Dans une entrée de journal écrite par Claudia Cardinale en 2011, elle a révélé « Ma vie amoureuse avec Delon, Belmondo et Bardot » et…

Dans le panthéon des stars du cinéma mondial, rares sont les figures aussi lumineuses et mystérieuses que Claudia Cardinale. D’une beauté sculpturale, d’une force de caractère inébranlable et d’une filmographie à couper le souffle, l’actrice italo-tunisienne a traversé l’âge d’or du cinéma en laissant une empreinte indélébile. De ses débuts inattendus à La Goulette, sa ville natale, jusqu’aux projecteurs flamboyants d’Hollywood et aux tournages mythiques avec les plus grands réalisateurs et acteurs, la vie de Claudia Cardinale est une épopée, un roman où se mêlent passions, sacrifices, amours légendaires et une détermination farouche. Récemment, l’icône a ouvert son cœur, livrant des confidences précieuses sur ses rencontres avec Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, et même son amitié particulière avec Brigitte Bardot, éclairant d’un jour nouveau une carrière exceptionnelle et une existence hors norme.

Les Racines Tunisiennes : Une Destinée Inattendue

Née en Tunisie, Claudia Cardinale a gardé de ses origines un lien viscéral avec sa terre. Ses souvenirs d’enfance à La Goulette, cette “petite Sicile” où l’on mangeait du poisson frais et où son grand-père construisait des barques, sont des images fortes de sa mémoire. Fille d’un père sportif et musicien et d’une mère “tempête” chantant du matin au soir, elle rêvait d’une vie simple, loin des paillettes : devenir institutrice dans le désert. Une vocation poétique et solitaire, aux antipodes de la trajectoire qui l’attendait.

Le destin, cependant, en avait décidé autrement. Deux hommes, Jacques Baratier et René Vautier, frappent à sa porte. Sauvage et farouche, la jeune Claudia les fuit, mais son visage, découvert par un coup de vent imprévu lors du tournage des “Anneaux d’or”, est une révélation. Puis, c’est Omar Sharif qui l’attend à la sortie de l’école. Mais Claudia refuse, encore et toujours, le monde du cinéma. “Plus je disais non, plus ils insistaient”, se souvient-elle. C’est l’élection fortuite de la “plus belle Italienne de Tunisie” qui la propulse malgré elle au Festival de Venise. Son bikini, une révolution pour l’époque, et la frénésie des paparazzis scellent son sort. L’Italie l’appelle, mais la jeune femme est dépassée. Elle s’échappe, rentre en Tunisie, faisant la une des journaux : “La fille qui refuse de faire du cinéma.” Une anecdote qui révèle déjà la personnalité unique de celle qui deviendra une star mondiale.

L’Ascension : Entre Résistance et Rencontres Inoubliables

Claudia Cardinale arrive dans le cinéma italien avec un secret lourd à porter : sa grossesse. Pour ne pas briser sa carrière naissante, son producteur lui impose de cacher la naissance de son fils, Patrick, qui sera présenté comme son petit frère. Un “drame” personnel qui la pousse à vouloir son indépendance et à se battre. “C’est pour ça que je fais du cinéma”, confie-t-elle, révélant la force motrice derrière son succès.

Les années 60 sont celles de la consécration, des rencontres qui marqueront à jamais l’histoire du cinéma. Elle tourne avec les plus grands :

