Obsèques de Bébert : la musique et les larmes de la famille et des amis ont coulé

 

J’ai fait un travail sur moi mais je pense que c’est dû un petit peu à la séparation que j’ai eu avec ma femme dans mon couple. Ça a mis un petit Comment un homme qui faisait danser la France entière peut-il aujourd’hui rassembler ses proches autour d’un silence brisé par les larmes et un dernier voyage loin de son propre pays ? Depuis sa disparition, une question poignante plane.

 Pourquoi Béber, l’âme des forbands, repose-t-il si loin en terre d’Israël auprès de sa mère ? Michel Papin, son ami de toujours, a levé le voile sur ses obsèques aussi intimes que symboliques. Merci d’être ici. Prenez une seconde. Dans un instant, nous allons revivre ensemble ce dernier hommage fait de musique, d’amour et de chagrin. Obseè de Béber.

 La musique et les larmes de la famille et des amis ont coulé. Mais une question lourde et pleine d’émotion demeure. Comment expliquer que l’ultime maison de Béber ne soit pas en France ? le pays qui l’a vu naître artistiquement mais en Israël auprès de sa mère disparue depuis tant d’années. Pourquoi ce choix bouleversant et inattendu qui semble révéler une part de lui que beaucoup ignoraient encore ? Pour comprendre, il faut suivre ce dernier voyage, celui qui mène ses proches du chagrin à l’apaisement et qui dévoile en filigrane

une vérité plus intime, presque sacrée. Lorsque Béber s’éteint à l’âge de 63 ans, terrassé par un cancer qu’il avait affronté en silence, un vide brutal s’abat sur ceux qu’il aimait. ses amis, ses enfants, les musiciens des Forbanes, tous se retrouvent soudain devant l’inimaginable. La disparition de cet homme solaire, généreux, protecteur, qui avait passé sa vie à offrir de la joie.

 Les hommages affluent, les messages se multiplient, les témoignages se succèdent. Mais derrière la façade publique du deuil, une douleur plus profonde se dessine. La famille doit affronter dans le silence et l’urgence la question du lieu où il reposera. C’est alors que Michel Papin, son ami de toujours, révèle ce que Béber n’avait jamais dit publiquement.

L’artiste souhaitait être enterré en Israël auprès de sa mère. Une décision prise depuis longtemps, conservée dans l’ombre, presque confidentiel, comme un secret familial que seule la mort pouvait désormais éclairer. Personne ou presque ne savait combien la perte de sa mère l’avait marqué.

 Pour lui, retourner près d’elle n’était pas un choix géographique. C’était un geste d’amour. Un retour aux origines, un lien que même la maladie n’avait pas réussi à briser. Le jour du départ, l’ambiance est lourde. Sur le Tarmac, alors que le cercueil de Béber est placé dans l’avion, le silence est presque total. Astrid, sa femme, serrent contre elle une photo, une de celles qu’ils avaient été prises ensemble à Mency le jour de leur mariage. Ses mains tremblent.

 Les musiciens sont là, immobiles, le regard perdu. Michel Papin garde la tête baissée comme s’il portait non seulement le poids de son ami mais celui de 40 ans d’amitié, d’aventure, de tourné, de souvenirs impossible sa résumé en quelques mots. Dans l’avion, certains pleurent en silence, d’autres échangent des souvenirs.

 On murmure des anecdotes, on rit parfois doucement comme pour retenir un peu de lumière au milieu du chagrin. Ce mélange étrange de larmes et de sourire typique des funérailles de ceux qu’on a aimé profondément crée une atmosphère suspendue, émouvante, presque irréel. En Israël, là où la mer de Béber repose depuis plusieurs années, les préparatifs pour l’inumation sont délicatement orchestrés.

 Le lieu, simple, entouré d’arbres, baigné d’une lumière douce, semble avoir été choisi pour offrir à Béber un dernier horizon paisible. Ceux qui arrivent dans depuis la France sont frappés par cette sérénité inattendue. Certains avouent à même ressentir une impression étrange. Comme si ce lieu, pourtant étranger à la carrière de Béber, avait toujours attendu son retour.

