Meurtre de Lola : « J’ai voulu faire du mal à Mustapha et je me suis vengée d’elle », a témoigné devant le tribunal l’accusée qui a déclaré avoir fait cela par accident et avoir subi des représailles…

Pour la quatrième journée consécutive, Dahbia Benkired, 27 ans, est jugée devant la cour d’assises de Paris pour avoir violé, torturé et tué Lola Daviet, une adolescente de 12 ans, le 14 octobre 2022 à Paris, avant de transporter son corps dans une malle.
« Je vais pas boire du sang, je suis pas un vampire »
« Vous avez bu du sang ? », demande le président, qui revient sur le sujet. « Non… J’ai laissé la bouteille chez Rachid », explique-t-elle, affirmant qu’elle a mis le sang dans la bouteille pour « pas qu’il ne coule par terre ».
« Vous l’avez dit au psychologue que vous aviez bu du sang de Lola », insiste le président. « J’ai dit n’importe quoi. Je vais pas boire du sang, je suis pas un vampire », répond Dahbia Benkired.
17:45
« Il y avait la police partout »
A sa demande, Rachid N., qui a été entendu ce mardi, vient la chercher. Ils rentrent ensemble chez l’homme à Asnières-sur-Seine. Après avoir pris une douche et s’être changé, elle descend avec lui manger dans un établissement de restauration rapide, laissant la malle et les valises chez lui.
Après le dîner, Rachid N. lui aurait demandé de coucher avec elle. Après avoir refusé, elle repart sur Paris, avec un Heetch commandé par Rachid N., pour aller chez sa sœur, rue Manin, dans le 19e arrondissement. Avant, elle se débarrasse d’une de ses deux valises « parce qu’il y avait des affaires de la petite dedans ».
Arrivée en bas de l’immeuble, avec sa malle contenant le cadavre et l’une des deux valises, l’accusée explique qu’« il y avait la police partout », se souvient-elle. Elle fait descendre sa sœur Friha, avant de prendre peur et de fuir. Le 14 octobre 2022, elle dort chez un ami à Bois-Colombes. Elle sera interpellée le lendemain.
17:37
« Je suis revenue dans mon état normal, c’est comme s’il ne s’était rien passé »
Le président passe maintenant aux heures qui ont suivi. Après son crime, Dahbia Benkired décide de quitter la résidence avec deux valises et la malle dans laquelle se trouve le corps de Lola. « Et là, j’appelle tout le monde », explique-t-elle, ajoutant : « je suis revenue dans mon état normal, c’est comme s’il ne s’était rien passé », explique-t-elle.
Elle confirme ensuite qu’elle s’est rendue dans le bar « Le Rallye », accompagné d’un homme. « Il est possible que vous lui ayez dit que vous vendiez un rein ? », lui demande le président. « Pas du tout », répond l’accusée.
En sortant du bar, Dahbia Benkirend tente de monte dans un camion de ferrailleurs. « Il me dit que j’ai pas assez d’argent, il me fait descendre », explique-t-elle. « Je suis ensuite partie chercher des chouquettes. Mes affaires n’avaient pas bougé. La police est même passée près de moi », se souvient l’accusée.
17:24
« Je voulais la mettre dans des sacs, mais le corps était trop lourd »
Le président passe ensuite à la malle. Comment l’accusée a-t-elle décidé de placer le corps dedans ? « Je voulais la mettre dans des sacs, mais le corps était trop lourd », explique-t-elle.
Le président lui demande si elle n’a pas pris une malle pensant qu’elle allait démembrer sa victime. « Je ne pourrais pas faire ça. Je ne peux pas faire un truc pareil », poursuit l’accusée. Devant la juge d’instruction, elle a pourtant déclaré qu’elle avait pensé à la démembrer.
Dahbia Benkired explique comment elle a rentré le corps dans la malle. « Pourquoi ce linge dans la malle et l’eau de javel ? », demande le président. « Je craignais l’odeur », répond l’accusée. « On ne voyait que les vêtements, on ne voyait pas le reste », ajoute-t-elle, au sujet des couvertures qui dépassaient du couvercle.
D’elle-même, l’accusée revient sur le sang de Lola qu’elle aurait mis dans une bouteille. « Avant de partir, j’ai pris une bouteille et, du côté où j’ai mis le coup de couteau, j’ai pris un tout petit peu de sang », explique-t-elle, d’un air totalement détaché.
« Ah oui j’ai oublié, elle s’est pissée dessus aussi », ajoute-t-elle, toujours avec un détachement. Lundi, à la barre, le médecin légiste avait expliqué qu’au moment de l’asphyxie, les victimes pouvaient uriner.
