« Dire NON pour sauver l’Europe » : Meloni livre une réplique féroce, dénonce l’hypocrisie de l’opposition et la facture de leurs « gaspillages »

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L’atmosphère était électrique au Sénat italien. Loin d’une simple formalité diplomatique en vue du prochain Conseil européen, l’intervention de Giorgia Meloni s’est transformée en un réquisitoire implacable, une contre-offensive chirurgicale visant à démanteler non seulement les critiques de l’opposition, mais aussi leur légitimité morale et politique. Pendant près d’une demi-heure, la Première ministre a défendu sa vision d’une Italie souveraine, d’une Europe pragmatique et d’un Occident uni, tout en renvoyant ses adversaires à ce qu’elle appelle leurs “mystifications”, leurs “gaspillages” et leur “irresponsabilité” patriotique.

Ce ne fut pas un discours de défense ; ce fut un acte d’accusation. Meloni, visiblement combative, a saisi chaque critique comme une arme pour la retourner contre son émetteur, dépeignant une opposition hypocrite, responsable du chaos financier et dangereusement déconnectée de l’intérêt national.

L’Occident d’abord : Réfuter le “démon” Trump et unir les alliés

La première salve a été tirée sur le front géopolitique. Répondant à l’ancien Premier ministre Mario Monti, qui lui demandait d’utiliser son “autorité” pour convaincre Donald Trump que l’Europe n’est “pas un démon”, Meloni a balayé l’argument. Elle a dépeint Trump comme un leader défendant logiquement son intérêt national, rappelant que son prédécesseur, Joe Biden, avait fait de même avec des mesures protectionnistes comme l’Inflation Reduction Act.

Mais son point était plus profond. Elle a dénoncé “l’erreur stratégique” de ceux qui tentent de “créer une division entre l’Europe et les États-Unis”. “Je travaille pour l’Occident”, a-t-elle martelé, “parce que je pense que l’Occident est fort lorsqu’il est uni”. Elle a affirmé utiliser son influence “côté américain et côté européen” pour renforcer ce lien.

Pour Meloni, la véritable faiblesse ne vient pas de Washington, mais de l’Europe elle-même. “L’Europe, ces dernières années, n’a souvent pas fait sa part”, a-t-elle lancé, citant les échecs en matière de sécurité, de défense et de compétitivité. Cette faiblesse, selon elle, est ce qui limite les options du continent. Elle a lié cette idée à la souveraineté : investir dans la défense n’est pas un acte de “subordination”, mais la condition même pour “être pleinement souverain” et “ne vouloir être subordonné à personne”.

« Dire NON pour sauver l’Europe » : La bataille de Bruxelles

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Cette vision d’une Europe qui doit se prendre en main a servi de transition à son deuxième front : Bruxelles. Meloni s’est positionnée non pas comme une ennemie de l’Europe, mais comme sa sauveuse pragmatique, celle qui ose dire la vérité face à des “diktats idéologiques insensés”.

Elle a rappelé comment les crises récentes ont exposé les erreurs stratégiques de l’UE : la pandémie a révélé la dépendance dangereuse aux “chaînes d’approvisionnement” chinoises pour les puces électroniques, et la guerre en Ukraine a mis à nu des “politiques énergétiques… erronées”.

Fort de ce constat, elle a justifié sa ligne dure sur des dossiers comme le Green Deal. “Dire ce qui ne fonctionne pas”, a-t-elle expliqué, “ce n’est pas être contre l’Europe. C’est essayer de sauver une Europe qui, parfois, a malheureusement dévasté sa propre force et sa propre compétitivité”. Dans une formule choc, elle a résumé sa philosophie : “Ce n’est pas en disant ‘oui’ qu’on aide. C’est en disant ‘non’ quand il faut dire ‘non’ qu’on aide [l’Europe] à être plus forte”.