 Lorsque le cercueil est porté vers la tombe familiale, une émotion brute traverse l’assemblée. Les mains tremblent, les voix s’éraillent, les regards se baissent. On entend le vent froler les feuilles, le murmure des prières et soudain une mélodie. Une douce mélodie, la guitare de Michel. Il joue seul.

 Quelques notes pour dire l’indicible, quelques notes pour accompagner son ami, quelques notes pour transformer la douleur en hommage. Les proches disent Golzastos que ce moment fut l’un des plus bouleversants de toute la cérémonie. Car la musique, celle qui avait porté Béber toute sa vie, venait maintenant l’accompagner dans la mort.

Et dans cette musique, il y avait tout. La joie passée, la souffrance cachée, les années de tournée, les nuits de scène, les éclasses de rire, les promesses échangées, les secret que seul un groupe sait partagé. Puis vient l’instant où Astrid s’avance. Les larmes coulent, silencieuses, inarrêtables. Elle pose une rose sur le cercueil et murmure quelque chose que personne n’entend vraiment.

 Un adieu, sans doute, une promesse peut-être, une déchirure sûrement. Son visage était marqué par la fatigue, par l’amour, par la douleur immense d’une femme qui a perdu son mari, son compagnon, son rock. À côté d’elle, Kevin et Georgia baissquent la tête. Ils perdent un père, mais aussi un guide, un repère, un phare.

 Et c’est là, dans ce moment de déchirement qu’une vérité se révèle. Malgré son sourire public, malgré sa force, malgré son énergie, Béber a souffert longtemps en silence. Une souffrance que les proches n’avaient pas mesuré. Une souffrance qu’il avait caché pour protéger ceux qu’il aimaient. Une souffrance qui aujourd’hui éclate à travers les larmes de ceux qui l’accompagnent.

 Après la mise en terre, les amis restent un moment autour de la tombe. Personne ne veut partir le premier. Michel s’assoit un instant, le regard fixé sur la pierre. On dit qu’il a murmuré. On t’a amené jusqu’ici. Maintenant, c’est toi qui nous portes. Cette phrase simple et bouleversante résume peut-être mieux que tout le lien qui les unissait.

 Le soleil descend lentement derrière les collines. L’air devient plus frais. Certains commencent à s’éloigner, d’autres restent encore. Les pas crissent sur le gravier. Les derniers rayons du jour glissent sur la terre fraîchement retournée. Ceux qui s’en vont jettent un dernier regard vers la tombe.

 Ce moment marque non seulement la fin d’une vie, mais aussi la fin d’une page de leur propre histoire. Et dans ce silence chargé, une question persiste poignante nécessaire. Comment une légende peut-elle disparaître si loin de ce qu’elle a fait vibrer et pourtant si proche de ce qui l’a façonné ? C’est peut-être dans cette distance, dans ce dernier voyage que se trouve la clé de toute l’histoire.

 Une histoire d’amour, de retour, de racine. Une histoire qui ne fait que commencer à se dévoiler. Mais alors que tous pensent que la cérémonie touche à sa fin, un moment inattendu, presque irréel vient bouleverser le recueillement. Quelque chose se produit comme si le destin lui-même avait décidé de marquer ce dernier adieu d’un signe impossible à ignorer.

 Au moment précis où la Terre retombe doucement sur le cercueil, un souffle de vent soudain traverse le cimetière. Un vent chaud, rapide, presque violent qui surprend tout le monde. Les feuilles se lèvent, les vêtements frémissent, les roses déposées sur la tombe vibrent comme sous l’effet d’un tremblement discret. Certains sursautent, d’autres lèvent les yeux.

Astrid, elle recule d’un pas, la main sur la bouche. Michel Papin s’immobilise. La guitare contre son torse. Le vent se calme aussi vite qu’il est venu. Puis plus rien. Un silence encore plus lourd qu’avant. Un silence que personne n’ose briser. “C’était lui”, murmure quelqu’un. Il nous a fait un signe souffle une amie proche.

 Ce n’est qu’un souffle d’air, diront certains. Mais pour ceux qui l’aimaient, c’était plus que cela. C’était l’écho de Béber. Celui qui avait passé sa vie a transformé chaque instant en musique, chaque émotion en vibration. Et pour eux, ce vent soudain n’était pas un hasard, c’était une présence. Un dernier clin d’œil, un dernier merci.