17:20
« Je pensais que c’était un mouton » : les explications lunaires de l’accusée sur les coups de couteau et de ciseaux
Le président revient sur les coups de couteau et de ciseaux portés par l’accusée dans le dos de Lola. « À partir de là, vous n’allez pas me croire, j’ai commencé à la voir comme un mouton. La peau était dure, comme un mouton », explique l’accusée, qui ajoute que c’est à ce moment-là qu’elle a inscrit les chiffres 0 et 1 sur les pieds de Lola.
« J’ai mis un coup de couteau et un coup de ciseau car je pensais que c’était un mouton », ajoute-t-elle une nouvelle fois. « Si vous pensiez que c’était un mouton, c’est horrible, mais pourquoi vous ne l’avez pas égorgé ? », tente le président. « J’y arriverais pas, jamais », répond l’accusée.
17:14
L’accusée a scotché Lola car elle avait « peur » qu’elle la « dénonce »
Après avoir imposé des actes sexuels à Lola, l’accusée dit avoir « commencé à la scotcher », car elle avait « peur qu’elle en parle à sa famille », qu’elle l’a « dénonce », rappelant qu’elle pensait être face à un fantôme.
« Quand vous la scotchez, est-ce que vous vous dites que c’est pour la tuer ? », la questionne le président. « Toute la haine que j’avais en moi, je l’ai sortie en elle », répond-elle. « C’était pour qu’elle ne parle plus ? », continue le président. L’accusée confirme.
« Dans tous les cas, je savais qu’elle allait mourir. C’était la première fois que je faisais ça », ajoute Dahbia Benkired.
17:11
« Tout ce qu’il s’est passé, je vous le raconte »
Le président tente désormais de lui faire reconnaître les pénétrations anales et vaginales, démontrées par les expertises médicales. Lundi, les médecins légistes avaient confirmé la présence de lésions au niveau du vagin et de l’anus.
Mais Dahbia Benkired conteste toute pénétration. « Moi, je vous dis que la vérité. Tout ce qu’il s’est passé je vous le raconte », explique-t-elle.
17:08
« Je l’ai attrapée par les cheveux »
Le président revient sur l’agression sexuelle que l’accusée a imposé à Lola. « Lola, elle a pas crié, pas pleuré », s’étonne le président. « Non, elle a pas réagi, j’en fais des cauchemars tous les soirs », enchaîne l’accusée.
« Je l’ai attrapée par les cheveux pour le faire comme le faisait Mustapha (son ex-compagnon), mais sans violence », ose-t-elle, précisant avoir « mis la tête de l’enfant entre ses jambes ».
L’accusée affirme ensuite que Lola « était d’accord pour faire tout » ce qu’elle lui demandait. La phrase est « difficile à entendre », souligne le président, qui ajoute : « elle ne devait pas être d’accord ».
17:00
« Dans la douche pour moi, elle s’est transformée en fantôme »
Selon l’accusée, Lola n’a pas perdu connaissance quand elle lui a frappé la tête contre le carrelage dans la salle de bains. « Dans la douche pour moi, elle s’est transformée en fantôme. Elle disait rien, elle parlait pas », explique-t-elle.
« Moi on m’a dit que quand je l’ai scotchée, elle était encore vivante. Pour moi, elle était morte », estime l’accusée, avant de se contredire: « Quand je l’ai scotchée, on m’a dit que pour moi son cœur battait encore, qu’elle était encore vivante ».
« Pour vous elle est morte de quoi Lola ? », questionne le président. « Crise cardiaque, je crois », répond Dahbia Benkired. « Elle est morte d’un syndrome asphyxique. Du fait du scotch, ou par ce qu’il y a eu strangulation », lui explique le président. « Pas du tout. Je l’ai pas étranglée, je l’ai juste scotchée », le coupe l’accusée.
16:50
« Je lui ai touché les seins et je lui ai claqué la tête contre la paroi de la douche »
Une fois dans l’appartement, Dahbia Benkired demande à Lola Daviet de se déshabiller, selon son récit. « Elle se retrouve nue dans cette pièce. Elle a encore peur ? », demande le président. L’accusée acquiesce.
Pourquoi l’accusée a-t-elle demandé à Lola de prendre une douche ? « J’ai infligé à Lola ce qu’on m’a déjà fait », explique Dahbia Benkired, faisant référence à ses propos la veille, où elle avait expliqué que son ex-compagnon lui demandait de se doucher avant de lui imposer une fellation.
