cuisine, refusait de manger. Si l’une allait puis de l’eau à la rivière, l’autre allait au puit. Les jeunes filles du village ne cessaient de chuchoter entre elles. Pourquoi des sœurs peuvent-elles se battre autant ? C’est sûrement à cause d’un homme, répondait l’une. Mais en vérité, personne ne savait pourquoi ce conflit durait.

Si l’une riait, l’autre faisait la tête. Si l’une réussissait quelque chose, l’autre bouillonnait de jalousie en silence. Elles étaient comme deux miroirs incapables de se refléter. Elles se sont même battues sur la place du marché sans raison apparente. Mam Tika, une voisine âgée, passait par là et a essayé de comprendre ce qui se passait, mais les deux filles l’ont ignoré.

Une autre vieille femme du marché a juste ossé les épaules en soupirant. Laissez-les donc s’entretuer. Les disputes continuaient chaque jour pour des raisons qu’elle seul semblait connaître. Un soir, chef Lomé les réunit encore une fois sous le grand manguier de la cour. La lune venait à peine de se lever et les oiseaux commençai à chanter.

“Mes filles, dit-il, faut-il que je meure pour que vous trouviez enfin la paix ?” Maïcha croisa les bras. Donie leva les yeux au ciel. “Je suis fatigué. Votre mère est fatiguée, même la maison gémie la nuit à cause de vos disputes. Mais les deux sœurs restèrent silencieuse. Ce silence, lourd et tendu, était encore plus dur que leur cri.

Ce soir-là, tout le monde alla se coucher sans un mot. Le père, la mère et même la maison semblaient abattue, usé par cette tension. Quelques jours plus tard, une vieille femme nommée Mémé Akaya, qui vivait à la lisière de la forêt débarqua dans leur cours avec un message étrange. Je les ai vu en rêve.

Les esprits ne sont pas contents. L’une des sœurs cache quelque chose, l’autre la couvre. Chef Lomé secouait la tête perdu. Mais elles étaient encore des enfants quand tout a commencé. Que pourrait-elle bien se cacher ? La vieille femme sourit, laissant apparaître ses dents jaunes comme du maïs séché. Elles le savent très bien.

Soudain, un coup de tonner gronda dans le ciel. Le vent se leva violemment, secouant les arbres. Un oiseau vola et laissa tomber une plume noire juste entre les deux sœurs qui étaient également présentes. Maisha regarda la plume. Noni la fixa à son tour et pour la première fois depuis des années, elles prononcèrent les mêmes mots en même temps.

Tu t’en souviens, n’est-ce pas ? Le vent souffla plus fort, soulevant la poussière tout autour de la cour. Les arbres semblaient gémir comme s’ils portaient des secrets trop lourds. Les oiseaux volaient en rond, perdus. Agité. Chef Lomé, debout à côté de ses filles, les observait sans comprendre. “Vous vous souvenez de quoi ?” demanda-t-il.

Mais Maïcha détourna le regard. Denis, elle serra les points et s’éloigna sans rien dire. Cette nuit-là, le ciel se déchana. Le tonner éclata comme un fouet et la pluie se mit à tomber violemment comme si le ciel lui-même était en colère. Dans leurs chambres séparées, les bougies vacillaient, les ombres dans les murs et dans l’obscurité, les deux sœurs murmurèrent les mêmes mots sans le savoir.

Elle ne révélera jamais la vérité. Au petit matin, tout le village était en moi. Une chèvre avait été retrouvée attachée à l’envers sur la place du village. Les yeux grands ouverts, le corps glacé. Personne ne savait d’où elle venait. Juste à côté, un petit pot en argile était brisé en deux. Rempli de cendre. Le doyen du village, grand-père étau, parla d’une voix tremblante. C’est un signe.

Je pense que nos ancêtres veulent nous dire quelque chose. Le même jour, chef Lomé convoqua toute la famille dans la cour. Il avait invité la voyante du village, Mama Adora, une femme aveugle qui voyait pourtant mieux que quiconque. Elle arriva en silence, marchant avec son bâton sculpté de symboles anciens.

Ses yeux étaient couverts d’un tissu rouge, mais sans hésiter, elle s’arrêta droit devant Maïa et Endoni. Elle leva le visage vers le ciel et murmura. Elles porte le même sang, mais leurs esprits se déchirent. La terre sous leurs pieds se fissur un jour, bientôt ce qui est enfoui remontera. Maïcha sentit ses lèvres trembler.

