Léa, 3 ans, victime d’une vengeance paternelle : L’indicible drame qui secoue la France

Dans le jardin, Blandine, le cœur lourd et le regard perdu, se penche pour ramasser une fleur. Un geste simple, mais chargé d’une douleur infinie. Sa fille, Léa, n’est plus là. Il y a un mois, cette petite fille de 3 ans, à l’aube de ses 4 ans, est morte asphyxiée dans des circonstances tragiques. L’horreur a frappé cette famille de plein fouet, laissant derrière elle un vide abyssal et une incompréhension totale. “On a l’impression qu’elle est partie en vacances et puis que qu’elle va réapparaître et puis puis non,” confie Blandine, sa voix brisée par l’émotion. “Elle n’aimait pas me voir pleurer,” ajoute-t-elle, un sanglot étouffé. Le coupable, l’unique suspect, n’est autre que son père, Cédric Mailleux, aujourd’hui introuvable.

Cédric Mailleux, un homme de 26 ans, et Blandine, 18 ans, se rencontrent en 2012, travaillant tous deux dans le même restaurant. Cette même année, ils deviennent parents de la petite Léa, et peu après, se marient. Le couple s’installe au bord du lac Léman, dans une petite copropriété. Pendant trois ans, leur bonheur semble inaltérable. Mais l’ombre de l’alcoolisme de Cédric s’étend progressivement sur leur foyer. Début 2015, la situation devient intenable. “Il était tellement pris dans l’alcool que que il rentrait plus et que il s’occupait plus de nous,” explique Blandine. “Au bout d’un mois comme ça, j’ai décidé d’arrêter pour moi pour ma fille, parce que je voyais qu’elle commençait à grandir et que c’était plus possible pour elle. Il y a bien un moment, voilà, elle se rend compte de ce qu’elle avait autour d’elle et non, non, je ne voulais pas.”

En juin 2015, Blandine quitte le domicile conjugal avec sa fille pour se réfugier chez une amie. C’est à partir de ce moment que le comportement de Cédric prend une tournure menaçante. Son amie, ancienne voisine du couple, décrit un homme qui n’a jamais accepté la séparation, devenant de plus en plus agressif. “Il lui envoyait des messages juste horribles en la menaçant, en la harcelant en disant que si elle revenait pas qu’il allait arriver quelque chose de grave.” Des dizaines de SMS par jour, utilisant Léa comme un instrument de terreur. “Je vais pourrir ta vie, crois-moi, tu la verras plus, je suis prêt, tu n’as pas tout vu, tu vas pleurer tous les jours, profite, tu vas voir, je te promets le pire.”

En janvier dernier, Blandine entame une procédure de divorce. Pour tenter d’apaiser la colère de Cédric, elle consent à une garde alternée, Léa passant la moitié de son temps chez son père. Blandine, de son côté, refait sa vie avec Kevin, son nouveau compagnon, et son petit garçon. Une nouvelle famille recomposée que Cédric ne supporte pas.

Un soir, Blandine et Kevin le surprennent en bas de leur immeuble, en train de dégonfler les pneus de leur voiture. Blandine porte plainte. La peur s’installe, mais les échanges pour la garde de Léa sont inévitables. Pour se protéger, Blandine choisit des lieux publics, comme une station-service. Anthony, le pompiste, est témoin d’un échange violent entre Cédric et Blandine. “D’un coup, il, il commence à lever les bras, à s’approcher de Blandine, je vois Blandine recule qu’elle essaie de l’éviter, elle fait même le tour de la pompe à un moment parce qu’il la suit et il commence vraiment à devenir très agressif et elle va pour partir et carrément il se saute, il saute carrément sur son capot et il s’accroche dessus, donc elle essaie, elle part et je la perds de vue et puis deux minutes après je la vois revenir, il est encore sur le capot, mais de l’autre côté de la route, je me dis mais non mais c’est, c’est pas réel quoi.” Blandine parvient à s’enfuir avec sa fille et se rend directement au commissariat.