« Vous aviez une envie sexuelle ? », demande le président. L’accusée confirme, explique que « d’un coup c’est venu dans sa tête ». « Vous aviez l’idée de vous faire pratiquer un cunnilingus par Lola avant la douche? », demande le président. « J’y ai pensé quand elle était dans la douche », répond l’accusée. « Pourquoi lui demander de se doucher si vous vouliez un cunnilingus. Pourquoi lui faire laver le corps et pas la bouche si vous vouliez un cunnilingus ? », enchaîne le président. « Je ne l’ai pas touchée en bas. Je ne l’ai jamais touchée en bas », martèle l’accusée.
À ce moment-là, Lola est dans la baignoire, assise nue sur un petit tabouret. « Je lui ai touché les seins et je lui ai claqué la tête contre la paroi de la douche avec ma main », détaille-t-elle, ajoutant que le coup n’était « vraiment pas fort ». « Franchement, je vous dis la vérité, je l’ai pas tapée fort (…) Je vous le jure », poursuit-elle.
16:45
Alerte
« Elle m’a dit : Madame s’il vous plaît, ne me faites pas mal »
Dahbia Benkired explique ensuite avoir tiré par le bras pour rentrer dans l’ascenseur. « Elle réagit pas, elle dit rien. Elle a pas réagi jusqu’à la dernière minute après ce que je lui ai fait », explique l’accusée.
« En haut, elle m’a dit : ‘Madame s’il vous plaît, ne me faites pas mal’. Je lui ai répondu : Ne t’inquiète pas, je ne te ferai pas de mal », relate l’accusée, soutenant ne l’avoir jamais menacée.
16:39
Alerte
« Vu que je l’avais violée, autant la tuer »
Face à ses contradictions, le président insiste auprès de l’accusée. « Elle est où la vérité ? », l’interroge le président, sceptique sur ses réponses.
« C’est pas que je voulais la tuer, mais c’est que je voulais faire du mal à quelqu’un. Mais vu que je l’avais violée, autant la tuer », lâche Dahbia Benkired.
16:30
« Je me suis dit dans ma tête, je vais faire du mal à quelqu’un », reconnaît l’accusée
Mais pourquoi Dahbia Benkired s’en est-elle pris à Lola si elle veut se rendre à Bry-sur-Marne pour voir Mustapha M. ? « Je sais pas, d’un coup, je me suis dit dans ma tête je vais faire du mal à quelqu’un. Ce n’était pas Mus (Mustapha M.) car il n’était pas venu me voir. Je ne savais pas que j’allais tuer, en arriver à ce point-là, mais finalement, c’est le cas. J’avais trop de haine en moi, je voulais la sortir en quelqu’un.”
« Pourquoi Lola ? », insiste le président. « Je ne sais pas, j’ai pas choisi, je ne la connaissais même pas », poursuit-elle. « C’était la personne qui était sur mon chemin, c’est comme ça », ajoute-t-elle. « Vous avez dit aussi hier que comme c’était une fillette, elle était plus faible », poursuit le président. « Oui », reconnaît Dahbia Benkired.
L’accusée explique que Lola l’a suivi après qu’elle lui a demandé de l’aider avec ses valises, de l’aider à les descendre de l’appartement. « Là, votre plan c’est déjà de lui faire du mal ? », poursuit le président. Malheureusement, oui », reconnaît l’accusée.
Elle poursuit : « moi, je descends les deux valises, et elle m’aide. Puis elle met sa main sur les valises et je l’entraîne dans l’ascenseur », explique-t-elle, soutenant que Lola a badgé l’ascenseur pour elle et qu’elle l’a attendu en bas devant l’ascenseur, le temps qu’elle aille chercher ses valises. « Elle avait largement le temps de partir, elle ne l’a pas fait, elle est restée », assure l’accusée.
« Vous nous dites qu’elle vous a attendue, alors qu’elle vous a dit que ses parents ne voulaient pas », pointe le président, qui ne semble pas la croire, lui demande à plusieurs reprises : « vous êtes sûre ? ».
16:21
L’interrogatoire de l’accusée débute
Après avoir visionné les images de la reconstitution, on passe désormais à l’interrogatoire de l’accusée.
« Hier, vous avez indiqué qu’après avoir erré dans la résidence (…), vous avez expliqué que les messages échangés avec Mustapha M. vous ont mis suffisamment en colère pour vous rendre chez lui (à Bry-sur-Marne) et le blesser par arme à feu. C’est dans cet état d’esprit que vous quittez la résidence ? », lui demande l’accusée. « Oui », répond Dahbia Benkired. Le président revient sur un message envoyé par l’accusée à son ex-compagne, à 14h46 : « Je te donne rendez-vous après ce que j’ai à faire ».
