Gérald Darmanin, Catherine Vautrin, Sébastien Lecornu... Qui pour succéder  à François Bayrou ?

Dans une atmosphère de gravité politique palpable, Jordan Bardella était l’invité exceptionnel du journal de 20h de France 2 ce 12 septembre 2025. Alors que le président de la République vient de nommer Sébastien Lecornu à Matignon – le cinquième Premier ministre depuis 2022 –, le président du Rassemblement National a d’emblée posé les jalons d’une rentrée politique explosive. Entre menaces de censure, alerte économique rouge vif et appel à la jeunesse, retour sur une intervention qui place le gouvernement en sursis.

Le Spectre de la Censure Immédiate

“La question du ‘qui’ importe peu, la question c’est quelle politique ?” C’est par cette phrase que Jordan Bardella a balayé les commentaires sur la personnalité de Sébastien Lecornu, qu’il dit respecter en tant qu’homme mais qu’il est prêt à combattre férocement sur le terrain des idées. Pour le leader du RN, la nomination d’un fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron n’est pas un gage de renouveau, mais un risque d’aggravation de l’instabilité.

Le message envoyé à Matignon est clair et sans appel : pas question de faire du “copier-coller” avec le budget préparé par le prédécesseur, François Bayrou. Bardella a tracé ses lignes rouges avec une précision chirurgicale. Il refuse catégoriquement toute mesure qui demanderait aux Français de travailler deux jours supplémentaires gratuitement (en supprimant des jours fériés), toute hausse de la contribution française à l’Union européenne, et toute augmentation des prélèvements obligatoires, chiffrée à 20 milliards d’euros.

“Si Sébastien Lecornu reprend la copie de Monsieur Bayrou, alors il y aura censure”, a prévenu Jordan Bardella. Pour lui, la survie du gouvernement ne tient qu’à un fil : la capacité à opérer une “rupture franche” avec huit années de macronisme. Dans le cas contraire, il prédit une issue inévitable : une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale pour “retourner aux urnes” et redonner la parole au peuple.

L’Alerte Économique : La France “Plus Endettée que la Grèce”

Le constat dressé par Jordan Bardella sur l’état des finances publiques est terrifiant. Il dénonce une gestion calamiteuse qui a conduit la France à accumuler “1200 milliards d’euros de dette supplémentaire en 8 ans”, soit autant que durant les cinquante années d’après-guerre.

Mais le chiffre qui frappe les esprits est celui de la crédibilité de la signature française sur les marchés. “La France emprunte aujourd’hui plus cher que la Grèce, plus cher que la Slovénie, et désormais plus cher que l’Italie”, a-t-il martelé. Pour le président du RN, cette dégradation n’est pas une fatalité, mais le résultat de choix politiques désastreux. Il fustige les “économies de bouts de chandelle” sur le dos des Français qui travaillent, alors que des milliards sont, selon lui, gaspillés dans la “mauvaise dépense publique”, citant notamment le coût de l’immigration et les agences de l’État pléthoriques.

La “Tambouille” et les Dîners Secrets

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Interrogé sur des dîners privés qu’il aurait eus avec Sébastien Lecornu, Jordan Bardella a refusé de se laisser enfermer dans le procès en “tambouille politicienne”. Avec habileté, il a retourné l’argument contre le système médiatique, rappelant que de nombreux journalistes déjeunent eux aussi avec des politiques sans que leur intégrité ne soit remise en cause.

“On a le droit de se parler, d’échanger argument contre argument”, a-t-il justifié, affirmant que le dialogue républicain n’équivaut pas à une compromission. Cette mise au point visait à rassurer sa base électorale : discuter ne signifie pas trahir, et l’opposition du RN reste totale sur le fond.

Jeunesse et Sécurité : “La Génération qui n’a pas Connu la France qui va Bien”

L’un des moments forts de l’entretien fut l’adresse directe à la jeunesse. À la veille de ses 30 ans, Jordan Bardella s’est posé en porte-parole d’une génération sacrifiée, celle qui “n’a jamais connu la France en pleine prospérité”.

Il a décrit avec émotion le quotidien anxiogène des jeunes Françaises et Français, évoquant ces femmes contraintes de changer de tenue ou de trottoir par peur d’être importunées. “La première promesse que je leur fais, c’est de pouvoir sortir dans les rues de France sans avoir la crainte”, a-t-il lancé. Au-delà de l’économie, c’est sur le terrain identitaire et sécuritaire qu’il compte rallier les jeunes, leur promettant de restaurer la “fierté d’être Français”.

Il s’est en revanche opposé au droit de vote à 16 ans, privilégiant l’âge de 18 ans comme seuil de maturité citoyenne, tout en réclamant l’instauration de la proportionnelle pour que chaque voix compte enfin.

Réponse aux Attaques Personnelles

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Enfin, confronté à la question d’un téléspectateur lui reprochant de n’avoir “jamais travaillé”, Jordan Bardella a défendu la noblesse de l’engagement politique. Il a rappelé la charge de travail que représente la présidence du premier parti de France et la gestion de ses équipes. Une manière de dire qu’il est prêt à gouverner, non pas comme un technocrate déconnecté, mais comme un chef capable de prendre des décisions difficiles.

Il a conclu en tirant à boulets rouges sur Jean-Luc Mélenchon et les mouvements de contestation d’extrême gauche, les accusant de vouloir “l’implosion de la cohésion nationale”. Face au désordre promis par la rue, Bardella se positionne plus que jamais comme le recours de l’ordre et de la stabilité, attendant son heure – ou la prochaine dissolution – pour prendre les rênes.