Nolwenn Leroy — Extraits d’interview

“La musique, c’est toute ma vie. Depuis toujours.”

J’étais en fac de droit, à côté… au cas où ça ne marche pas. J’habitais en province, et financièrement, c’est vrai que je ne pouvais pas me permettre. J’avais besoin d’un plan B. Je ne pouvais pas vivre à Paris, je ne pouvais pas me payer les allers-retours en train, même si je travaillais le week-end pour me payer mes cours au conservatoire.

C'est un super vocaliste" : ce candidat de la "Star Academy" qui a tapé  dans l'œil de Nolwenn Leroy : Femme Actuelle Le MAG

Je faisais caissière le week-end, et l’été j’étais à la boulangerie. Mais la musique, ça a toujours été là. Je suis entrée très tôt au conservatoire, j’ai appris le violon, le piano… Le chant aussi. Ce n’est pas la télé qui m’a rendue chanteuse.

“On a cru que c’était la télé qui m’avait faite chanteuse…”

La Star Academy m’a propulsée, certes. Mais je sortais du conservatoire, j’avais une formation classique. Être jetée soudain dans un monde très médiatisé, c’était violent. On m’a un peu brûlé les ailes. C’est ce qui m’a rendue méfiante, plus discrète.

“Quand vous disparaissez, vous disparaissez vraiment…”

Oui, je disparais vraiment. Je crois que les gens en Bretagne, on est un peu taiseux. Ce n’est pas de la timidité. Je n’aime juste pas parler pour ne rien dire. Ce n’est pas mon époque. Si être de son époque, c’est se filmer, se photographier minute par minute… Non. Moi, c’est la scène qui m’importe. Le reste, je m’en protège.

“On m’a dit que je m’enterravais, que c’était fini.”

Quand j’ai voulu réveiller les chants bretons, tout le monde m’a dit : « Mais où elle va ? » On m’a dit que c’était bon, que je m’enterrais, que j’allais devenir la chanteuse provinciale oubliée. Mais j’ai persisté. Parce que c’était moi, profondément. Et finalement, cet album breton a été un immense succès. Plus d’un million d’exemplaires vendus.

C’est un moment rare dans une carrière : le public m’a portée. Les médias sont venus après. Ce jour-là, on ne m’a pas dit ce que je devais écouter ou aimer. Ce sont les gens qui ont décidé.

“Chanter lors de l’hommage national, c’est inconcevable.”

Quand j’ai chanté « Quand on n’a que l’amour » lors de l’hommage aux victimes du 13 novembre, je ne peux pas décrire ce que j’ai ressenti. On ne peut pas imaginer vivre ça un jour. Il n’y a pas de mots face à l’horreur. Alors, chanter, c’était comme une prière intérieure. On n’était pas là en tant qu’artistes. C’était juste nos voix, pour tenter d’apaiser la douleur.

Nolwenn Leroy : sa vie après avoir gagné la Star Academy

“La rencontre avec l’Abbé Pierre a changé ma vie.”

Le moment où il a pris mes mains dans les siennes, son regard, sa manière de s’adresser à l’autre… c’était bouleversant. On se sentait seul au monde, et en même temps investi d’une mission.

Cette rencontre m’a marquée à jamais. Elle a fait de la question du mal-logement une de mes causes essentielles. J’ai aussi vécu, enfant, des moments très durs. Quand mes parents ont divorcé, on a quitté la Bretagne. Si ma grand-mère n’avait pas été là, on aurait pu se retrouver en grande précarité.