Tensions sous les palmiers : Gérard Lanvin et Franck Dubosc, une mésentente durable derrière la saga Camping

Lorsqu’en 2006 sort sur les écrans le film Camping, personne ne se doute encore qu’il deviendra un phénomène populaire du cinéma français. Portée par un casting éclatant, l’histoire du camping des Flots Bleus séduit plus de 5,5 millions de spectateurs, devenant un véritable carton au box-office.

Parmi les rôles principaux, on retrouve Franck Dubosc, hilarant dans la peau de Patrick Chirac, et Gérard Lanvin, qui incarne Michel Saint-Josse, un chirurgien esthétique coincé et peu adepte de la vie en tongs. Pourtant, derrière les sourires affichés sur les affiches, une tension bien réelle semble s’être installée entre les deux acteurs, et ce, dès le premier opus.

Gérard Lanvin, connu pour son franc-parler et son exigence artistique, ne mâche pas ses mots lorsqu’il évoque aujourd’hui sa participation au film. « Je ne vois pas pourquoi je reviendrais dans un camping après avoir incarné un homme qui déteste le camping », déclare-t-il. L’acteur, qui a toujours cultivé une image de sérieux et d’intégrité dans ses rôles, semble ne pas avoir apprécié l’ambiance bon enfant du film, ni le personnage de Patrick Chirac qu’il juge caricatural. Selon lui, « il faudrait jouer un con. Mais ce n’est pas mon rôle. Le rôle de con, c’est celui de Franck Dubosc. »

Ces propos, d’une franchise peu commune dans le monde feutré du cinéma, révèlent une fracture profonde entre les deux hommes. Pour Gérard Lanvin, sa participation au premier Camping relève d’un « service » rendu à Dubosc, sans aucune intention de poursuivre l’expérience.

Et il insiste : « J’ai rendu service une fois à Franck Dubosc, je ne le ferai pas deux fois. » Ce refus catégorique de participer aux suites s’explique non seulement par un désintérêt pour l’univers du film, mais surtout par une mésentente personnelle persistante. Lanvin ne cache pas son ressentiment : « Vu le comportement de Franck Dubosc à mon égard, hors de question de tourner une nouvelle fois avec lui. »

Mais qu’en est-il réellement de ce fameux “comportement” ? Si Gérard Lanvin n’en dit pas plus, préférant visiblement garder pour lui certains détails, les rumeurs vont bon train dans les coulisses du cinéma français. Certains évoquent des divergences artistiques, d’autres des incompatibilités de caractère. Là où Lanvin est réputé pour sa rigueur, son approche presque austère du métier, Franck Dubosc représente une figure plus légère, plus populaire, habituée des comédies. Deux univers qui, manifestement, ne se croisent pas sans friction.

Malgré cette mésentente, la saga Camping n’a pas souffert du départ de Lanvin. Les volets suivants, Camping 2 (2010) et Camping 3 (2016), ont rencontré eux aussi un beau succès auprès du public. Dubosc a continué à porter le personnage de Patrick Chirac à bout de bras, symbole d’un Français moyen attachant, parfois beauf mais toujours sincère.

Il en a même fait une sorte d’alter ego à l’écran, multipliant les apparitions dans les médias en reprenant ses expressions phares et ses mimiques. Mais même si le public a suivi, certains fans de la première heure ont regretté l’absence de Michel Saint-Josse dans les suites, personnage qui offrait un contrepoids plus sérieux et plus profond à la légèreté ambiante.

De son côté, Gérard Lanvin n’a jamais semblé regretter son choix. Depuis sa première apparition dans Camping, il a continué une carrière fidèle à ses valeurs, alternant films d’auteur, drames et polars, loin de l’humour potache qui caractérise les films de Dubosc. Pour lui, le cinéma est un art qui ne doit pas se compromettre. Dans plusieurs interviews, il insiste sur l’importance de choisir ses rôles en conscience, et refuse catégoriquement de “faire le clown pour faire rire à tout prix.”

Quant à Franck Dubosc, il a peu réagi aux propos de Lanvin, préférant sans doute ne pas envenimer la situation. Habitué aux critiques parfois sévères sur son jeu ou sur la qualité de ses films, il a su se construire une solide popularité malgré les moqueries. Il continue aujourd’hui d’alterner comédie et tentatives plus sérieuses, comme en témoignent ses prestations dans Tout le monde debout ou Rumba la vie, où il a montré une facette plus émotive de son jeu.

Au final, l’histoire entre Gérard Lanvin et Franck Dubosc illustre bien une réalité du monde du cinéma : derrière les paillettes et les éclats de rire, les relations humaines peuvent être complexes, marquées par des égos, des sensibilités divergentes et des visions opposées du métier d’acteur.

Si le public continue d’apprécier Camping pour son humour et sa nostalgie estivale, il est probable que la saga ait laissé un goût amer à l’un de ses interprètes principaux. Gérard Lanvin, fidèle à lui-même, aura préféré dire non au confort des suites pour rester aligné avec ses principes. Une décision qui, même si elle divise, force le respect.