« À 15h07, vous quittez la résidence en direction du domicile de votre ex ? », demande le président. « Oui, j’ai croisé une dame avec son bébé. Et après Lola. Je lui ai demandé de m’ouvrir la porte car je n’avais pas de badge. Je lui ai parlé pour lui demander de m’ouvrir la porte. Je n’ai pas vu Lola dans la rue, je l’ai vue dans l’allée (de la résidence), dans le jardin », explique l’accusée.
16:17
Une vidéo de 12 minutes insoutenable
La vidéo passe au moment où elle sort la malle. Elle emmène la caisse dans la salle de bains et place la malle sur le flanc, pour laisser une ouverture. Elle saisit ensuite le corps en le traînant au sol et le place dans la malle. Elle peine à remettre la malle sur les roulettes.
Elle mime ensuite la scène où elle récupère dans une bouteille le sang de la victime au niveau de ses aisselles. Les images sont celles de la reconstitution, mais elles sont insoutenables à regarder. Dahbia Benkired ferme ensuite la malle.
La vidéo est terminée. Il y a un silence dans la salle.
16:12
Salle de bains, scotch… Dahbia Benkired rejoue son crime
On passe maintenant à l’intérieur de l’appartement. Dahbia Benkired tire Lola par le bras et l’emmène dans la salle de bains.
La scène suivante est celle où Dahbia Benkired entoure le corps de Lola de scotch. Elle réalise ses gestes sur un mannequin factice, de la taille et du poids de Lola. Elle débute par les mains et réalise plusieurs tours en remontant sur les avant-bras. Sur la gauche du mannequin représentant Lola, on voit la malle qui servira a transporté son corps.
Elle entoure ensuite la tête de l’adolescente de scotch, puis passe aux pieds, faisant là aussi plusieurs tours, et remonte jusqu’aux mollets.
Elle donne visiblement des précisions lors de cette reconstitution, mais le son a été coupé. Nous n’entendons donc pas ses propos.
16:05
La vidéo de la reconstitution diffusée
Le président diffuse maintenant une vidéo de la reconstitution du crime de Dahbia Benkired. Elle a été réalisée le 16 février 2024.
Elle débute par le hall de l’appartement rue Manin. Dahbia Benkired est habillée d’un manteau rouge et d’un gilet pare-balles. Elle n’est pas menottée, mais elle est reliée à une corde, tenue par un gendarme. Un officier de police judiciaire « joue » Lola pour cette reconstitution.
Sur la vidéo, Dahbia Benkired « tire » Lola par le bras pour rentrer dans l’ascenseur, précise le président, qui a décidé de couper le son. Des photographies sont prises pour réaliser « un album photographique de la reconstitution », ajoute le président.
Arrivées au sixième étage, Dahbia Benkired et Lola marchent côté à côté dans le couloir et « tournent à droite » pour arriver devant l’appartement.
15:38
« J’arrive pas à pleurer en public »
Le président lit maintenant une lettre que le père de Lola, Johan, a accrochée à la porte du studio où Dahbia Benkired a tué Lola : « ma chérie, je ne comprends toujours pas pourquoi tant de cruauté et de barbarie envers toi, toi qui étais si gentille ». « J’ai hâte de te retrouver, avait-il écrit sur ce mot. Ton papa qui t’aime pour la vie », a-t-il écrit. L’homme, qui était abstinent depuis plusieurs années, a replongé dans l’alcool le soir de la mort de Lola.
Le président invite maintenant Dahbia Benkired à réagir aux propos des proches de Lola. Pendant les témoignages poignants des proches de la victime, l’accusée n’a pas montré la moindre émotion, regardant fixement devant elle ou à ses pieds. « Faut savoir j’arrive pas à pleurer en public. Mais une fois que je suis isolée, je pleure tout le temps. Ça me touche ce qu’ils ont dit. Encore une fois, je demande le pardon », explique-t-elle.
Le président demande à l’accusée : « Comment vous avez fait pour que Lola vous suive ? ». « Je lui ai simplement demandé de m’aider à porter des valises et elle m’a suivie », répond-elle.
15:31
« Je remercie ma mère d’être toujours là pour moi »
En sortant de son rendez-vous chez le coiffeur, Thibault reçoit un appel de son père, l’informant que Lola a disparu. « J’arrive au commissariat, je vois ma mère ensanglantée. Pardon en sanglots. Elle a déjà perdu sa fille. Je vois l’état de mon père se dégrader. Il avait pris de l’alcool et des médicaments. Il courait partout », se souvient-il.
Vers une heure du matin, « ils (les policiers) viennent dans notre appartement pour dire qu’ils avaient retrouvé ma sœur. Mon père n’y croyait pas. Il n’arrêtait pas de poser des questions : Elle est où ? Je veux la voir. Mon père faisait que des tours », poursuit-il, en sanglot.
