Le cri d’alarme de Michel Drucker : Patrick Sébastien, l’icône festive au bord du gouffre ?

Alors que Patrick Sébastien laisse planer le doute sur une candidature à la présidentielle de 2027, affirmant vouloir “représenter le peuple” s’il le faut. Michel Drucker, dans les colonnes de La Tribune dimanche, décrit son ami comme un homme fragile et tourmenté, loin de son image publique, évoquant une personnalité “dépressive” et “suicidaire”.

Il est régulièrement présent dans le débat public ces derniers temps. Sa dernière prise de parole ? Il laisse le flou quant à une possible candidature à l’élection présidentielle de 2027. “Ils font des super phrases mais qu’est-ce que ça change pour nous dans la vie de tous les jours. Je voudrais représenter le peuple d’où je viens, que je connais. Donc si pour représenter ces gens, il faut que je me présente, pourquoi pas”, a déclaré Patrick Sébastien sur le plateau de “TBT9” de Cyril Hanouna.

Son ami Michel Drucker, a été interrogé sur l’ancien présentateur du Plus grand Cabaret du Monde et déclare des mots forts à l’encontre du chanteur, auprès de nos confrères de La Tribune dimanche.

“Patrick doute de tout”

“Il a toujours été considéré par la presse sérieuse, celle qui fait l’image, comme un chanteur de camping, ce qui est très injuste. Il en a beaucoup souffert. Patrick est dans la vie le contraire de son image publique, sensible et délicat. C’est une grande gueule dont il faut connaître le mode d’emploi”, décrit-il, comme le relaie TV magazine.

“Patrick doute de tout, c’est un grand inquiet, quelqu’un d’assez noir, dépressif, même un peu suicidaire ; il a eu une vie cabossée, avec des rires et des larmes. Il est beaucoup plus désespéré qu’on ne l’imagine” ajoute ensuite la star du petit écran

Il y a des mots qui pèsent plus lourd que d’autres. Des mots qui, prononcés par une voix respectée, viennent fissurer l’image publique d’une personnalité pour en révéler les failles, les douleurs, l’humanité brute. Ceux choisis par Michel Drucker pour décrire son ami de longue date, Patrick Sébastien, appartiennent à cette catégorie. “Dépressif”, “suicidaire”, “désespéré”. Trois mots, durs comme le marbre, qui tranchent radicalement avec l’image d’Épinal de l’éternel fêtard, du roi du samedi soir, du trublion national qui a fait danser des générations de Français. Cette confession, d’une rare intensité, n’est pas une indiscrétion ; elle ressemble à un cri du cœur, un appel à la bienveillance pour un homme qui, derrière son costume de lumière, affronterait les plus sombres ténèbres.

Pour des millions de gens, Patrick Sébastien est une incarnation de la joie de vivre. Un synonyme de confettis, de serviettes qui tournent et de refrains populaires entonnés à tue-tête. Il est l’homme du “Plus Grand Cabaret du Monde”, une bulle d’insouciance et de merveilleux dans un monde souvent anxiogène. Pourtant, selon son ami, le monument de la télévision Michel Drucker, cette façade festive dissimulerait une réalité aux antipodes. Le portrait qu’il dresse est celui d’un homme à terre, un “clown triste” dont le maquillage ne suffirait plus à cacher les larmes.

Quand une figure aussi emblématique et habituellement mesurée que Michel Drucker prend la parole de cette manière, on l’écoute. On l’écoute parce qu’il n’est pas homme à rechercher le scandale. On l’écoute parce que son amitié avec Sébastien est ancienne, sincère, et a survécu aux tempêtes du show-business. Drucker, lui-même revenu de très loin après de graves problèmes de santé, sait mieux que quiconque ce que la fragilité de l’existence signifie. Ses mots ne sont donc pas anodins. Ils sont le fruit d’une inquiétude profonde, d’une compassion pour un ami qu’il voit vaciller.

