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Chantal Ladesou. Ce nom évoque immédiatement le rire, la pétillance, une gouaille inimitable et une joie de vivre communicative. Avec sa voix rauque caractéristique et son humour décalé, elle s’est imposée comme l’une des figures les plus appréciées de la scène humoristique et théâtrale française. Elle est celle qui nous fait oublier nos soucis, qui nous arrache un sourire même dans les moments les plus sombres. Pourtant, derrière ce sourire éclatant et cette énergie débordante se cache une douleur intime, une blessure que le temps n’a jamais pu entièrement refermer : la perte de son fils aîné, Alix, décédé à l’âge de 21 ans dans un tragique accident de voiture en 1996. Un drame indicible qu’elle a porté en elle avec une dignité et une force admirables, et sur lequel elle s’est confiée avec une émotion rare.

L’année 1996 a marqué un tournant brutal dans la vie de Chantal Ladesou et de son époux, Michel Ansault. Le couple est frappé par le malheur le plus redoutable qui puisse frapper des parents : la disparition de leur enfant. Alix, âgé de seulement 21 ans, est victime d’un accident de la route qui lui coûte la vie. Un choc inouï, un vide abyssal s’installe, menaçant d’emporter avec lui la lumière qui animait cette famille déjà forte et unie, composée également de Clémence et Julien Ansault, les deux autres enfants du couple.

Pendant des années, Chantal Ladesou a gardé cette souffrance enfouie, comme beaucoup de parents endeuillés. La scène, le théâtre, l’humour, sont devenus des exutoires, des moyens de continuer à avancer, à vivre. Mais la cicatrice, elle, est restée. C’est avec beaucoup de courage et une sincérité désarmante qu’elle a progressivement évoqué ce drame personnel, notamment lors d’interviews où elle a accepté de lever le voile sur cette part d’ombre de son existence.

En février 2020, face à Jordan de Luxe sur Non Stop People, Chantal Ladesou a livré un témoignage poignant. “Souvent les gens me lancent là-dessus, mais c’est un drame qui est toujours très brûlant en moi”, a-t-elle confié avec une émotion palpable. Cette phrase, “très brûlant en moi”, résume à elle seule la persistance de cette douleur, le fait qu’elle ne s’estompe jamais totalement, mais reste présente, sourde, prête à resurgir à chaque évocation. Elle ajoute : “C’est toujours quelque chose qui est en moi et qui me fait souffrir dès qu’on en parle”. Ces mots, empreints de vérité, rappellent que la résilience ne signifie pas l’oubli, mais plutôt la capacité à vivre avec l’absence, à intégrer le chagrin dans le parcours de vie.

Pourtant, malgré la douleur, Chantal Ladesou a également exprimé le besoin et l’utilité de parler de son fils disparu. “En même temps, c’est aussi une façon de le faire revivre et peut-être d’aider aussi, le fait d’en parler, peut-être que ça peut aider les gens à qui c’est arrivé aussi”, a-t-elle poursuivi. Cette démarche altruiste, celle de transformer sa propre souffrance en un possible réconfort pour d’autres parents endeuillés, est d’une grande générosité. Elle montre que, même dans l’épreuve la plus intime, Chantal Ladesou n’a jamais perdu son humanité et son empathie envers autrui.

Ce témoignage nous offre une perspective plus profonde sur l’artiste que nous connaissons. Derrière les personnages truculents et les répliques cinglantes se trouve une femme d’une force intérieure rare, capable de puiser dans la douleur la motivation de continuer à rayonner. Son métier, celui de faire rire, prend alors une dimension presque thérapeutique, un chemin pour conjurer l’obscurité.

Aujourd’hui, si la mort d’Alix reste une blessure à vif, Chantal Ladesou a trouvé d’autres sources de joie et de réconfort. Elle est une grand-mère comblée par l’amour de ses cinq petits-enfants. Un bonheur qui transparaît dans ses propos lorsqu’elle évoque son rôle. “Je suis une grand-mère assez classique, genre mamie gâteau. J’aime bien faire rire mes petits-enfants”, a-t-elle confié en juin dernier dans l’émission “50′ Inside”. Ces instants précieux avec sa fratrie de petits-enfants sont une nouvelle source d’épanouissement, une transmission de la joie et de la bonne humeur qui la caractérisent, une façon aussi de maintenir le cycle de la vie.

L’histoire de Chantal Ladesou est celle d’une résilience exemplaire. Elle nous rappelle que le rire et la légèreté peuvent cohabiter avec les drames les plus profonds, et que la force de l’amour familial est un pilier inébranlable face aux tempêtes de l’existence. Son parcours est une source d’inspiration, un témoignage que, même lorsque le destin nous frappe de plein fouet, il est possible de retrouver un sens, de continuer à donner et à recevoir de l’amour, et de faire jaillir la lumière même des recoins les plus sombres de notre âme. Chantal Ladesou, l’humoriste au grand cœur, nous enseigne que la vie, malgré ses déchirures, mérite toujours d’être célébrée.