L’enlèvement de Jessica Mullenberg : 104 jours d’horreur et la résilience d’une enfant brisée

L’histoire de Jessica Mullenberg est un récit qui glace le sang, celui d’une enfance volée, d’une résilience à toute épreuve, et des failles d’un système qui a trop longtemps ignoré les signaux d’alarme. Née en 1982 dans le Wisconsin, Jessica grandit au sein d’une famille recomposée aimante, mais son chemin croisera très tôt l’ombre de prédateurs.
Une enfance marquée par les abus
Dès l’âge de 5 ans, alors que ses parents divorcent, Jessica commence à passer un week-end sur deux chez son père. C’est là que le cauchemar débute. Son père, souvent préoccupé, la confie au grand-père de sa nouvelle petite amie, un homme à l’allure inoffensive qui se révélera être son premier agresseur. Il s’introduit dans son lit, la caresse, puis abuse d’elle, la contraignant au silence par la menace. Peu après, le colocataire de son père prend le relais, la forçant à des actes sexuels. Pendant deux longues années, Jessica grandit entre ces deux prédateurs, vivant un enfer en silence, conditionnée à obéir aux adultes, à garder ces “secrets”.
À 8 ans, son père déménage, et Jessica pense être libérée de ses bourreaux. Mais le répit est de courte durée. En CE2, elle fait la rencontre de Steven Oliver, 35 ans, le nouvel assistant pédagogique de son école. Cet homme, au physique peu avenant mais à l’approche douce, est chargé de donner des cours d’anglais et d’écriture. Jessica, passionnée par l’écriture, est d’abord ravie. Mais Steven, un pédocriminel notoire qui choisit de travailler auprès des enfants, développe une obsession malsaine pour elle. Il emménage non loin de chez sa mère, crée un club d’écriture pour les enfants du quartier, un prétexte parfait pour se rapprocher de Jessica.
Steven gagne doucement sa confiance, l’enchaînant par des cadeaux et une attention constante. Puis, les agressions reprennent, d’abord par la contrainte, puis par la violence physique. Chaque refus de Jessica est puni par des coups, des claques, des coups de poing dans le dos et les jambes. Steven use de manipulation psychologique, alternant compliments et humiliations, lui brisant ses repères, lui faisant croire qu’elle est “moche, stupide, inutile”. À 10 ans, Jessica ose enfin se rebiffer, mais la riposte est terrible : Steven la poignarde au ventre. La blessure est superficielle mais le message est clair : si elle parle, il tuera toute sa famille. Jessica n’ose plus rien dire.
Les avertissements ignorés et le kidnapping planifié
Quelques mois plus tard, la famille de Jessica déménage. Monica, sa mère, est soulagée, pensant éloigner sa fille de Steven. Mais le prédateur retrouve leur adresse et se présente à leur porte. Monica, qui le trouvait déjà “pas net”, lui claque la porte au nez et lui interdit de revenir. Steven insiste, appelant Monica à de multiples reprises, lui proposant de poursuivre son “enseignement” avec Jessica. Monica, de plus en plus inquiète, contacte la police, signalant le comportement étrange de cet homme, craignant même un enlèvement. Mais les policiers, faute de preuves tangibles, lui répondent qu’ils ne peuvent rien faire. Les avertissements de Monica, son instinct maternel, sont ignorés.
Steven se tourne alors vers le père de Jessica, Dale, un homme crédule et négligent. Il lui propose un “projet d’édition” pour le livre de Jessica, lui promettant des contacts et une carrière. Dale, aveuglé par la perspective de voir sa fille publier, accepte, sans en parler à Monica. Il autorise Steven à emmener Jessica seule pour un week-end à Madison, à 2h30 de route, pour travailler sur le livre et la loger dans un hôtel avec piscine.
Le 16 septembre 1995, Steven vient chercher Jessica. La jeune fille, sans aucune illusion, remplit son sac. Elle sait qu’elle sera abusée, mais elle ne se doute pas qu’elle est sur le point d’être kidnappée. À son réveil, elle est attachée à la banquette arrière. Steven, d’une voix terrifiante, lui impose une nouvelle identité : “Cindy Johnson”, lui invente une histoire tragique de famille décédée. Il lui explique qu’il a un couteau et n’hésitera pas à s’en servir si elle tente quoi que ce soit. Jessica comprend l’horreur : Steven, sur le point d’être arrêté pour fraude électronique, a planifié sa fuite et l’a emmenée avec lui.
104 jours de captivité et de lavage de cerveau

Steven roule des heures, puis prend l’avion pour Houston, au Texas, grâce à de fausses pièces d’identité. À l’époque, les contrôles sont moins stricts qu’aujourd’hui, permettant à un petit couteau et des documents falsifiés de passer inaperçus. À Houston, il change son apparence, teint ses cheveux en brun, et l’habille en garçon. Jessica est méconnaissable et désespérée. Il l’installe dans un hôtel miteux et la séquestre.