Le frère de Lola confie n’avoir jamais vu les photos du cadavre de Lola avant l’audience : « les photos que j’ai vues (celles du cadavre de sa sœur), je ne les avais pas vues. Pour moi, c’était pas obligé que je les vois, mais je me suis mis ça dans ma tête car ça fait partie de la vérité, ça fait partie de ce qu’elle a subi. Et c’était important que je les vois », explique-t-il.
Le jeune homme s’adresse ensuite à sa maman. « Je remercie ma mère d’être toujours là pour moi. J’essaye de faire la même chose pour elle. Je t’aime, je voulais que tu le saches », déclare-t-il. La mère de Lola – et donc de Thibault – se lève et vient l’enlacer.
« C’est toute une famille qu’elle a fait pleurer, et qu’elle fait toujours pleurer. Elle a tué une fille, un père, même si… vous m’avez compris », conclut-il. « J’attends beaucoup de cette décision, de vous tous, et j’ai entièrement confiance en vous pour le verdict de fin », déclare-t-il à l’adresse des jurés.
15:23
« Pendant que je suis chez le coiffeur, il y a un monstre qui fait des choses à ma sœur »
C’est désormais au tour Thibault, le frère de Lola, de venir s’exprimer à la barre. Il évoque ses souvenirs d’enfance avec sa sœur. « On se chamaillait beaucoup », se souvient-il. « C’était le rayon de soleil de notre appartement », ajoute-t-il.
Ce 14 octobre, Lola rentre des cours le midi pour manger avec ses parents et son frère. « On était quatre autour d’une table, c’était comme d’habitude. C’était normal », se souvient-il. « Elle part, c’est la dernière fois où je l’ai vue vivante. J’ai vu son visage sourire », ajoute-t-il.
En début d’après-midi, Thibault part se faire couper les cheveux. « Je sors de l’appartement côté rue Manin, pas côté Jardin (le côté où Lola a rencontré Dahbia Benkired) », expliquant hésiter entre deux chemins. « Si j’avais fait demi-tour, je serais allé côté jardin, comme on la voit aux caméras, et j’aurais forcément croisé la dame juste à ma gauche avec ma sœur. Il ne se serait rien passé », explique-t-il.
« Pendant que je suis chez le coiffeur, il y a un monstre qui fait des choses à ma sœur », poursuit-il.
15:12
« Vous vous êtes défoulée sur une fille qui n’a rien demandé »
Jonathan, l’un des cousins de Lola, le plus âgé, prend la parole. Lola était demoiselle d’honneur à son mariage. « Il faut se souvenir d’une fillette rigolote, qui avait toute la vie devant elle », commence-t-il. Le jeune homme s’adresse ensuite directement à l’accusée : « on a compris que vous aviez eu une vie difficile, que vous avez perdu votre père, votre mère, que vous êtes dans la drogue, que vous êtes dans la prostitution, qu’on vous a potentiellement violée ».
« Mais je tiens à vous rappeler qu’il y a quelques années, j’ai perdu mon grand-père. Une mort brutale. Leur choix, ça a été d’avancer. Ensuite, notre parrain. Pareil, on a avancé. Puis notre grand-mère. On l’a vu partir. On a continué d’avancer. Ensuite, vous nous avez volé Lola. Un meurtre atroce. Mais on est restés debout, on a continué d’avancer. Yohan (le père de Lola) est parti de chagrin. On a continué d’avancer (…) On est là assis, à écouter vos excuses (…) Malgré les aléas de la vie, on en a tous, on a fait le choix d’avancer. Je parle de choix, c’est important », déclame-t-il. « Vous vous êtes défoulée sur une fille qui n’a rien demandé. J’ai une question pour vous : on vous a forcée à faire ça à Lola ou c’est votre choix ? », questionne-t-il.
Le cousin explique ensuite vouloir consacrer ses derniers mots à Lola. « On t’oubliera jamais, tu étais magnifique, tu étais un rayon de soleil, pleine de vie. On est tellement fière de t’avoir vu grandir. Pour toi, pour Yohan, pour Thierry, on va vivre pleinement, on ne vivra pas notre vie à moitié. On n’oubliera jamais ton visage, on ne veut pas que ton visage soit celui de la haine », conclut-il.
15:02
« Je l’aime à tout jamais »
L’une des cousines de Lola, Manon, se souvient d’une compétition de gym de l’adolescente. « Elle n’était pas contente car elle n’a pas été sur la plus haute marche du podium mais moi j’étais très fière de ce qu’elle a fait », raconte cette cousine, qui a dit « six ans de plus que Lola ».