Donie, elle détourna la tête. Chef Lomé demanda : “Que devons-nous faire ? Mama Adora ne répondit pas. Elle sortit une petite pierre qu’elle laissa tomber entre les deux filles. Elle était noire, lisse, mais une fine ligne rouge la traversait comme une fissure. Quand cette pierre se brisera, la vérité éclatera. Qu’elle le veuille ou non.

Puis elle repartit sans un mot. Cette nuit-là, Maicha fit un rêve étrange. Elle était dans une forêt sombre. Les arbres murmuraient son nom. Elle vit une petite cabane sans porte avec seulement de la fumée qui s’échappait du toit. À l’intérieur, elle entendait des pleurs d’un bébé mais ne voyait personne.

Le lendemain matin, se réveilla en hurlant. Ses mains étaient couvertes de terre, ses ongles étaient remplis debout. Pourtant, sa fenêtre était fermée et sa porte verrouillée de l’intérieur. “Qu’est-ce qui m’arrive ?” murmura-telle tremblante. Elle murmura ses mots en fixant son reflet dans le miroir. Ce même matin-là, alors que le village se préparait pour la fête de Lignam, les deux sœurs se disputèrent encore.

Ndoni avait cueilli des fleurs pour décorer l’hôtel familial. Maisha, sans dire un mot, les retira et les jeta par terre. Dony cria : “Pourquoi tu me détestes autant ?” Maïa siffla entre ses dents. C’est toi qui a commencé. Elles se sont alors jetées l’une sur l’autre, s’arrachant les cheveux, tirant sur leurs vêtements.

Les villageois accoururent, secouant la tête, choqué par la scène. Chef Lomé sortit en courant, la voix brisée. Ça suffit. Le cœur battant comme un tambour, il se plaça entre elles. Vous allez finir par vous détruire toutes les deux si ça continue comme ça. Mamaita était restée dans l’encadrement de la porte. Le visage lit vide.

Il faut les emmener chez le pasteur ou au sanctuaire ou n’importe où. Ce n’est plus normal ce qui se passe là. Mais ni l’église ni le sanctuaire n’ont pu freiner ce qui était en train de grandir entre elles. Cette nuit-là, alors que la pluie tombait doucement sur le toit en tôle, chef Lomé restait seul, assis, les yeux rivés sur la petite pierre noire que Mama Adora avait laissée.

Elle était toujours là, intacte. Il la prit dans ses mains et murmura comme un homme qui n’a plus d’espoir. Quelle que soit cette chose, quelle que soit cette malédiction qui ronge mes filles, je veux que ça s’arrête. Au même moment, un éclair déchira le ciel et un cri retentit depuis la chambre de Maïcha. Denis surgit aussi en criant : “Elle a voulu me poignarder.

” Elle la suivait, altante, un éclat de miroir brisé à la main, les yeux fous, etcillés. Chef Lomé tomba à genoux. “Mes filles, arrêtez ! Vous allez détruire cette maison !” Le lendemain matin, un symbole étrange était apparu sur la porte d’entrée de la cour. Trois points rouges formant un triangle.

Personne ne savait ce que ça voulait dire. Personne n’osa les toucher. Et la pierre noire, elle avait commencé à se fissurer. Jour après jour, la marque sur la porte devenait plus sombre, comme si elle se nourrissait de la tension qui régnait dans la maison. Chef Lomé, lui n’était plus le chef fort et respecté que le village avait toujours connu.

Il avait l’air éteint, les yeux constamment fatigué, la voix faible comme un souffle emporté par le vent. Quant aux sœurs, leur reine s’aggravait encore. Elle se disputait même sur la place du village pendant les réunions. Les enfants les surnommaient l’essence et le feu. Mais la pierre racontait sa propre histoire.

Chaque jour, une nouvelle fissure apparaissait. Jusqu’à ce soir-là, sous une nuit pleine lune, elle éclata d’un coup sec. Personne ne l’avait touché, personne ne l’avait vu tomber, mais le bruit raisonna dans toute la maison comme un coup de tonner. Cette nuit-là, Mama Adora revint au village. Elle se tint debout au milieu de la cour, le tissu rouge toujours noué sur les yeux.

Elle frappa trois fois le sol avec son bâton. “Le moment est venu”, dit Mama Adora. Chef Lomé rassembla une nouvelle fois ses filles sous le grand manguier. Mais cette fois, les villageois vinrent aussi sans y être invité, curieux et inquiet, l’air était lourd. La lumière de la lune frappait fort.

