“Si Messi n’acceptait pas, je ne signais pas » — Boateng révèle l’influence réelle de Lionel Messi au Barça

La récente intervention de Kevin-Prince Boateng sur le podcast *Unscripted* a relancé un débat ancien mais toujours brûlant : quelle part de pouvoir Lionel Messi exerçait-il vraiment au sein du FC Barcelone pendant son règne à Camp Nou ? Le joueur ghanéen, qui a porté le maillot blaugrana lors d’un prêt en janvier 2019, raconte une anecdote révélatrice — au point que son transfert n’aurait pas pu être finalisé sans l’aval explicite de Messi.

Boateng décrit la scène avec une franchise désarmante : toutes les instances du club — les directeurs sportifs, l’entraîneur et la présidence — étaient favorables à sa venue. Pourtant, au moment de boucler le dossier, on lui aurait appris qu’il fallait « parler à Leo d’abord » avant de signer.

 

Le joueur avoue s’être couché ce soir-là en priant presque que Messi « l’aime » suffisamment pour donner son feu vert. Si Messi avait dit non, confie-t-il, il n’aurait tout simplement pas paraphé le contrat. Cette confidence a été reprise et relayée par plusieurs médias sportifs, qui notent le caractère symptomatique de la situation pour l’époque Bartomeu.

Pourquoi cette anecdote choque-t-elle autant ? Parce qu’elle illustre, en creux, la réalité d’un club où l’icône sportive détient une influence extraordinaire sur la stratégie sportive. Le Barça de la fin des années 2010 n’était plus seulement une institution collective ; il était, sur le plan médiatique et sportif, un projet largement centré autour de Messi.

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Le capitaine était la figure centrale du vestiaire, l’âme du système de jeu et, manifestement, l’un des acteurs consultés pour valider des arrivées majeures. Les déclarations de Boateng confirment ce que certains observateurs, pour des raisons tactiques ou relationnelles, avaient déjà suspecté : la parole du leader pouvait peser lourd dans les arbitrages du club.

Revenons sur les faits. Kevin-Prince Boateng a effectivement débarqué au FC Barcelone en janvier 2019, en provenance de Sassuolo, dans le cadre d’un prêt fortement médiatisé. L’opération visait à pallier certaines carences offensives et apporter un profil expérimenté et polyvalent.

 

Boateng a participé à quelques rencontres et, au terme de la saison, a contribué — à sa manière — au collectif blaugrana qui allait décrocher le titre de Liga 2018–2019. Voilà pourquoi son souvenir du transfert, et la façon dont il en parle aujourd’hui, ont une résonance particulière : il n’est pas un simple témoin extérieur, il fut partie prenante de ce mécanisme.

Les réactions à ces révélations ont été variées. Pour certains supporters et analystes, l’anecdote illustre l’importance naturelle d’une superstar dans un effectif — il est logique de consulter la meilleure arme offensive d’un groupe avant d’y ajouter un nouveau profil offensif. Mais d’autres y voient le symptôme d’un problème structurel : lorsque la décision sportive est trop dépendante d’un joueur, le club peut perdre en indépendance décisionnelle.

 

Dans un contexte où la gouvernance du Barça était déjà critiquée pour ses choix financiers et stratégiques, le témoignage de Boateng est venu nourrir les interrogations : un joueur, même aussi dominant que Messi, doit-il pouvoir bloquer ou valider des transferts ? Et surtout, est-ce sain sur le long terme pour la cohérence d’un projet sportif ? One of the biggest lies of my life' - Kevin Prince-Boateng says Barcelona  forced him to say Lionels Messi was world's best player | talkSPORT

Il convient cependant de nuancer. La présence d’un joueur influent ne signifie pas systématiquement qu’il dispose d’un « droit de veto » institutionnalisé. Dans la plupart des clubs, la consultation des cadres et leaders d’équipe fait partie d’un processus décisionnel plus large : entraîneur, directeur sportif et président pèsent leurs arguments, tandis que l’avis d’un capitaine peut servir de tiebreak ou de baromètre d’intégration humaine et tactique.

 

Ce qui change dans le cas évoqué par Boateng, c’est l’évidence de l’impact déterminant de Messi — au point que, selon lui, sans son approbation explicite, la signature n’aurait pas eu lieu. Autrement dit, l’influence existait, et elle était suffisamment forte pour faire basculer une décision.

Sur le plan historique et médiatique, l’ère Bartomeu (présidence marquée notamment par des transferts controversés et une instabilité institutionnelle croissante) a souvent été décrite comme celle d’une trop grande personnalisation du projet autour de Messi.

 

Les exemples abondent de recrues célébrées par la direction mais mal intégrées sportivement, ou de choix tactiques dictés par le désir de préserver la sensation de confort de la star. Le témoignage de Boateng, en exposant l’un de ces épisodes, permet de mieux comprendre pourquoi le club, à l’époque, a fini par traverser des turbulences profondes, tant sur le terrain qu’en coulisses.

Enfin, la portée de cette histoire dépasse le seul cas Boateng. Elle nourrit une réflexion plus large sur l’équilibre entre leadership naturel et gouvernance professionnelle dans les clubs modernes : quand un club s’appuie trop sur une figure charismatique, il court le risque de sacrifier l’autonomie décisionnelle et la cohérence du projet sportif.

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À l’inverse, consulter ses leaders peut aussi s’avérer intelligent, pour garantir la cohésion du vestiaire. La ligne de crête entre influence saine et pouvoir hégémonique est donc ténue — et Kevin-Prince Boateng, par son récit, nous donne un exemple concret de ce fragile équilibre.

Pour terminer, la confidence de Boateng n’enlève rien à la légende de Messi ni à son importance réelle au Barça : elle contribue en revanche à expliquer pourquoi certaines décisions du club ont pu apparaître singulières, et pourquoi la gouvernance d’alors aurait parfois dû mieux encadrer l’impact d’une superstar sur le destin sportif d’un ensemble. Les médias ont relayé massivement ces propos, et le débat, quant à lui, est loin d’être clos.