Cédric est placé en garde à vue. Son avocate, Cécile Planchot, le décrit comme un homme perdu, “accablé par la situation qu’il a créée et les conséquences que ça, ça peut avoir dans sa relation avec son enfant.” Il se sent humilié par la procédure de divorce, fondée sur ses problèmes d’alcool, et surtout, par la découverte de la nouvelle vie de Blandine avec un autre homme. “Il décolère pas d’avoir été pris pour un con.”

Blandine souhaite obtenir la garde exclusive de Léa, mais l’audience n’est prévue qu’un mois plus tard, à la mi-juin. En attendant, elle est contrainte de remettre Léa à son père. “Le mardi je la ramène à l’école le mardi matin et puis le mardi soir je suis là pour la récupérer avec ma maman et on y va et il est devant l’école donc voilà, c’est a le droit, il a le droit de la récupérer donc c’est lui qui la prend.” Ce mardi-là sera la dernière fois que Blandine verra sa fille vivante.

Le lundi suivant, Cédric ne dépose pas Léa à l’école. En fin d’après-midi, le corps sans vie de la fillette est découvert dans son lit, chez son père. Elle serait morte étouffée. Cédric, lui, est introuvable. Il est parti sans téléphone ni carte bancaire. Une quarantaine de gendarmes et deux hélicoptères sont mobilisés pour le localiser. Seule sa voiture est retrouvée deux jours plus tard sur un parking. Un automobiliste déclare ensuite l’avoir pris en stop pour le déposer à proximité de la gare. Depuis, plus aucun signe de vie de Cédric Mailleux.

À l’exception d’une lettre manuscrite reçue par Blandine cinq jours après le drame. Impossible de connaître son lieu d’expédition, mais son authenticité ne fait aucun doute pour le procureur. “C’est une lettre en quelque sorte de revendication au terme de laquelle le père dit en substance, je je je lis, j’avais noté les mots, mais ‘tu as voulu une nouvelle vie, maintenant tu l’as mais sans Léa, tu as perdu ce que tu aimes le plus au monde, je suis très heureux de te savoir malheureuse’ et c’est l’essentiel du contenu de cette lettre, il se réjouit d’avoir rendu malheureuse celle dont il a eu un enfant.”

Jusqu’à ce drame, Cédric Mailleux était un homme sans histoire. Pour sa famille, ce drame est incompréhensible. Sa sœur jumelle, qui a accepté de se confier à visage caché, décrit un père et un mari comblé. “Ils étaient très heureux, très très amoureux, un papa aimant avec sa sa sa petite avec sa femme aussi, il a, ils ont vécu de très très très bons moments. Jamais, mais vraiment on aurait pu penser ça, mais jamais jamais jamais parce que je jusqu’au bout et je suis persuadée jusqu’à la dernière seconde, il a aimé sa fille.”

La famille de Cédric pense qu’il a drogué Léa avec des anxiolytiques. “Nous, on est quand même sûr qu’il lui a mis des médicaments pour dormir là, les anxiolytiques ou alors je pense qu’il lui c’est ça moi pour moi elle est morte comme ça, pour moi il l’a endormi. Il se dit psychologiquement ‘le papa, je l’ai endormi, je l’ai pas tué’. Je pense que dans l’état où il était, c’est pour lui c’est il est endormi et elle a pas souffert. En tout cas, j’espère qu’elle a pas souffert et puis après ben qu’a mis dans son lit et il l’a couverte, lui a mis sa petite son doudou et puis il est parti.”

Où est Cédric Mailleux aujourd’hui ? Est-il toujours en cavale ou s’est-il donné la mort ? Autant de questions qui hantent Blandine. “Mon attente c’est de le retrouver principalement euh mort ou vivant bien sûr, euh vivant euh vivant je préférerais pour pouvoir le regarder droit dans les yeux euh dans ce box et puis euh et puis euh voilà de voir de le voir condamner pour euh pour m’avoir enlevé ma princesse.” La gendarmerie a lancé un appel à témoin pour retrouver Cédric Mailleux, visé par un mandat d’arrêt international. Le drame de Léa est le symbole terrifiant d’une vengeance conjugale qui a coûté la vie à une innocente, laissant derrière elle une famille déchirée et une mère à jamais meurtrie.