Le silence, lui pesait comme une pierre. Mama adora leva la tête vers le ciel. Aucun esprit ne parle tant que le silence n’est pas total. Mais ici, dans cette maison, les esprits hurlent depuis des années. Elle se tourna lentement. Maïcha ouvrit la bouche puis la referma. Ses lèvres tremblaient, ses yeux s’étaient remplis de larmes.

“Je je ne voulais pas”, murmura-t-elle. “Je n’ai jamais voulu que ça arrive.” Don Carquilla les yeux, donc c’est moi qui voulais que ça arrive. Je n’ai jamais dit ça ! Cria Maïchandie fit un pas en avant, le regard en feu. Tu as tout mis sur mon dos alors qu’on était tous les deux coupables. Et d’un coup, la vérité sortit comme une calebasse brisée. Maisha prit la parole.

Des années plus tôt, j’avais 10 ans et en avait h un événement terrible s’était produit. Maman venait d’accoucher d’un petit garçon. Pour la première fois, notre père souriait différemment. Il chantait, il dansait, il appelait le bébé mon souffle, mon héritier. Un après-midi, pendant que maman lavait le bébé dans le jardin, elle s’est levée pour aller récupérer quelque chose.

Donie et moi, nous nous sommes disputés à propos d’un collier. Un simple bijou en plastique bleu sans grande valeur. Mais nous le voulions toutes les deux. La dispute est montée. Le bébé s’est mis à pleurer et dans un moment de colère, je l’ai poussé violemment. Donie a perdu l’équilibre et a basculé en arrière.

Elle a heurté la bassine dans laquelle maman avait posé le bébé un instant. Le bébé est tombé, a heurté le sol. Il a cessé de pleurer. Quand maman est revenue, le petit était mort. Personne n’a compris ce qui s’était passé. Par peur, j’ai menti. J’ai dit que c’était une c’était elle qui l’avait fait tomber.

À partir de ce jour-là, maman n’a plus jamais regardé de la même manière. Elle a cessé de lui tresser les cheveux. Elle ne lui chantait plus de berceuse. Même papa s’est éloigné d’elle pendant un temps. Dony, elle n’a jamais parlé. Elle pensait qu’en se taisant, les choses redeviendraient normales. Mais rien n’est redevenu comme avant.

Depuis ce jour-là, la haine est née et elle a grandi et elle a brûlé comme une plie cachée sous du tissu. Chef Lomé s’effondra au sol. Il regardait ses filles brisées. Il avait effectivement perdu un fils, mais cela faisait longtemps qu’il a fait son deuil et pardonné Anney et Maicha pour leur imprudence.

Elles étaient très jeunes à l’époque et après tout c’était ses propres filles. Ils en avaient parlé avec Mam Sita et ils sont passés à autre chose. Mais apparemment ce drame qu’ils ont vécu continuait de hanter leur fille. Maisha pleurait à présent. J’étais une enfant. J’ai accusé Denis parce qu’elle était la plus jeune. Papa et maman la chouchoutaient beaucoup plus que moi à l’époque.

Je me suis dit qu’elle allait s’en sortir. Mais la vérité c’est que je suis également responsable de la mort de notre petit frère. Denis détourna le regard, les larmes coulant sur ses joues. J’ai porté ce fardeau toute seule parce que personne ne m’a écouté. Le silence retomba. Même le vent s’était arrêté. Alors Mama adora leva son bâton et frappa le sol d’un coup sec.

L’âme de votre petit frère peut enfin reposer en paix et croyez-moi, il ne vous en veut pas. Tous ces signes que vous avez eu ces derniers temps, c’était justement pour que vous fassiez la paix, car son âme était meurtri de voir ses deux sœurs se déchirer ainsi. Maintenant, pardonnez-vous et guérissez des blessures du passé.

Cette nuit-là, la marque rouge sur la porte disparut. Les ombres dans la maison s’évanouirent et pour la première fois depuis des années, Maicha et Donie s’assirent sous le même toit. Sans un mot, cela prendrait du temps. Les blessures ne guérissent pas en une nuit. Mais au cœur de Kizanga, quelque chose avait changé.

Les sœurs ennemies n’étaient plus ennemies. Elles étaient simplement des sœurs qui veulent réparer leur relation autrefois brisée. Merci d’avoir regardé. Si vous avez aimé ce récit, laissez un pouce bleu pour soutenir la chaîne. N’oubliez pas de vous abonner et d’activer la cloche pour ne pas manquer les prochaines histoires.

Ah. [Musique]