Marcello Mastroianni : Sur “Le Bel Antonio”, elle résiste à son charme, mais leur complicité à l’écran est indéniable.
Jean-Paul Belmondo : “La Viaccia”, où elle incarne une prostituée, est un de ses rôles préférés. Les tournages avec “Bébel” sont empreints d’une joyeuse camaraderie, de rires et de scènes d’amour où l’on se pinçait pour ne pas rire.
Alain Delon et Luchino Visconti : Le Guépard. C’est le film qui scelle sa légende. Visconti, exigeant et méticuleux, lui impose un corset si serré qu’elle en saigne. Le film est un échec à sa sortie mais devient un classique mythique. Des années plus tard, elle remonte les marches de Cannes avec Alain Delon pour la version restaurée, une émotion partagée par les “seuls vivants” de cette épopée. Leur couple à l’écran devient mythique, une alchimie intemporelle.
Federico Fellini : Avec “8 et demi”, elle est la muse, celle qui donne l’inspiration au réalisateur. Sans scénario, dans une totale improvisation, elle incarne la force de la création, affirmant son lien avec l’Afrique comme source d’inspiration.
Sergio Leone et Henry Fonda : “Il était une fois dans l’Ouest”. Sa scène d’arrivée, baignée par la musique envoûtante d’Ennio Morricone, est culte. Elle est la seule femme au milieu des cow-boys, et Henry Fonda, pour la première fois, joue un tueur d’enfants et une scène d’amour, sous l’œil attentif de son épouse et des paparazzis. Claudia, elle, a toujours refusé de se déshabiller à l’écran, “jamais voulu vendre mon corps”.

Hollywood et Au-delà : La Force d’un Tempérament

L’ouverture des portes d’Hollywood lui offre des collaborations avec des géants comme Steve McQueen, Gary Cooper, et John Wayne, qui la complimente en lui disant qu’elle “ressemble à un mec”, saluant son intrépidité sur les plateaux. Elle se lie d’une profonde amitié avec Rock Hudson, avec qui elle simule une relation amoureuse pour protéger la carrière de l’acteur, alors que l’homosexualité était un tabou à Hollywood.

Sa rivalité supposée avec Brigitte Bardot, surnommée “BB contre CC”, est dissipée sur le tournage des “Pétroleuses”. Loin d’une compétition, Brigitte est son “idole”. Elles s’entraînent ensemble pour les scènes de bagarre, refusant les doublures, unissant leurs forces féminines.

Claudia Cardinale a aussi été témoin des ravages du show-business, voyant des stars comme Rita Hayworth et Martine Carol se perdre dans l’alcool. Elle a, elle, toujours résisté. Alfred Hitchcock la reçoit à l’Universal, la dévisageant de la tête aux pieds. Furieuse, elle s’en va : “Je ne suis pas un objet !” refusant de tourner avec lui. Marlon Brando, son idole, la séduit dans sa suite d’hôtel avant de se moquer de son innocence. “J’étais bête là, vraiment bête”, confie-t-elle, mais cette anecdote révèle son intégrité.

L’Héritage d’une Légende

Aujourd’hui, Claudia Cardinale continue de fasciner. Avec plus de 120 films à son actif, elle conserve la même passion et la même humilité. Elle a toujours souhaité jouer tous les rôles, du drame à la comédie, acceptant même de se vieillir pour les besoins d’un film d’Henri Verneuil. Sur les plateaux, elle ressent toujours “très peur”, comme si c’était la première fois.

Mais c’est dans son contact avec le public que sa personnalité brille le plus. Sans garde du corps ni chauffeur, elle adore se balader et échanger avec les gens. “Si je suis là, c’est grâce à eux”, dit-elle. Une anecdote avec Robert De Niro, se déguisant en clochard pour ne pas être reconnu, tandis que Claudia signait des autographes, illustre parfaitement cette différence.

Son livre, qui retrace ses souvenirs, est un succès en Tunisie, où elle reste “la fille du pays”. Le message qu’elle transmet est celui de la force intérieure nécessaire pour évoluer dans ce métier sans se perdre. “Tu dois être très forte à l’intérieur”, affirme-t-elle.

Claudia Cardinale n’est pas seulement une actrice, c’est une force de la nature, une femme qui a su naviguer entre les mondes, entre la Tunisie et l’Italie, entre Hollywood et l’Europe, toujours fidèle à elle-même. Son sourire, sa voix, son regard continuent d’incarner une époque révolue, mais son héritage perdure, celui d’une femme libre, passionnée et incroyablement humaine. Un exemple de résilience et d’authenticité, dont la lumière ne cesse de briller, bien au-delà de l’écran.