Casting polémique autour de la disparition de Marion : « Notre but n’est pas de rouvrir des plaies »

Après l’annonce d’un casting pour une enfant ayant une forte ressemblance avec Marion Wagon, la famille dénonce par la voix de son avocat une méthode « cavalière ». La boîte de production s’en défend

« Les larmes ne se monnaient pas. » Maître Georges Catala ne cache pas son indignation après la parution d’une annonce pour un casting d’une petite fille de l’âge de Marion Wagon. Elle n’apparaîtrait qu’en ombre, dans un jeu « sobre ». C’est Annie Gourgue, emblématique présidente de La Mouette, qui a fait part la première de son « écœurement ». Le tout à quelques semaines, le 14 novembre, de l’anniversaire de cette disparition non résolue.

Contactée, la boîte de production, l’Agence méditerranéenne de développement audiovisuel (Amda), se défend d’avoir eu une méthode peu orthodoxe. « Nous avons déjà réalisé plusieurs documentaires autour de faits divers comme les disparues de l’Yonne », explique l’un des producteurs, Thierry Fournet. « Nous avons eu à chaque fois un bon accueil des familles. »

« 30 secondes de passage »

Une série documentaire baptisée « La conspiration du silence ». Pour cette nouvelle série, dont le titre provisoire est « Zones d’ombre »,…

L’annonce a enflammé les réseaux sociaux dès sa diffusion. La société de production Amda, basée à Villeneuve-lès-Avignon, a lancé un casting pour une « série documentaire France 3 », intitulée provisoirement “Zones d’ombre”, avec une évocation visuelle d’une fillette de 10 ans. Très vite, les éléments décrits – cheveux châtains, coupe au carré avec frange, chemisier à carreaux, bandeau – ont semé le trouble : la ressemblance avec Marion Wagon, disparue à Agen en 1996, était flagrante.

Une image, vraisemblablement générée par intelligence artificielle et inspirée des célèbres avis de recherche diffusés à l’époque sur les briques de lait, a achevé de provoquer la stupeur. Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est l’absence totale d’information donnée à la famille. “C’est moi qui ai dû l’annoncer aux parents”, s’est indignée Annie Gourgue, présidente de l’association La Mouette. “Michel, le père de Marion, n’était même pas au courant. Franchement, c’est plus que choquant.”

Son histoire a marqué à jamais les Français. Le 14 novembre 1996, la jeune Marion Wagon âgée de 10 ans, rentre le midi pour déjeuner chez ses parents. Il n’y a que 400 mètres entre son école primaire d’Agen et le domicile familiale. Mais, entre l’établissement scolaire et la chaleur de son foyer, la fillette disparaît sans laisser de traces. Vingt-ans plus tard, une annonce choc vient bouleverser le deuil de ses proches.

En près de 30 ans, l’affaire de la disparition de Marion Wagon n’a jamais été résolue. Si les premiers instants de l’enquête ont conduit les enquêteurs à écarter la piste de la fugue. Pendant un temps, Michel et Françoise Wagon, les parents de la fillette, désespérés, évoquent l’hypothèse de Michel Fourniret, alors connu comme l’Ogre des Ardennes. Mais en 2009, l’espoir de connaître la vérité s’envole en même temps que les résultats des analyses ADN innocentent le tueur en série. Depuis, l’affaire a été placée entre les mains du pôle cold case de Nanterre.

Disparition de Marion Wagon : cette annonce choc bouleverse la famille de la fillette disparue à Agen

Alors que la justice ne baisse pas les bras, une nouvelle vient de créer la polémique. Sur la page Facebook de la société de production Amda, un croquis de la fillette ravive les blessures. En effet, la société recherche une petite fille qui pourrait jouer le rôle de Marion Wagon dans leur prochain documentaire, réalisé avec France 3. “La production recherche une fille de 10 ans pour une évocation muette. Pas de dialogue, jeu sobre. Ressemblance avec le croquis ci-joint (cheveux châtains moyens, carré avec frange)”, peut-on lire sur l’annonce.

Le croquis reprend les éléments bien connus de la photo diffusée à l’époque dans tout le pays : chemisier à carreaux, bandeau dans les cheveux, collier en argent. Face à la polémique suscitée par ce casting, la production s’est expliquée sur ses réseaux sociaux : “Ce n’est pas la première fois que nous réalisons des castings et savons que ces recherches sont délicates. Loin de nous l’idée de heurter, ni choquer, sachez que nous travaillons avec bienveillance et professionnalisme, surtout pour parler de ces sujets si difficiles qui nous ont tous marqués… Nous sommes en contact avec les proches et ne faisons rien qui ne puisse les heurter”. Sa famille au courant ?

Marion Wagon disparue en 1996 : la colère des proches de la fillette, 29 ans après sa disparition

Des propos qui ont immédiatement provoqué la colère d’Annie Gourgue, présidente de l’association La Mouette, soutien historique des familles de victimes. “Je suis tombée des nues. C’est moi qui ai dû l’annoncer aux parents, à l’instant”, assure-t-elle ce jeudi 11 septembre à La Dépêche. “Michel, le père de Marion, n’était même pas au courant. Franchement, c’est plus que choquant. La moindre des choses, c’était de les appeler, eux d’abord. Imaginer un film sur elle, c’est d’une telle violence”.

Les internautes, eux aussi, se sont insurgés. “Le manque de précisions de votre post ouvre les portes à toutes les supputations et malentendus (…) Si vous prenez des volées de bois vert, tant pis pour vous”, commente un utilisateur. Une autre ajoute : “Il faudrait éviter qu’elle ressemble à Marion. Tous les Agenais vous le diront”. Face à la polémique, la société Amda reste silencieuse pour le moment.