Elle a confirmé cette ligne souverainiste en rejetant catégoriquement l’extension du vote à la majorité qualifiée au sein de l’UE. Si cela pouvait être “utile pour l’Ukraine”, a-t-elle admis, cela pourrait être dévastateur sur “de nombreux autres thèmes” où les intérêts de l’Italie seraient mis en minorité. “Ma priorité”, a-t-elle conclu froidement, “reste la défense des intérêts nationaux italiens”.

La guerre domestique : “Mystifications” et “Gaspillages”

C’est sur la politique intérieure que Meloni a porté ses coups les plus durs. Elle a accusé l’opposition de “mystification” pure et simple concernant la situation budgétaire. Elle a rappelé que ce n’est pas son gouvernement qui a mis l’Italie en procédure d’infraction. Au contraire, elle a accusé les gouvernements précédents d’avoir profité de la “liberté totale” accordée pendant la pandémie de COVID pour se livrer à des “gaspillages de toutes sortes”, citant “les masques achetés cinq fois leur prix… jusqu’aux trottinettes”. “Nous nous sommes retrouvés en procédure d’infraction”, a-t-elle insisté. “Trois ans plus tard, nous sommes en train de sortir de la procédure dans laquelle l’opposition actuelle nous avait conduits”.

Puis, elle a sorti l’artillerie lourde : le “Superbonus”. Répondant au sénateur Borghi qui opposait les dépenses militaires aux hôpitaux, Meloni a retourné l’argument avec une violence chiffrée. “La loi de finances vaut 18,7 milliards d’euros. Le Superbonus, cette année, en vaut 40”.

Le silence s’est fait sentir lorsqu’elle a ajouté : “Si j’avais eu ces 40 milliards d’euros… j’aurais couvert d’augmentations les forces de l’ordre, tout comme j’aurais fait avec la santé, tout comme j’aurais fait avec les salaires… tout ce que je ne peux pas faire parce que nous avons rénové les résidences secondaires et les châteaux”. L’opposition, venait-elle de dire, n’a aucune leçon de morale à donner, car c’est elle qui a brûlé l’argent qui manque aujourd’hui.

Le front de l’hypocrisie : Presse, Paix et Protestations

La dernière partie de son réquisitoire s’est concentrée sur ce qu’elle perçoit comme l’hypocrisie morale de la gauche.

Sur la liberté de la presse, tout en exprimant sa solidarité au journaliste menacé Ranucci, elle a immédiatement contre-attaqué le Mouvement 5 Étoiles (M5S). Elle leur a demandé où était leur indignation “quand le directeur du Giornale, Alessandro Sallusti, a été arrêté” ou “quand Tommaso Cerno et Daniele Capezzone ont reçu des menaces de mort”. Elle a rappelé les “tribunaux populaires” invoqués par Beppe Grillo et les “listes de proscription” de journalistes. Citant l’ONG Reporters Sans Frontières, elle a affirmé que l’Italie avait gagné neuf places au classement de la liberté de la presse sous son gouvernement.

Sur le plan de paix pour Gaza, elle a porté une accusation dévastatrice. Elle a reproché au PD et au M5S d’avoir refusé de soutenir le plan de paix de Trump, un plan qui, selon elle, “a été partagé par tous les pays arabes, par l’Autorité nationale palestinienne, par Israël, par l’Inde, par tous les pays européens”. En refusant de le soutenir, l’opposition, si elle avait été au pouvoir, aurait “totalement isolé l’Italie au niveau international”.

Enfin, elle a abordé les manifestations contre son gouvernement, en remerciant “ironiquement” une sénatrice d’avoir admis que les manifestations étaient “contre elle”. Pour Meloni, c’est la preuve ultime : “Quel est le cynisme d’utiliser la souffrance d’un peuple pour essayer de grappiller des votes et pour essayer de faire de la propagande ?”.

Giorgia Meloni a quitté le pupitre en ayant redéfini le champ de bataille. Elle s’est peinte en leader pragmatique, patriote et stable, forcée de nettoyer les dégâts financiers et idéologiques d’une opposition qu’elle décrit comme irresponsable, hypocrite et prête à “jeter l’opprobre” sur sa propre nation pour un gain politique. C’était, en somme, un discours de souveraineté absolue.