« Lola voulait tout faire comme moi, les ongles… Elle m’avait fait promettre de garder tous mes vêtements pour qu’elle puisse être comme moi. J’étais fière de savoir que je pouvais être son exemple et je l’aime à tout jamais », raconte-t-elle en larmes.
14:58
Les cousins de Lola à la barre
Ce sont désormais tous les cousins et cousines de Lola qui s’avance à la barre. Ils choisissent d’évoquer des souvenirs « heureux » avec Lola.
« On parle beaucoup de cette personne à qui on cherche une infinité d’excuses alors que pour moi, il n’y en a pas. On va essayer chacun d’évoquer un souvenir heureux », déclare le premier cousin de Lola à prendre la parole. « Mon premier souvenir de Lola remonte avant même sa naissance », explique-t-il. Il avait 12 ans quand elle est née. Il raconte avoir posé sa tête sur le ventre de sa tante, enceinte de Lola, et avoir « senti ses petits coups de pied ». « Elle s’entraînait déjà pour la gym », lance-t-il en sanglot.
Le deuxième cousin de Lola prend la parole. Mais avant même qu’un son ne sorte, il explose en sanglot sur le pupitre, soutenu par le reste de la famille. Il finit par s’asseoir, incapable de prononcer un mot.
14:52
« On t’aime ma Lola »
C’est désormais au tour de Dominique et Nathalie, l’oncle et la tante de Lola, « leur » Lola.
« À quel moment, dans quel esprit sain naît une telle monstruosité ? Et avant le moment fatidique, n’y a-t-il pas un instant où on se dit stop ? Ses yeux d’enfant devaient en dire long », débute l’oncle de Lola, qui lit lui aussi un texte. « Pourquoi cet acharnement ? », poursuit-il en s’adressant l’accusée.
« Ce n’est pas toi, Delphine ou toi Thibaut qui devez vous sentir responsable de quoi que ce soit. La culpabilité qui vous ronge n’a pas lieu d’être, je suis sûr que tu es d’accord avec moi Lola », poursuit son oncle.
« Ce procès est pour moi un dernier adieu, mais je te promets Lola de ne jamais t’oublier », complète la tante de Lola. « On t’aime ma Lola », ajoute l’oncle.
14:46
« S’il n’y avait pas Thibault, il se passerait quoi ? »
Malgré ce drame, la famille reste soudée. « Depuis ce drame, on fait tout pour Delphine. On pense Delphine. On vit Delphine », explique la tante de Lola à la barre. « Je me dis que s’il n’y avait pas Thibault, il se passerait quoi ? », questionne-t-elle.
« Rien n’est plus et ne sera jamais plus comme avant, elle me manque », continue-t-elle, avant de s’adresser à sa sœur, Delphine Daviet. « Je t’aime tant, je serai toujours là pour toi », déclare la tante de Lola à sa sœur, en se tournant vers elle. Les deux femmes éclatent en sanglot et se tombent dans les bras. Sa déposition est désormais terminée.
14:43
« Delphine allait enfin voir sa princesse »
La tante de Lola revient sur le jour où la famille s’est rendue à l’institut médico-légal de Paris pour reconnaître le corps de Lola, à travers une vitre. « Delphine allait enfin voir sa princesse », se souvient-elle.
Mais le corps de Lola repose derrière une vitre. « Elle dort et son corps est drapé jusqu’au haut de son cou. Delphine a été autorisée à la rejoindre de l’autre côté de la vitre sans pouvoir la toucher, Lola, son enfant, son bébé », raconte-t-elle.
14:35
« Nos sanglots resteront enfouis dans les murs de cet immeuble »
C’est désormais au tour de la tante de Lola de s’avancer à la barre. Elle demande si ses enfants peuvent venir l’entourer. « La date du 14 octobre 2022 restera pour moi et ma famille celle de l’anéantissement et du non-retour », débute-t-elle, en lisant sa fiche.
Mais avant Lola, la famille a déjà été marquée par plusieurs deuils. Son papa mort d’un accident de voiture en 2017, son frère Thierry tué par un chauffard qui a pris la fuite en 2018, sa maman décédée en novembre 2021. « Sans que nous ayons le temps de faire notre deuil, arrivait cette date fatidique du 14 octobre 2022 », poursuit-elle.
Ce jour-là, elle reçoit un coup de téléphone de sa sœur. « Elle m’annonce en sanglot que Lola a disparu, qu’elle n’est pas rentrée du collège, qu’ils la cherchent en vain. Sur le coup je panique, je pleure je crie, je tourne en rond », raconte-t-elle. Quand le corps de Lola est retrouvé dans la malle, « tout s’écroule ». « Je pense que nos cris, nos sanglots resteront enfouis dans les murs de cet immeuble », ajoute-t-elle.
