Le match amical entre l’équipe nationale d’Argentine, détentrice de la Coupe du Monde, et l’Angola, tenu en novembre 2025 à Luanda pour marquer le 50e anniversaire de l’indépendance angolaise, est rapidement devenu un scandale moral retentissant qui a dépassé le cadre sportif. Qualifié d’« insulte à la dignité humaine » par de nombreux Angolais et organisations de la société civile, cet événement cristallise la colère et l’indignation face à l’utilisation présumée des fonds publics dans un pays en proie à une crise économique et sociale profonde.

Un Chèque de 12 Millions d’Euros dans un Pays en Crise
Le cœur de la polémique réside dans le coût exorbitant de l’opération. Selon des sources de presse concordantes, le gouvernement angolais aurait déboursé une somme avoisinant les 12 millions d’euros (ou 12 millions de dollars selon d’autres estimations) auprès de l’Association du Football Argentin (AFA) pour s’assurer de la venue des champions du monde et de la présence de leur figure emblématique, Lionel Messi.

Une insulte à la dignité humaine", l'escapade de l'Argentine en Angola fait  polémique

Cette dépense monumentale a provoqué un tolé général dans un pays où les priorités sont manifestement ailleurs. L’Angola, malgré ses importantes ressources pétrolières et minérales, est confronté à des taux de pauvreté endémique, à un chômage de masse touchant particulièrement la jeunesse, et à une inflation galopante. Quelques mois seulement avant l’événement, le pays a été secoué par des manifestations violentes contre la hausse des prix du carburant, qui se sont soldées par des affrontements avec les forces de l’ordre, faisant des dizaines de morts et des centaines d’arrestations.

Pour les citoyens, les militants et l’opposition, allouer une telle somme à un simple match de gala, dont le bénéfice pour le football local ou le développement social est quasi-nul, représente une atteinte intolérable à la décence. Des organisations non gouvernementales (ONG) angolaises ont publiquement dénoncé cet acte de gaspillage, arguant que 12 millions d’euros pourraient financer des infrastructures vitales — des hôpitaux, des écoles, des programmes d’aide alimentaire — dont la population a désespérément besoin. Le contraste entre le luxe de l’événement et la misère quotidienne d’une grande partie de la population a été perçu comme une véritable insulte à la dignité des Angolais.

“Une insulte à la dignité humaine”, l’escapade de l’Argentine en Angola fait polémique

La Dimension Éthique et le Manque de Respect
La polémique a également soulevé des questions d’ordre éthique et de respect national. En plus du coût financier, certains critiques ont rappelé un épisode précédent où des supporters argentins, et même des joueurs (en référence à certains chants après la victoire de la Coupe du Monde), auraient fait des commentaires moqueurs évoquant l’Angola et d’autres pays africains. Pour ces voix, dépenser 12 millions de dollars pour inviter une équipe qui a « manqué de respect » au pays est une double humiliation. Cela a renforcé le sentiment que l’Angola, sous l’égide de son gouvernement, se dévalorisait et se rendait complice d’un cirque coûteux et inopportun.

Le gouvernement, dirigé par le MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Angola), a défendu l’événement comme une opportunité de « célébration nationale » et de rayonnement international. Toutefois, l’objectif d’utiliser le « soft power » du football pour détourner l’attention des problèmes internes a échoué. Au lieu de la fête unanime escomptée, l’événement a servi de catalyseur à l’expression d’un profond mécontentement social et politique. L’ambiance n’était pas à la fête, mais à la tension, les autorités ayant dû mobiliser près de 3 000 agents de sécurité pour étouffer toute tentative de contestation et de manifestation dans la capitale, Luanda.

Le Rôle de l’Argentine et de l’AFA
L’équipe d’Argentine et l’AFA n’ont pas été épargnées par les critiques. Bien que leur motivation soit purement commerciale, leur acceptation d’une somme aussi élevée dans un tel contexte a soulevé des interrogations sur leur responsabilité morale. En choisissant l’appât du gain sur une somme jugée extravagante, elles ont été perçues comme cautionnant, ou du moins ignorant, la mauvaise gestion des fonds publics d’un pays africain en difficulté.

Le match, finalement joué et remporté 2-0 par l’Argentine (avec des buts de Lautaro Martínez et Lionel Messi), restera davantage dans les mémoires pour le scandale moral et financier qui l’a entouré que pour sa performance sportive. Il illustre de manière cinglante les dérives du football moderne, où l’attrait des superstars mondiales peut être exploité pour des raisons politiques et où la décence économique est souvent sacrifiée au profit du prestige et de l’argent. Le fait que l’équipe d’Argentine ait joué dans le stade du 11-Novembre de Luanda, censé symboliser l’indépendance nationale, est un rappel amer de la manière dont les symboles peuvent être détournés pour masquer la souffrance sociale et l’irresponsabilité gouvernementale.

En définitive, l’escapade de l’Argentine en Angola est bien plus qu’une simple controverse sportive ; c’est un miroir des inégalités mondiales et de l’urgence des priorités budgétaires dans les nations en développement.

Souhaitez-vous en savoir plus sur les déclarations spécifiques des ONG angolaises qui ont demandé l’annulation du match ?