 Ce moment suspendu, presque mystique, crée une onde d’émotion dans l’assemblée. Plusieurs personnes fondent en larme. D’autres ferme les yeux comme pour retenir ce qu’ils viennent de vivre. Il y a dans l’air une tension douce, une chaleur étrange, comme si un pont invisible s’était dressé l’espace d’une seconde entre les vivants et celui qu’ils enterrent.

 Puis quelque chose d’encore plus inattendu se passe. Michel, les mains tremblantes, reprend sa guitare. Mais cette fois, il ne joue pas pour l’hommage prévu. Non, il joue une chanson que personne n’avait entendu depuis des années. Un morceau que Béber n’interprétait qu’en privé. Une balade intime écrite à l’époque où les Forbans n’étaient encore qu’un rêve de jeune comme garçon.

 Une balade dédiée à sa mère. Une balade qu’il avait juré de ne plus jamais chanter depuis sa mort par respect, par douleur, par fidélité. Et là, devant sa tombe à quelques mètres de celle de sa mère, Michel laisse les premières notes s’échapper. Une mélodie simple, lente, déchirante. Les proches comprennent immédiatement.

 Les larmes reviennent, le cœur se serre. La chanson dit tout. L’amour d’un fils, le manque jamais comblé, l’enfance qui s’en va, le retour impossible. Et pourtant, ce retour-là, il l’accomplit aujourd’hui dans cette terre sacrée qu’il attendait depuis si longtemps. Astrid, incapable de rester immobile, s’approche du cercueil.

 Elle pose sa main sur la terre fraîche et murmure quelque chose qu’on ne peut pas entendre. Peut-être un dernier adieu, peut-être un secret, peut-être un pardon. Car c’est aussi cela que révèle cette scène déchirante, le véritable combat de Béber n’était pas seulement la maladie, mais tout ce qu’il avait gardé pour lui pendant des années.

Des blessures enfouies, des silences portés trop longtemps, des vérités jamais dites, des peurs jamais avouées. Et maintenant, c’est dans ce lieu lointain, humble, paisible que tout semble enfin trouver sens. À cet instant précis, une émotion collective traverse l’assemblée. Ceux qui étaient venus pour lui rendre hommage comprennent qu’ils assistent à bien plus qu’un enterrement.

Ils assistent à la fin d’un cycle, à la réconciliation d’une vie, à la fermeture d’un chapitre intime, profond, presque sacré. La lumière du jour décline. Le ciel devient rosé puis doré. Certains y voient un signe, d’autres y voient une poésie. Mais tous, absolument tous, ressemblementent la même chose.

 Béber est parti, oui, mais il n’est pas seul. Et c’est dans cette intensité, dans cette beauté déchirante que son dernier voyage atteint son véritable sommet. Mais au-delà des larmes, au-delà du vent étrange qui a traversé la cérémonie et de cette chanson que personne n’attendait, une autre vérité, plus intime, plus déchirante encore continue de se frayer un chemin.

 Celle racontée par Michel Papin, le batteur des Forbs, son ami de toujours, celui qui connaissait l’homme derrière la légende. Et lorsqu’il se confie, la lumière change, le récit se resserre et l’on entre dans la zone la plus fragile, la plus humaine, la plus bouleversante de toute cette histoire. Les derniers instants de Béber, Michel parle avec la voix de ceux qui ont trop pleuré pour encore retenir leur mot.

 Il raconte un homme épuisé mais debout dans sa tête. Un homme affaibli mais convaincu qu’il avait encore du temps devant lui. Il croyait jusqu’au bout qu’il pouvait s’en sortir, dit-il. La gorge serrée. Cette phrase simple, terriblement simple résume le paradoxe de la fin de vie de Béber.

 Un corps qui lâche mais un esprit qui résiste, qui refuse de céder, qui se bat contre l’inévitable avec une obstination presque enfantine. Et puis il y a ses visages qui l’entouraient, ses ombres protectrices qui ne l’ont jamais laissé seule. Astrid, sa femme qui veillait sur lui jour et nuit. Michel raconte qu’elle ne dormait presque plus, qu’elle posait sa main sur son front pendant des heures, qu’elle lui murmurait qu’il n’était pas seul.