La tante revient sur la convocation de la famille à la brigade criminelle le samedi 15 octobre, le lendemain du drame. « On allait savoir ce qui était arrivé à Lola. La première question de Delphine a été de savoir si Lola avait souffert », raconte-t-elle en pleurs.
14:33
« Pourquoi ? Pourquoi ? »
Aujourd’hui, Delphine Daviet a encore des questions. Pourquoi sa fille, au caractère bien trempé, a-t-elle suivi Dahbia Benkired ce 14 octobre 2022. « Pourquoi ? Pourquoi ? Si on pouvait avoir des réponses, ce ne serait pas de refus », réclame Delphine Daviet.
L’audition de la mère de Lola est terminée. Le président la remercie pour « sa « dignité » pendant trois ans et au cours de ce procès.
14:21
Des photographies de Lola projetées dans la salle
Des photographies de Lola sont projetées sur les écrans de la salle d’audience. Elles ont été transmises par la mère de Lola.
On y voit des photos de l’adolescente à tous les âges, seule ou avec ses parents et son frère. Delphine Daviet les commente une à une. « Elle aimait bien faire le clown », se souvient la mère de Lola. Une photo de la petite Lola en justaucorps de gymnastique : « elle était très douée, elle avait fini championne de France avec son équipe », dit sa mère.
L’émotion est palpable chez les proches de Lola qui pleurent. L’accusée, elle, a le regard baissé. Elle fixe ses mains.
Le président demande à la mère de Lola de décrire sa fille. « Elle avait un caractère bien trempé », répond Delphine Daviet. « Je suis désolée, j’ai du mal à en parler au passé. Je crois que je ne m’en remettrai jamais », poursuit-il.
Delphine Daviet évoque maintenant le décès de son mari, le père de Lola. L’homme, qui avait arrêté de boire, a repris le jour de la mort de sa fille. « Il buvait du matin au soir », déclare-t-elle. Il est « mort de chagrin », dévasté par « ses démons », ajoute-t-elle.
« Vous, qu’est-ce qui vous fait survivre ? », demande le président. « Mon fils », répond la mère de Lola.
14:16
« Ce n’est pas nous les coupables, mais c’est cette chose »
« Qui aurait pu imaginer ce qui allait se passer quand Lola a croisé cette chose, ce monstre ? », questionne la mère de Lola. « Pourquoi nous, pourquoi Lola ? Mon cœur de maman est meurtri à jamais », poursuit-elle.
« Rien ne mérite d’avoir autant de haine, de mépris et d’acharnement contre ma Lola », poursuit la mère de l’adolescente, qui appelle l’accusée « la chose ». « J’ai fini par comprendre que ce n’est pas nous les coupables, mais c’est cette chose », déclare sa mère.
« Je me dis que j’ai de la chance d’avoir mon fils Thibault à mes côtés sinon je ne serai peut-être plus là. Je vous rappelle que j’ai perdu ma Lola, mon mari (décédé en février 2024), mon travail, mon logement. Toute ma vie s’est effondrée. Je me demande parfois comment je tiens debout », poursuit la mère de l’adolescente.
« Cette chose ne nous enlèvera pas l’amour de notre famille. Je demande à la justice de faire le nécessaire pour que cette chose soit enfermée toute sa vie », déclare Delphine Daviet, qui ajoute : « ne rendez pas autre chose que la perpétuité ».
14:10
Je vais vous parler de ma Lola, ma mini-moi »
« Ce moment est très important pour moi. Je vais vous parler de ma Lola, ma mini-moi », débute Delphine Daviet., habillée toute en blanc, qui lit un texte. « Lola est une jeune fille sociale, aimante, heureuse de vivre, naïve, toujours prête à aider son prochain», poursuit-elle.
« Avant ce drame, nous avions une vie de famille très simple, très à l’écoute les uns des autres », explique-t-elle, en pleurant. « Il y avait des disputes aussi, mais Lola venait s’excuser et il y avait un câlin » poursuit-elle. La mère de Lola explique avoir expliqué à ses enfants de faire attention aux inconnus : « si on vous agresse, n’hésitez pas à crier ».
« Puis est arrivé le jour du drame… », continue Delphine Daviet en revenant sur ce 14 octobre 2022. « Lola est rentrée mangée, elle est repartie au collège. Je l’ai embrassée, je lui ai dit à tout à l’heure », poursuit-elle. « Quand Lola a croisé cette chose, ce monstre », la mère de l’adolescente « préparai(t) les bagages pour partir à notre mobile home, à Berck », continue la mère de Lola.