Pendant ce temps, à la fin de la journée, Dale s’inquiète du retard de Jessica. Monica, horrifiée d’apprendre que son ex-mari a confié leur fille à Steven, panique. L’alerte est donnée. Les enquêteurs prennent l’affaire au sérieux, mais doutent d’abord d’un kidnapping, évoquant une disparition volontaire. Monica est furieuse, rappelant ses alertes ignorées.
La médiatisation de l’affaire est immédiate. Des milliers d’affiches sont distribuées. Le FBI prend le dossier en charge, suspectant une fuite hors de l’État. Steven, qui s’attendait à la médiatisation, maintient sa stratégie de mobilité et de discrétion, changeant régulièrement d’hôtel. Jessica endure des agressions quotidiennes, d’une violence inouïe.
Steven trouve un emploi d’homme d’entretien dans un hôtel, ce qui lui permet de loger gratuitement et de poursuivre ses abus. Jessica tente de s’échapper en utilisant le téléphone de la chambre, mais Steven a reparamétré les touches, rendant tout appel impossible. Elle persévère pendant des jours, mais finit par abandonner, se disant qu’il ferait une erreur un jour.
Les semaines se transforment en mois. La solitude et la violence altèrent les perceptions de Jessica. Steven, jour après jour, lui lave le cerveau, la noie d’informations sur sa fausse identité, Cindy Johnson, lui répétant qu’elle n’est “rien”, que ses parents la détestent et que personne ne l’aime. Jessica commence à croire à cette réalité altérée, ses souvenirs se mélangent, sa propre identité s’efface.
Le miracle des retrouvailles
L’enquête piétine depuis plus de trois mois. Le FBI, en dernier recours, décide de faire appel à l’émission “America’s Most Wanted”, une émission populaire qui sollicite l’aide du public pour retrouver des criminels. Le 28 décembre 1995, l’émission est diffusée. Par miracle, ce soir-là, Steven, habituellement un téléspectateur assidu, ne la regarde pas. Mais une employée de l’hôtel de Houston reconnaît immédiatement le “gentil David Johnson”, qu’elle découvre être Steven Oliver, le prédateur d’enfants recherché. Elle contacte aussitôt les autorités.
En un temps record, le FBI et la police de Houston montent une opération d’intervention. À 2h du matin, une équipe armée enfonce la porte de la chambre d’hôtel. Steven est plaqué au mur et entravé. Jessica est réveillée en sursaut. Un agent lui demande son nom, elle répond “Cindy Johnson”. “Non, tu t’appelles Jessica”, lui dit un autre agent.
Jessica est sauvée après 104 jours de captivité. Au poste, les photos de ses parents l’aident à retrouver la mémoire. Monica prend le premier avion pour Houston. Les retrouvailles, filmées et diffusées dans le monde entier, sont empreintes d’une émotion intense. Jessica reconnaît sa mère et tous ses souvenirs oubliés reviennent d’un coup. Elle est fatiguée, pâle, mais vivante.
Les séquelles d’un traumatisme et la force de se battre
Jessica, malgré le traumatisme, veut reprendre une vie normale. Elle insiste pour retourner à l’école dès le lundi suivant, refusant de parler de sa captivité, dans un mécanisme de déni. Certains de ses camarades, indélicats, lui posent des questions blessantes : pourquoi n’a-t-elle pas fui ? Pourquoi n’a-t-elle pas parlé plus tôt ? Elle comprendra que personne ne peut comprendre l’ampleur des violences et du conditionnement qu’elle a subis.
En juin 1996, lors du procès de Steven Oliver, Jessica est obligée de témoigner, expliquant les détails horribles de ses abus. Steven est condamné à 40 ans de prison sans possibilité de libération conditionnelle. Justice est faite.
Mais Jessica trouve aussi la force de dénoncer ses deux premiers agresseurs, le grand-père de la petite amie de son père et le colocataire, qui sont également arrêtés et condamnés.
Les séquelles de ses années d’abus sont profondes. Sur le plan psychologique, Jessica luttera des années contre un stress post-traumatique. Son corps aussi est marqué : plusieurs opérations de la mâchoire, des os du visage mal développés à cause des coups violents, et surtout, l’annonce qu’elle ne sera probablement jamais mère, une partie de son appareil reproducteur ayant été “saccagée” par les viols répétés.
Pourtant, Jessica brise le cycle de la violence. Après une relation avec un homme violent, elle trouve la force de le quitter. Elle se marie à Curtis, rencontre au bowling. Et, contre toute attente, elle tombe enceinte, non pas une, mais deux fois. Elle est l’heureuse maman d’un garçon et d’une fille.
Aujourd’hui, Jessica aide bénévolement d’autres victimes. Elle refuse de laisser Steven Oliver gagner. Son message est un appel à la vigilance, un rappel constant que le corps de chaque enfant lui appartient et que personne n’a le droit de le toucher contre sa volonté. L’histoire de Jessica Mullenberg est celle d’une petite fille brisée, mais qui a su, grâce à une force intérieure insoupçonnée, se reconstruire et transformer sa souffrance en un combat pour la protection des enfants.
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