“Dépressif” : La blessure d’une carrière brisée

Le premier terme, “dépressif”, fait écho à une blessure encore à vif pour Patrick Sébastien : son éviction brutale de France Télévisions en 2019. Après plus de deux décennies de succès populaires et de records d’audience, il a été remercié sans ménagement, jugé trop “populaire”, trop “vieillot” pour la nouvelle ligne éditoriale du service public. Pour un homme qui a toujours vécu par et pour son public, ce rejet a été d’une violence inouïe. Plus qu’une fin de contrat, il l’a vécu comme une trahison, une humiliation publique. Il s’est senti jeté, périmé, effacé du paysage audiovisuel qu’il avait tant contribué à façonner. Cette mise à l’écart forcée a créé un vide abyssal, celui de la scène, des caméras, de l’adrénaline, mais surtout, celui du lien direct avec “ses” gens. Drucker suggère que cette blessure ne s’est jamais refermée et qu’elle alimente une mélancolie profonde.

“Suicidaire” : L’ombre indélébile du drame

Le mot le plus terrible, le plus glaçant, est sans conteste “suicidaire”. L’utiliser n’est jamais anodin. Il renvoie à la plus grande tragédie de la vie de Patrick Sébastien, un drame qui a marqué son âme au fer rouge : la mort de son fils, Sébastien, dans un accident de moto en 1990, à l’âge de 19 ans. Il allait être père quelques mois plus tard. Patrick Sébastien n’a jamais caché que cette perte était une amputation, une douleur avec laquelle il a dû apprendre à vivre, mais qui ne l’a jamais quitté. Il en a parlé dans ses livres, dans ses chansons, avec une pudeur poignante.

En prononçant ce mot, Michel Drucker ne fait pas une révélation, il met en lumière l’intensité d’une souffrance qui, avec les années, les déceptions et les coups durs, peut devenir insupportable. Le désespoir lié à cette perte irréparable, combiné au sentiment d’inutilité professionnelle, pourrait créer un cocktail dévastateur. La frénésie de travail de Sébastien, sa quête perpétuelle de la fête, n’ont-elles pas toujours été une manière de fuir ce chagrin immense, de faire taire ce silence assourdissant laissé par l’absence ? Aujourd’hui, avec moins de scènes et plus de temps pour penser, les vieux démons resurgissent peut-être avec une force décuplée.

“Désespéré” : Le désenchantement d’un homme debout

Enfin, “désespéré”. Ce mot dépeint un homme qui aurait perdu l’espoir. L’espoir en quoi ? En l’avenir, en la nature humaine, en sa place dans une société qui a changé. Patrick Sébastien s’est toujours posé en défenseur d’une France populaire, festive et bienveillante, une France des “gens simples”. Il voit aujourd’hui ce monde s’effriter, remplacé par une culture de la division, de l’agressivité et de l’éphémère. Son désespoir est peut-être celui d’un homme qui ne reconnaît plus l’époque dans laquelle il vit, qui se sent en décalage, un survivant d’un temps révolu. C’est le désenchantement d’un saltimbanque qui a tout donné à son public et qui a l’impression que le rideau est tombé, le laissant seul dans une salle vide.

Le témoignage de Michel Drucker est avant tout un acte d’amitié. C’est une façon de dire : “Regardez derrière le personnage. Voyez l’homme qui souffre.” C’est une tentative de rendre sa complexité et sa dignité à un ami trop souvent caricaturé. En exposant publiquement sa vulnérabilité, Drucker espère peut-être susciter une vague de soutien, de tendresse, pour celui qui a tant donné pour le divertissement des autres. C’est un rappel brutal que la célébrité ne protège de rien, et surtout pas de la douleur existentielle. Derrière les millions d’albums vendus et les audiences triomphales se cache un homme qui, comme tant d’autres, lutte pour trouver un sens à sa vie après les épreuves. Le portrait est bouleversant, mais il est nécessaire. Il nous force à regarder nos idoles non plus comme des produits de consommation, mais comme des êtres humains, avec leurs forces et, surtout, leurs poignantes faiblesses.