“C’est terrible pour elle. Ils étaient si heureux ensemble”, dit-il. Et dans sa voix, on entend autant de compassion que d’impuissance. Astrid a vécu ces dernières semaines comme un combat contre le temps. Elle refusait l’idée d’un monde sans lui. Elle espérait encore, même lorsque les médecins ne laissaient plus aucune place au doute.

 Ses enfants aussi étaient un là. Kevin et Georgia, deux présences douces et fidèles qui l’adoraient plus que tout au monde selon Michel. Ils ont tenu sa main jour après jour comme pour le retenir. Ils ont parlé avec lui même lorsque sa voix devenait fragile, presque éteinte. Il savait, il savait. Mais personne ne voulait dire les mots qui auraient de signer la fin.

 Dans cette chambre d’hôpital, l’amour circulait comme une dernière énergie. Fragile mais tenace. Une lumière qui refuse de mourir tant que les regards se croisent encore. Et puis un détail bouleversant, presque irréel. Le père de Béber, âgé de 96 ans, qui a fait le déplacement depuis Israël pour dire adieu à son fils.

 Un père qui enterre son enfant. Un père qui, malgré son âge, son propre corps affaibli, a tenu à faire ce voyage comme un dernier acte d’amour, de loyauté, de devoir. Michel raconte qu’il a été l’un des premiers à s’approcher du lit. qu’il a posé une main tremblante sur celle de Béber et qu’il a murmuré quelque chose en hébreu, un mot ou une prière que personne n’a compris mais dont la force a traverser la pièce comme un souffle ancien émouvant, presque sacré.

 C’est dans ce décor que se déroule la dernière ligne droite de la vie du chanteur. Une chambre blanche, les bipes des machines, les respirations qui ralentissent, les mains serrées, les yeux qui cherchent encore un peu de lumière. Michel raconte que malgré la souffrance, malgré les métastases découvertes lors des derniers examens, ces métastases qui avaient envahi son corps plus vite qu’on ne l’aurait imaginé, Béber restait persuadé qu’il allait se relever.

 Il parlait d’un nouveau concert, d’un projet, d’un voyage. Il disait “Ars ça, on repart sur scène tous ensemble.” Et chacun le laissait y croire parce que le contredire aurait été trop cruel. La vérité médicale, elle était implacable. Dès que les métastases ont été détectées, son destin s’est comme refermé.

 Il n’est plus sorti de l’hôpital depuis, raconte Michel. Une phrase d’une violence infinie parce qu’elle dit tout. La rupture, la fin de l’illusion, le passage d’une vie tournée vers la scène à une vie enfermée dans un lit. Mais même dans cette immobilité, quelque chose brillait encore. Son regard. Michel raconte qu’il avait ce regard qui disait à la fois la peur et la force, la tristesse et la gratitude.

 Un regard qui voulait encore se battre, encore aimer, encore vivre. Et c’est ce regard là qui hante aujourd’hui ceux qui l’ont accompagné parce qu’il disait qu’il n’était pas prêt, parce qu’il disait qu’il avait encore des choses à offrir, parce qu’il disait que même au bord du gouffre, il restait cet homme solaire, celui qui avait illuminé tant de vie.

 Et au milieu de cette vérité bouleversante, Michel avoue quelque chose qu’il n’avait encore jamais dit. Il pense que Béber savait pas dans les mots, pas dans les diagnostics, mais dans son corps, dans ses silences, dans cette façon qu’il avait les derniers jours, de serrer les mains un peu plus fort, de regarder le plafond un peu plus longtemps, d’écouter la voix des autres comme si chaque mot comptait, comme s’il voulait enregistrer chaque seconde pour ne plus jamais les oublier. Les derniers instants, Michel

les décrit sans détour. La respiration qui se fait courte, le souffle qui hésite, les doigts qui se relâchent, les machines qui ralentissent, Astrid qui murmure, “Je suis là, je suis là.” Et puis ce moment où le temps s’arrête, pas brusquement, doucement, comme une lumière qui baisse, comme une chanson qui s’achève.

