Le pacte meurtrier de Monique Olivier avec le tueur en série Michel Fourniret

L’histoire de Monique Olivier et Michel Fourniret est une descente aux enfers, un récit glaçant où l’amour a muté en une alliance criminelle d’une horreur inimaginable. Monique Olivier, la femme et la complice de l’un des tueurs en série les plus terrifiants de France, Michel Fourniret, a joué un rôle essentiel, presque indissociable, dans la série de meurtres qui ont endeuillé des familles entières. Sans elle, selon les avocats des parties civiles et les enquêteurs, Michel Fourniret n’aurait pas pu commettre autant d’atrocités. Elle était la servante, la complice, l’allumette qui a permis à la mèche de l’Ogre des Ardennes de s’embraser.

Leur rencontre, en 1987, est d’emblée macabre. Michel Fourniret est alors incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis pour des agressions sexuelles. Depuis sa cellule, il rédige une petite annonce pour le “Pèlerin Magazine”, un hebdomadaire catholique : “Prisonnier aimerait correspondre avec personnes de tout âge pour rompre solitude.” À des centaines de kilomètres de là, près de Montpellier, Monique Olivier, 39 ans, récemment divorcée et élevant seule ses deux enfants, lit cette annonce. Sa vie est alors marquée par le mal-être, la tristesse et une solitude profonde. Elle lui répond, et c’est le début d’une correspondance effrénée. En à peine trois mois, 217 lettres sont échangées.

Les courriers deviennent très vite passionnés, voire obsessionnels. Elle l’appelle son “Sherkan”, le tigre du “Livre de la Jungle”, lui la surnomme sa “sana-touche-à-tout”. Mais ces échanges ne sont pas que des mots doux. Très vite, un pacte criminel diabolique est scellé. Monique Olivier demande à Michel Fourniret de tuer son ex-mari, et en échange, elle lui promet de l’aider à enlever de jeunes filles vierges. Une promesse terrible, qui sera tenue avec une froide détermination.

En octobre 1987, Michel Fourniret est libéré de prison. Il s’installe avec Monique Olivier à Saint-Cyr-les-Colons, dans l’Yonne. Deux mois plus tard, le couple passe à l’acte. Leur première victime est Isabelle Laville, une jeune fille de 17 ans. Monique Olivier, seule dans sa voiture, aborde Isabelle qui marche au bord de la route. La jeune adolescente, confiante, monte à bord. Quelques centaines de mètres plus loin, Monique Olivier s’arrête, prétextant vouloir porter secours à un automobiliste en panne. Cet automobiliste n’est autre que Michel Fourniret. Le piège se referme sur Isabelle Laville. Quelques instants plus tard, la jeune fille est violée et tuée dans un chemin de campagne.

Ce meurtre d’Isabelle Laville marque le début d’une longue série d’atrocités qui durera seize ans. Monique Olivier et Michel Fourniret vont semer la terreur en région parisienne, dans les Ardennes, en Belgique. Et à chaque fois, Monique Olivier, fidèle à sa promesse diabolique, sera la complice active des meurtres de Michel Fourniret. Elle est celle qui attire les victimes, qui les met en confiance, qui les livre à la perversité de son mari.

En 2003, la tentative d’enlèvement d’une jeune fille échoue. Michel Fourniret est arrêté, et Monique Olivier l’est également. Le couple est placé en garde à vue. Mais Monique Olivier se tait. Il faudra attendre son 121ème interrogatoire pour qu’elle commence enfin à parler, à livrer, petit à petit, quelques-uns des terribles secrets de leur couple diabolique.

En 2008, le couple est jugé devant la cour d’assises des Ardennes pour sept meurtres. Michel Fourniret écope de la réclusion criminelle à perpétuité. Monique Olivier est également condamnée à la perpétuité, avec une peine incompressible de 28 ans, la plus lourde jamais infligée à une femme à cette époque. Le procès met en lumière la symbiose macabre de ce couple, le rôle indispensable de Monique Olivier dans les crimes de son mari. “Quand j’étais présent au procès, je peux vous dire quoi personne m’a dit qu’il y avait quelque chose à sauver chez Monique Olivier,” témoignera un observateur.

Ce procès achève de déchirer le couple. En 2010, Michel Fourniret et Monique Olivier divorcent derrière les barreaux, là où leur histoire avait réellement commencé des années auparavant. Michel Fourniret est décédé au printemps 2021, dans une chambre cellulaire de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Monique Olivier, elle, est toujours détenue. Toujours en prison, elle a été mise en examen dans de nouveaux dossiers, notamment dans la disparition d’Estelle Mouzin, en janvier 2003 à Guermantes en Seine-et-Marne. Des fouilles ont eu lieu, et continuent d’avoir lieu, avec la participation de Monique Olivier qui tente d’aider les enquêteurs. Mais sa mémoire flanche, ou du moins, elle peine à se souvenir de l’endroit où le corps d’Estelle Mouzin a pu être enterré.

Aujourd’hui, Monique Olivier a toujours ce regard triste, les cheveux blancs. Et derrière ce regard, sous ces cheveux, il y a encore sans doute de terribles secrets à apprendre, des vérités à révéler sur l’ampleur réelle de leur pacte démoniaque. Elle est l’incarnation d’une femme qui a sombré dans l’horreur la plus absolue, entraînée par un homme dont la perversité n’avait aucune limite. Son histoire est un rappel brutal des abîmes que peut atteindre l’âme humaine, et du rôle parfois insoupçonné des complices dans les crimes les plus odieux. L’affaire Fourniret et Olivier restera à jamais gravée dans la mémoire collective comme l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire criminelle française.