20 ans après, elles retrouvent leur frère rescapé du massacre de leur famille

20 ans après le massacre, le retour bouleversant d’un champion paralympique sur la tombe de sa mère et dans les bras de ses sœurs qui le croyaient mort
Sur les pistes d’athlétisme du monde entier, il est une force de la nature. Jean-Baptiste Alaize, quintuple champion du monde de saut en longueur handisport, incarne la puissance et la détermination. Sa lame en carbone fendant l’air est le symbole d’une volonté de fer qui l’a propulsé au sommet. Pourtant, derrière la gloire et les médailles se cache une histoire bien plus sombre, une odyssée personnelle tissée de traumatismes, de pertes et d’une résilience quasi miraculeuse. À 23 ans, après avoir quitté son Burundi natal dans des circonstances tragiques 16 ans plus tôt, Jean-Baptiste a entrepris le voyage le plus difficile de sa vie : un retour aux sources pour affronter les fantômes de son passé et retrouver une famille qui le croyait disparu à tout jamais.
L’histoire de Jean-Baptiste commence non pas par un cri de joie sur un podium, mais par un cri d’horreur dans la nuit du 24 octobre 1993. Ce jour-là, le Burundi bascule dans la violence interethnique. Des milices Hutu s’attaquent à l’ethnie Tutsi, et la famille de Jean-Baptiste, alors âgé de 3 ans et répondant au nom de Mugisha, est prise dans la tourmente. Dans l’intimité de sa chambre en France, des années plus tard, il montre les cicatrices indélébiles de cette nuit-là. Des coups de machette multiples : au poignet, si profonds qu’il a failli perdre son bras ; derrière la tête, où la mort l’a frôlé ; et dans le dos, une blessure passée si près de la colonne vertébrale qu’elle aurait pu le laisser paralysé. Sa mère et sept autres membres de sa famille sont assassinés sous ses yeux. Le dernier coup, porté à sa jambe, est si dévastateur qu’elle doit être amputée.
Devenu orphelin de mère et lourdement handicapé, le petit Mugisha est confronté à une deuxième tragédie : l’abandon. Son père, survivant du massacre, le place dans un orphelinat, prétextant vouloir lui trouver une prothèse. La réalité, consignée dans un acte d’abandon officiel, est plus cruelle : “à cause de son handicap, son père biologique l’a cédé de façon délibérée pour adoption”. C’est une double peine pour l’enfant, rejeté par le seul parent qui lui restait. Son salut viendra de la France. À 7 ans, il est adopté par Daniel et Robert Alaize, un couple de la Drôme qui a fait de l’accueil d’enfants en difficulté sa vocation. Ils lui offrent un nouveau nom, une nouvelle vie, une prothèse, et surtout, un amour inconditionnel qui lui permettra de se reconstruire. C’est dans ce foyer aimant qu’il découvre sa passion pour le sport, un exutoire qui le transformera en champion.
Mais les victoires ne peuvent effacer les cicatrices. Hanté par les souvenirs confus du massacre et le poids de l’abandon, Jean-Baptiste sent le besoin de retourner sur sa terre natale. Sa mère adoptive, Daniel, a réussi à retrouver la trace de trois de ses sœurs, une lueur d’espoir dans un passé obscur. “Je retournerai dans mon pays quand je serai quelqu’un”, avait-il dit. Ce jour est arrivé.

L’atterrissage à Bujumbura est le début d’un choc émotionnel intense. À l’aéroport, trois jeunes femmes l’attendent. Ce sont ses sœurs : Nadine, Claris et Médiatrice. Vingt ans se sont écoulés. Les retrouvailles sont déchirantes. Les larmes coulent, les corps tremblent. Ses sœurs le touchent, le serrent dans leurs bras, n’arrivant pas à croire à ce miracle. Elles le pensaient mort, disparu dans les limbes de la guerre civile. “Je suis très heureuse, c’est un miracle de te revoir, Mugisha”, sanglote Médiatrice, l’aînée. Jean-Baptiste découvre alors que son père ne leur a jamais avoué l’avoir abandonné ; il leur a menti, entretenant un faux espoir pendant des années avant de les laisser croire au pire.
Le lendemain, le voyage se poursuit vers le village de son enfance, sur les collines de Muyinga. De la maison familiale, il ne reste que des ruines envahies par la végétation. C’est ici que l’horreur s’est produite. Médiatrice, qui avait 12 ans à l’époque, lui raconte la scène insoutenable : la fuite éperdue, les assaillants armés de machettes, sa mère recevant un coup fatal dans le ventre alors qu’elle le protégeait. Le corps de sa mère, ainsi que celui de son grand frère, ont été jetés dans un simple trou creusé à la hâte. Face à cette tombe improvisée, Jean-Baptiste est “sonné”, “bloqué”, incapable de réagir face à la brutalité de la vérité. L’atmosphère est d’autant plus pesante que les auteurs du massacre, des voisins, vivent toujours dans les parages et les observent de loin.
Alors qu’il redescend, une foule immense l’attend. La nouvelle du retour de l’enfant prodigue s’est répandue. Des tantes, des cousins, sa grand-mère paternelle… tous sont là. Ils pleurent, ils crient, ils veulent le toucher. Certains, incrédules, vérifient ses cicatrices pour s’assurer que c’est bien lui, le petit Mugisha. Sa grand-mère, d’abord sceptique, finit par le reconnaître : “C’est fou ce qu’il ressemble à sa mère”. Submergé, Jean-Baptiste murmure : “Ça me touche beaucoup, je n’ai pas été oublié comme je le pensais”.
Le voyage est aussi l’occasion de confronter le dernier secret, celui de son père. Lydia, sa seconde épouse, lui montre une photo de mariage, redonnant un visage à ce père qu’il avait oublié. Elle confirme qu’il n’a jamais dit la vérité sur l’adoption, même à elle. Face à ce mensonge ultime, Jean-Baptiste fait un choix extraordinaire. Au lieu de la colère, il choisit le pardon et la compréhension. Il se persuade que son père a agi par amour, pour lui offrir une meilleure vie, loin d’un pays où son handicap l’aurait condamné. “C’est un geste grandiose, il n’y a pas plus grand que ce qu’il a fait”, conclut-il, se construisant une vérité qui lui permet d’avancer.

Après trois jours intenses, l’heure du départ sonne. Les adieux sont sobres, mais une fois dans la voiture, à l’abri des regards, Jean-Baptiste s’effondre et pleure pour la première fois. Ce voyage ne lui a pas seulement rendu sa famille ; il lui a rendu son histoire. Et dans cette histoire, il découvre une dernière révélation, une ultime note d’espoir : au Burundi, son prénom d’enfant, Mugisha, signifie “la chance”. Le survivant, l’amputé, l’abandonné, était en réalité l’enfant de la chance. La chance d’avoir survécu, d’avoir été aimé et d’être revenu, non pas en victime, mais en champion.
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