 Michel dit qu’il n’a jamais vu un homme partir avec autant de dignité, avec autant d’amour autour de lui, mais aussi avec autant d’inachevé. C’est là que réside le cœur déchirant du récit. La mort de Béber n’est pas seulement la fin d’une vie, c’est la fin d’une promesse, d’un rêve, d’une musique qui ne demandait qu’à continuer.

 Et dans ce moment suspendu, dans cette chambre où tout s’est arrêté, une fracture s’est ouverte dans la vie de ce qui reste. Une fracture qui ne se refermera peut-être jamais vraiment. Et le récit, lui, avance encore vers ce que sa mort révèle, vers ce que ses proches ont découvert trop tard, vers ce que cette disparition dit de l’homme qu’il était réellement.

 Mais alors que l’on croit avoir touché le cœur du drame, un autre pan de l’histoire apparaît. Plus intime, plus tragique et pourtant traversé d’une étrange lumière. Le chemin qui a conduit Béber à ce dernier voyage loin de la France, là où il avait choisi de reposer à jamais. Car derrière l’annonce officielle faite par Michel Papin, ce 25 novembre où la nouvelle est tombée comme un coup prêt, se cache un récit d’amitié, de loyauté et de vérité longtemps retenu.

 Michel Shelmi n’était pas seulement un collègue de scène. Il était le frère de Route, celui qui avait vu Béber rire, douter, tomber, se relever et qui savait lire le moindre de ses silences. Et lorsque la FP lui tend son micro, c’est comme si l’histoire entière du groupe tenait dans sa gorge. Ce jour-là, sa voix tremble.

 Il était le messager d’une tristesse impossible à formuler autrement. Au nom de la famille, il annonce l’impensable. Albert Kassabi, dit Béber n’est plus. Ce qu’il révèle ensuite achève de briser le cœur de ceux qui l’ont connu. Béber se battait en secret contre un cancer du colon depuis 3 ans. 3 années de douleur, de traitement, de fatigue qui se lisaient parfois dans son regard mais que personne n’osait interpréter.

 Trois années où il avait continué à sourire, à répéter, à projeter comme si l’avenir était encore long. trois années où il avait choisi de protéger son public, sa famille, son groupe en dissimulant ce combat intérieur. Le choix de la discrétion n’était pas un hasard. Il faisait partie de sa manière d’être. La pudeur d’un homme qui n’a jamais voulu qu’on le voit faible, la force d’un artiste qui refusait que la compassion prenne la place de la musique.

 Et c’est ainsi que loin de la scène depuis des mois, sa voix avait commencé à s’éteindre lentement comme une lumière qui baisse mais ne disparaît jamais vraiment. Michel se souvient surtout du dernier concert, celui qui restera comme le point de bascule le moment où le corps de Béber a dit “Je ne peux plus.” Ce soir-là, alors que les projecteurs brûlaient et que la foule chantait, quelque chose s’est brisé.

 Béber avait mal, terriblement mal. Au milieu d’un titre, il se retourne vers Michel. Un regard, un seul. Et Michel comprend que son ami est au bout. C’était un regard qui disait tout. la douleur, l’épuisement, mais aussi une forme de dignité inébranlable. Il n’en pouvait plus, raconte Michel, la voix pleine d’émotion.

 Ce soir-là, le concert avait cessé d’être un moment de fête. Il était devenu un moment de lutte. Après cet épisode, Béber ne remontera plus sur scène. Les médecins découvrent les métastases lors des derniers examens. Ces cellules qui colonisent le corps comme un incendie silencieux. Alors, il reste à l’hôpital sans jamais en sortir de nouveau.

