C’est une intervention qui ressemble à une déclaration de guerre politique. Invité ce matin sur le plateau de BFMTV face à Apolline de Malherbe, Jordan Bardella a frappé un grand coup en demandant solennellement à Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. Dans un contexte politique explosif, marqué par une absence de majorité stable et une crise budgétaire latente, le président du Rassemblement National pose un diagnostic sans appel : la France est dans une “impasse” et le système actuel ne pourra pas tenir jusqu’en 2027.

“L’Impasse Démocratique” : Le Constat d’Échec

D’emblée, le ton est grave. Pour Jordan Bardella, la situation actuelle n’est plus tenable. Il décrit un pays paralysé par des alliances “contre-nature” entre la Macronie et la gauche, conçues uniquement pour faire barrage au RN, mais qui ont fini par priver la France de toute gouvernabilité. “On arrive aujourd’hui au bout du chemin”, a-t-il martelé.

Selon lui, le gouvernement actuel souffre d’un déficit criant de légitimité démocratique. En refusant d’entendre la colère exprimée dans les urnes lors des dernières élections, l’exécutif aurait condamné le pays à l’instabilité. La solution, pour Bardella, est unique et radicale : redonner la parole au peuple souverain. “Le peuple français n’est pas le problème, il est la solution”, affirme-t-il, balayant les craintes de chaos. Pour lui, le véritable chaos, c’est la continuité d’une politique qui mène le pays dans le mur.

Un Contre-Budget de 40 Milliards d’Euros

Au-delà du constat institutionnel, Jordan Bardella est venu armé de propositions chiffrées, notamment sur le sujet brûlant des finances publiques. Alors que le gouvernement cherche désespérément des économies, souvent en lorgnant sur les impôts ou les retraites, le leader du RN propose une toute autre philosophie : la chasse à la “mauvaise dépense publique”.

Il a dévoilé un plan d’économies drastique de 40,4 milliards d’euros. Sa ligne rouge est claire : “Il n’y aura aucune économie faite sur la France du travail”. Pas question de toucher aux pensions ou d’augmenter la fiscalité des classes moyennes. Les gisements d’économies sont ailleurs, selon lui :

L’immigration : Il pointe du doigt le coût social exorbitant de l’immigration (qu’il chiffre entre 10 et 15 milliards d’euros), réclamant la suppression de l’Aide Médicale d’État (AME) et des prestations sociales pour les étrangers n’ayant pas cotisé suffisamment.

Le train de vie de l’État : Une débureaucratisation massive est promise.

L’Union Européenne : Il souhaite réduire la contribution française au budget de l’UE.

Sécurité et Justice : La Fin du Laxisme

L’autre pilier de son intervention concerne l’autorité de l’État. Faisant le lien direct entre immigration incontrôlée et insécurité grandissante, Bardella prône un tour de vis sécuritaire immédiat. “Le barrage républicain prend l’eau de toutes parts”, lance-t-il, signifiant que les Français ne croient plus aux promesses de fermeté du gouvernement.

S’il arrive à Matignon, il promet des mesures chocs dès les premières semaines :

Rétablissement des peines planchers pour empêcher les juges de prononcer des sanctions trop légères.

Fin des aménagements de peine pour les condamnations de plus de six mois fermes.

Expulsions systématiques des délinquants étrangers et des fichés S dangereux. Il dénonce une justice qui excuse trop souvent les bourreaux au détriment des victimes, promettant de remettre “l’endroit à l’endroit”.

Prêt à Gouverner

Enfin, Jordan Bardella a tenu à rassurer sur sa capacité à diriger le pays. À la question de savoir s’il accepterait le poste de Premier ministre, sa réponse est immédiate : oui. Il se dit prêt à gouverner, même en cas de majorité relative, s’il parvient à nouer des alliances ponctuelles “dans l’intérêt du pays”. Il lance d’ailleurs un appel du pied aux électeurs et élus des Républicains (LR), estimant que le “cordon sanitaire” n’a plus lieu d’être face à l’urgence de la situation.

En demandant la dissolution, Jordan Bardella ne fait pas que commenter l’actualité : il tente d’accélérer le temps politique. Il parie sur le fait que l’usure du pouvoir macroniste et la colère sociale rendront l’échéance de 2027 trop lointaine pour être supportable. Reste à savoir si Emmanuel Macron, seul maître du calendrier, prendra le risque de dissoudre une nouvelle fois, au risque de cohabiter avec son opposant le plus farouche. Une chose est sûre : le duel est lancé.