Charley Marouani : L’Impresario Légendaire Révèle les Vérités Chocantes sur Jacques Brel, Yves Montand et Barbara

Charley Marouani, figure emblématique du show-business français, ouvre les coulisses de sa vie dans son livre “Une vie en coulisses”. Considéré comme l’un des “rois des impresarios”, il a accompagné des géants tels que Jacques Brel, Barbara et Yves Montand. De son enfance en Tunisie à ses relations intimes avec les stars, Marouani se livre avec franchise sur les facettes cachées de ces légendes et les défis d’un métier hors du commun.

Une Enfance Tunisienne et les Débuts de la Saga Marouani

Charley Marouani a grandi dans le petit village de Sousse, en Tunisie, jusqu’à l’âge de 16 ans. Issu d’une fratrie de sept enfants, il a dû quitter les études précocement suite à la mort de son père en 1944 et aux bombardements, travaillant pour aider ses frères et sœurs à poursuivre leur scolarité.

Le métier d’impresario est une tradition familiale. Ses oncles s’étaient installés à Nice et Marseille dès 1927 et 1932, lançant ainsi la saga familiale. C’est à Nice que son frère, démobilisé, est engagé par leur oncle, et petit à petit, les Marouani deviennent les agents de nombreuses vedettes. Jacques Brel, avec humour, disait même : “Quand je n’arrive pas à m’endormir, je compte les Marouani”.

Jacques Brel : Une Amitié Indéfectible et des Secrets

La rencontre avec Jacques Brel marque un tournant dans la vie de Charley Marouani, qu’il qualifie de “chance de ma vie”. Proposé par Jacques Canetti, le directeur d’une maison de disques, Brel fait partie d’une nouvelle génération d’artistes que les Marouani doivent accompagner. Marouani, touché par la chanson “Les pieds dans le ruisseau”, accepte de s’occuper de lui.

Malgré sa timidité, Marouani développe une amitié profonde avec Brel, qui ne le quittera jamais jusqu’à sa mort. Même après que Brel ait arrêté de chanter en 1967, ils restent en contact permanent, Marouani lui envoyant des films aux Marquises, où Brel s’était retiré sur son bateau, pour les projeter aux habitants.

Marouani révèle la grande générosité de Brel, qui renonçait à son salaire lors des tournées difficiles et s’assurait que tous gagnent beaucoup d’argent, car il n’avait lui-même “pas besoin d’argent”. Brel lui a même offert un avion, inscrit au nom de Marouani, pour qu’il puisse dire “celui qui a un avion” quand on lui demandait quel Marouani était son agent.

Marouani partage un épisode poignant avant la mort de Brel. Malade d’un cancer du poumon, Brel cherchait à se cacher des paparazzis. Lors d’un déplacement à l’aéroport du Bourget, les journalistes l’ont suivi, et pour leur échapper, Brel s’est enfermé dans les toilettes où il a attrapé une bronchite, trois mois seulement après son opération. Marouani a même proposé de l’argent à un homme de la morgue pour empêcher les photographes de prendre des clichés du corps sans vie de Brel.

Enfin, Marouani exprime sa fureur concernant la sortie posthume de certaines chansons de Brel, vingt-cinq ans après sa mort, des titres qu’il n’aimait pas et considérait comme “pas terminés”. Brel ne voulait plus enregistrer ni chanter, car il savait qu’il “tricherait”.

Barbara : Gérer une Générosité Sans Limite

Lorsque Charley Marouani commence à travailler avec Barbara, sa première action est de lui “confisquer son chéquier et sa carte bleue”. Il avait découvert qu’elle devait 1 600 000 francs au fisc à l’époque et qu’elle dépensait sans compter, ayant trois voitures sans conduire, deux secrétaires et des musiciens payés à l’année. Marouani a assaini ses finances, lui permettant même d’acheter une maison. Lors des tournées, il lui donnait 500 francs par jour comme argent de poche, et si elle demandait une petite rallonge, il acceptait toujours, soulignant sa “générosité”.

Yves Montand : Amitié, Scandales et une Exhumation Douloureuse

Charley Marouani entretient également une amitié profonde avec Yves Montand. Il est présent lors d’un événement sinistre : l’exhumation du corps de Montand au Père Lachaise, car une femme prétendait qu’il était le père de sa fille. Marouani décrit la scène comme “inimaginable” et trouve aberrant qu’un avocat ait pu obtenir une telle procédure. Il a vu la mère et la fille arriver “souriantes et maquillées” au cimetière, “comme si elles allaient au bal”. Heureusement, il a été prouvé que Montand n’était pas le père.

Marouani revient aussi sur le scandale lié à une émission de télévision où Montand était supposé déclarer sa candidature à la présidence de la République. Il raconte comment, en tant qu’agent, il avait négocié une somme colossale pour l’époque (un million de francs, finalement 800 000 francs) pour que Montand participe à l’émission sans coupure publicitaire. Face aux critiques d’artistes “jaloux et envieux”, Marouani avait répondu à Montand de choisir entre donner l’argent au fisc ou “dans la poche de Bouygues”. L’argent avait finalement été partagé entre les impôts, les Restos du Cœur et les étudiants.

Autres Anecdotes et la Fidélité à la Tunisie

Marouani partage d’autres anecdotes, comme la chanson que Jacques Brel a écrite pour Carlos après que ce dernier ait été opéré des reins à Tahiti. Brel, informé par Marouani, avait même fait venir une bourriche d’huîtres de Paris pour lui.

Il se souvient également d’Henri Salvador, qu’il considérait comme son “petit frère”. Marouani évoque aussi Gilbert Bécaud, dont la carrière a souffert après une gifle en direct à un reporter qui se moquait de lui avant d’entrer en scène. Marouani estime que Bécaud “avait peut-être bien fait par moment”.

Enfin, Charley Marouani reste profondément attaché à sa Tunisie natale. Il espère que la démocratie s’y installera, que les femmes conserveront leurs droits et que le pays retrouvera sa “paix sociale” et ses “couleurs d’antan”.

Ce livre est le fruit de nombreuses années de notes, encouragé par ses enfants et petits-enfants qui lui demandaient de raconter ses histoires. Charley Marouani, le timide impresario, offre un regard unique sur la vie des stars, leurs grandeurs et leurs fragilités, et les liens indéfectibles qui se tissent en coulisses.