Pourtant, dans sa tête, il croit encore à une issue possible. Michel l’affirme. Jusqu’au dernier instant, Béber pensait qu’il pourrait s’en sortir. Il parlait de projets, de retour, de musique. Il croyait en demain, même lorsque le présent ne lui laissait plus aucun rép. Et c’est dans cette tension entre la réalité médicale et l’espoir presque obstiné que se joue la partie la plus bouleversante de son histoire.

 une lutte intérieure entre ce qu’il ressentait et ce qu’il voulait montrer, entre ce qu’il savait et ce qu’il refusait d’admettre. Dans son silence, on perçoit un homme qui voulait protéger les autres de la douleur de le perdre, même lorsque la sienne devenait insupportable. Lorsque la décision a été prise d’organiser les obsèques en Israël, certains ont été surpris.

 Mais pour Michel, pour Astrid, pour les enfants, cela avait un sens profond. C’était un retour, une réconciliation, une façon de renouer avec une histoire familiale, un héritage invisible, quelque chose de plus grand que la simple géographie. C’était une manière pour Béber de trouver une paix qu’il n’avait jamais vraiment trouvé ici-bas.

 Et c’est peut-être là que se révèle la dimension la plus émouvante de sa mort. Dans cette fin lointaine, il y a une forme de renaissance. Une renaissance dans l’idée de rejoindre sa mère, de retrouver ses racines, de reposer dans un lieu qu’il portait en lui depuis toujours. Une renaissance qui n’efface ni la douleur ni la perte, mais qui offre une manière d’accepter, de comprendre, de laisser partir.

 Michel, en racontant tout cela, ne cherche pas à créer du drame. Il dit la vérité. La vérité d’un homme qui s’est battu avec courage, qui a aimé avec intensité et qui a choisi ses derniers repas avec une discrétion presque sacrée. Et alors que l’on écoute son récit, une idée s’impose douce, lente, presque philosophique.

 La fin d’une vie peut aussi être un retour, un geste d’apaisement, une réponse aux blessures anciennes. Et dans ce retour-là, dans ce dernier voyage vers la terre qu’il a vu naître à la vie, Béber trouve peut-être ce qu’il cherchait depuis toujours. Une place où reposons enfin les douleurs, les secrets, les silences et où tout recommence autrement.

 Et maintenant que le silence a recouvert ce dernier voyage, que la Terre s’est refermée sur la tombe de Béber, une vérité s’impose doucement, presque tendrement. Certaines vies ne s’éteignent jamais vraiment. Elles s’effacent du monde visible. Oui, mais elle continue de raisonner dans tout ce qu’elles ont touché, dans les voix qu’elles ont fait vibrer, dans les sourires qu’elles ont provoqué, dans les souvenirs qu’elle laissent derrière elle.

 Le destin de Béber n’a pas été une ligne droite. Il a connu les sommets, les doutes, les retours, les renaissances, les blessures silencieuse. Il a connu la scène comme un refuge, le rire comme une arme, la pudeur comme une seconde peau. Et même au cœur de la maladie, alors que son corps s’affaiblissait, il n’a jamais cessé d’aimer, de croire, d’espérer.

 C’est peut-être cela la leçon la plus belle qu’il nous laisse. La force ne se mesure pas à la durée d’une vie, mais à l’intensité avec laquelle on la traverse. Aujourd’hui, ceux qui l’ont connu, aimé, admirent chacun une part de lui dans un refrain qui revient, dans une photoie, dans une anecdote racontée autour d’une table, dans une larme qui surprend, dans une joie qui remonte à la surface sans prévenir.

 Béber n’est plus là et pourtant, il demeure. Il demeure dans les gestes qu’il l’a inspiré, dans les musiques qu’il a créé, dans le courage qu’il a montré sans jamais l’exhiber. Il demeure dans les regard de ses enfants, dans la force d’Astride, dans l’amitié indéfectible le Michel. Et peut-être que c’est cela, accepter la mort, comprendre que rien ne s’arrête vraiment, que ceux qui partent continuent de marcher avec nous, autrement invisible mais présent.

 que la douleur finit par laisser place à la gratitude et que le manque devient parfois une autre forme d’amour. Alors, si cette histoire vous a touché, si vous aussi vous pensez que certaines voix continuent de vivre de vivre bien après le silence, n’hésitez pas à laisser un mot, à partager un souvenir, à liker ou à vous abonner.

 Chaque geste, même petit, prolonge un peu la lumière de Béber. Une lumière qui, à sa manière ne s’éteindra jamais. M.