Laurent Baffie en deuil : le cœur brisé par la disparition de Thierry Ardisson, son ami, son frère, son repère

C’est avec une douleur immense, à peine dissimulée sous les mots, que Laurent Baffie a réagi à la disparition de Thierry Ardisson. L’humoriste, connu pour sa verve tranchante et son franc-parler, s’est montré profondément bouleversé lors d’un entretien accordé au Parisien.

Il n’a pas cherché à cacher sa peine, bien au contraire : il l’a exposée à nu, avec une sincérité rare. Pour lui, la mort d’Ardisson n’est pas seulement celle d’un collègue ou d’un compagnon de route télévisuelle. C’est une déchirure intime, un effondrement intérieur. « Ce n’est pas une page qui se tourne, c’est un mur porteur qui s’effondre », confie-t-il, la voix encore tremblante.

Car entre Baffie et Ardisson, l’histoire n’était pas banale. C’était celle d’une rencontre marquante dans les années 90, de deux esprits libres, de deux provocateurs assumés qui ont révolutionné ensemble l’audiovisuel français.

À travers Tout le monde en parle, émission culte qui a marqué toute une génération, les deux hommes ont imposé un ton nouveau : irrévérencieux, sans filtre, profondément humain. Ardisson en maître de cérémonie élégant et incisif, Baffie en « sniper » du PAF, surgissant pour décocher ses flèches acérées. Une alchimie rare, que le public n’a jamais oubliée.

Mais derrière les caméras, c’était surtout une amitié forte, profonde, fidèle. Une amitié qui allait bien au-delà des plateaux, qui se poursuivait dans l’intimité, les confidences, les rires et parfois les silences. Thierry Ardisson était pour Baffie bien plus qu’un mentor. Il était un guide, un grand frère, un homme qui l’a poussé, soutenu, mis en lumière. « Il m’a changé la vie », dit-il aujourd’hui, les yeux embués. Et l’on sent que ce n’est pas une formule, mais une vérité intime.

Dans ses derniers instants, Baffie était là. Présent jusqu’au bout, fidèle comme toujours. Il raconte un samedi après-midi bouleversant, baigné de douceur et d’émotion, où Ardisson, entouré de sa femme Audrey Crespo-Mara et de ses enfants, s’est doucement éteint au son des Beatles.

« C’était comme une prière d’adieu », murmure-t-il. Une image d’une puissance infinie, celle d’un homme qui part entouré de ceux qu’il aime, dans la musique, dans l’apaisement, dans la dignité.

Laurent Baffie n’a pas tari d’éloges envers Audrey Crespo-Mara, qu’il décrit comme « incroyable », une femme admirable dans cette épreuve, forte et aimante. Il a aussi évoqué les enfants d’Ardisson, tous rassemblés, dignes, unis. Ce moment de partage, dans la douleur, mais aussi dans l’amour, l’a profondément marqué.

« C’était christique », lâche-t-il, comme pour souligner la dimension presque sacrée de cet au revoir. On le sent encore sous le choc, pris dans cette sidération que provoque toujours la perte soudaine de ceux qu’on aime le plus.

Thierry Ardisson, c’était aussi une figure majeure de la télévision. Un homme qui a su imposer une voix singulière, une audace, une esthétique. Producteur, animateur, créateur de formats novateurs, il a laissé une empreinte indélébile. Mais pour Baffie, cette grandeur publique était indissociable d’une dimension beaucoup plus personnelle.

C’est un homme libre qu’il pleure. Un homme entier, fidèle à lui-même, provocateur certes, mais toujours sincère. Un artisan passionné, amoureux du verbe et du silence, du fond autant que de la forme.

La télévision française vient de perdre l’un de ses plus grands esprits, souligne Baffie. Et en filigrane, c’est toute une époque qui s’éteint. Celle où la télé n’avait pas peur de heurter, de questionner, de déranger. Une télé qui faisait réfléchir, rire, parfois grincer des dents, mais qui ne laissait jamais indifférent. Ardisson en était l’un des piliers. Sa disparition laisse un vide immense, que personne ne saura vraiment combler.

Pour Laurent Baffie, l’absence est déjà insupportable. Il confie ne pas savoir comment continuer sans celui qui, pendant tant d’années, a été son binôme, son alter ego. Mais dans le même souffle, il promet de faire vivre sa mémoire, de continuer à parler de lui, à raconter, à transmettre. Car Thierry Ardisson, au-delà de la mort, demeure vivant dans les souvenirs, dans les anecdotes, dans les rires partagés.

Ce deuil, c’est aussi celui de toute une génération de téléspectateurs, pour qui Ardisson incarnait une liberté de ton aujourd’hui trop rare. Ils sont nombreux, anonymes ou célèbres, à avoir exprimé leur tristesse, leur gratitude, leur émotion. Des artistes, des journalistes, des politiques, tous saluent l’homme de télévision mais surtout l’homme tout court : brillant, exigeant, élégant, profondément humain.

Dans cette période de deuil, les mots de Laurent Baffie résonnent avec une force particulière. Ils disent l’amour, l’admiration, la peine. Ils disent aussi la beauté des liens durables, de ces amitiés rares qui défient le temps et la vie. Ils rappellent que derrière les figures publiques se cachent des hommes, avec leurs blessures, leurs grandeurs, leurs émotions.

Et c’est peut-être là, dans cette émotion crue, dans cette vérité nue, que se trouve le plus bel hommage que Laurent Baffie pouvait rendre à son ami disparu. Un hommage d’une infinie tendresse, d’une humanité bouleversante, comme une main tendue dans le noir, pour dire : « Tu me manques déjà, mon frère. Et je ne t’oublierai jamais. »