CRITIQUE – Le trublion du talk-show de France 2 se produit actuellement sur la scène de l’Européen à Paris dans un spectacle très personnel.

Il débarque sur scène de l’Européen en déployant son mètre 90 habillé d’un polo noir et pantalon gris, le sourire aux lèvres. « Pas trop déçus ? », lance-t-il aux 400 spectateurs de l’Européen, plein à craquer, en évoquant son physique. Depuis trois ans et son arrivée dans «Quelle époque !» sur France 2, le talk-show de Léa Salamé où il intervient comme sniper, Paul de Saint Sernin  a su se faire un nom.

Chaque semaine, il marque les esprits en livrant des vannes parfois bon enfant, souvent cassantes, toujours piquantes et bien senties… voire très bien senties. Nicolas Bedos s’en souvient certainement encore. Malgré tout, l’exercice le limite à quelques interventions sporadiques et le cantonne à la place de celui qui juge pouvant, parfois, donner l’image de quelqu’un de pédant ou de suffisant.

 

Habitué à cacher sa véritable personnalité derrière ses vannes et sa coiffure bouclée à la Louis XIV, il se retrouve cette fois seul sur scène et met en lumière un autre visage : le sien. Il entre d’ailleurs immédiatement dans le vif du sujet attaquant sur ce qui le caractérise en premier aux yeux des autres, son nom. Une particule aristocratique qui intrigue et laisse libre cours à tous les clichés et fantasmes. C’est justement sur ce chemin que Paul de Saint Sernin s’aventure en dévoilant des anecdotes savoureuses et véridiques sur sa vie de famille un peu décalée, lui qui est issu d’une fratrie de six enfants et qui vouvoie ses parents.

Il rejoue ainsi la scène d’un dîner familial entouré de sa (très grande) famille et de ses 43 cousins germains où il a lancé sa première vanne devant bon-papa, son grand-père, dans un moment de profond malaise. Une sortie qui lui permet alors de se démarquer et d’exister mais surtout de découvrir le pouvoir de faire rire. Vanner au pire moment deviendra d’ailleurs sa marque de fabrique et le fil rouge du spectacle.

Durant un peu plus d’une heure, – que l’on ne voit pas passer – il déroule le fil de sa vie et se met à nu avec une sincérité touchante. En décalage à cause de ses origines, il l’est aussi à l’école avec ses deux ans d’avance. Les moqueries quotidiennes, son année scolaire passée en Irlande dans un monastère, son amour et sa pratique du football (qui lui permettront de trouver sa place) ou encore sa vie de couple, représentent autant de prétextes pour faire rire mais aussi attendrir. Voilà d’ailleurs la véritable force de Paul de Saint Sernin dans l’exercice de son one man show.

Le sniper n’oublie pas pour autant son goût de l’improvisation qui a fait son succès dans «Quelle époque !», invitant certains spectateurs à livrer quelques anecdotes personnelles et leur lançant des vannes bien à propos. Tout au long de son spectacle, Paul de Saint Sernin fait montre d’un humour fin, incisif en évitant l’écueil de la vulgarité gratuite. Touchant, il l’est aussi. L’humoriste l’affirme dans le spectacle : « Pour moi, la norme n’existe pas ». Aristo, footballeur ou sniper : Paul de Saint Sernin fait rire autant de sa particule que de ses particularités et laisse à réfléchir sur les clichés, les jugements hâtifs et les failles de chacun. Une ode à la différence en somme à découvrir les jeudis et samedis jusqu’au 20 décembre.