« Je culpabilise, je n’ai pas pu sauver ma Lola. Mon mari et mon fils s’en veulent aussi beaucoup aussi », poursuit Delphine Daviet.
14:08
L’audience reprend avec l’audition des proches de Lola
Après une pause déjeuner, l’audience reprend. C’est désormais au tour des proches de Lola de venir témoigner. Delphine Daviet, la mère de Lola, s’avance à la barre pour prendre la parole en premier.
12:30
L’audience est suspendue
Elle reprendra à 14 heures avec l’audition des parties civiles.
12:21
« J’étais un peu folle », déclare l’accusée
Si elle a décidé de se raser la tête, c’est pour « ressembler » à sa mère, explique l’accusée. « En me rasant la tête, je vois le visage de ma mère », poursuit-elle.
« Aujourd’hui, vous avez les cheveux longs, un chignon, vous ne voulez plus ressembler à votre mère? », lui demande le président. « Je me dis c’est la vie, c’est comme ça, on va tous mourir un jour. Dans ma religion, ça a toujours été ça (…) C’est Dieu qui reprend les âmes, c’est lui qui décide », répond-elle. « Même pour un meurtre ? », l’interroge le président?
« Bien sûr que c’est Dieu qui décide. Après, il y a le paradis, et l’enfer. Ceux qui se font tuer vont au paradis, les autres, à moins qu’ils soient repentis… », poursuit-elle. « Et vous vous allez partir où ? », enchaîne le président. « C’est pas moi qui choisis, mais moi je me suis repentie », affirme l’accusée.
Après sa tentative de suicide, Dahbia Benkired a été placée à l’UMD (unité pour malades difficiles) « en raison de comportements qui interrogeaient », rappelle le président. « L’administration pénitentiaire trouvait votre comportement dangereux, notamment pour vous », explique-t-il, citant une tentative de suicide. « J’ai essayé, mais j’ai pas réussi », répond l’accusée.
« Je me suis rendu compte que j’étais vraiment malade et que j’avais besoin de me soigner », explique l’accusée au sujet de son hospitalisation. « C’était quoi votre maladie », lui demande le président. « J’étais un peu folle », enchaîne Dahbia Benkired, qui ajoute : « c’est pas bien ce que j’ai fait, c’est horrible ».
« C’est très dur », explique-t-elle au sujet de sa détention, précisant n’avoir aucun parloir avec des proches.
12:15
L’accusée a « dégradé un mur » de sa cellule et a « mangé la poussière »
Le président explique qu’elle a été « exaspérée » par les mesures de sécurité la concernant. Les surveillants « passent toutes les heures, ils allument la lumière toutes les heures », explique Dahbia Benkired.
Le 19 novembre 2022, au tout début de sa détention, l’accusée a « dégradé un mur » de sa cellule et a « mangé la poussière, le plâtre », selon un rapport des surveillants, lu par le président. « Je ne m’en rappelle pas », explique-t-elle. « Je sais que mes sœurs faisaient ça quand elles étaient petites, mais moi je faisais pas ça », ajoute-t-elle.
Dahbia Benkired explique qu’elle ne « va pas souvent » en promenade, car « il y a des rats ». Les surveillants ont souligné qu’elle se « complaisait dans une forme d’inactivité ». « Avec tout ce qui s’est passé dans ma vie, ça me repose », explique l’accusée. Elle explique « regarder beaucoup la télé », citant de la téléréalité, du football ou encore des émissions de musique.
En détention, Dahbia Benkired adopte un « comportement respectueux » selon l’administration pénitentiaire. Si elle est décrite comme « souriante », elle n’est toutefois « pas dans l’échange même si elle répond aux sollicitations ».
12:10
L’audience est reprise
Le président précise qu’elle est incarcérée depuis le 17 octobre 2022 à la maison d’arrêt de Fresnes. Il demande à l’accusée comment elle vit sa détention.
« C’était très dur au début », explique l’accusée, qui précise qu’elle a, par la suite, recommencé à parler à ses sœurs. « Ça va mieux », déclare-t-elle.
Elle a été placée à l’isolement « pour sa sécurité », précise le président. « Les gens faisaient que m’insulter au début », explique-t-elle. Elle poursuit, expliquant qu’elle parle maintenant avec plusieurs détenues « par la fenêtre ».
11:48
L’audience est suspendue une quinzaine de minutes
Le président reviendra ensuite sur la détention de l’accusée.
11:47
« Qu’est-ce que vous avez retenu Mme Benkired ? »
L’accusée est invitée à réagir. « Vous aviez l’air attentive, du moins au début », lance le président. « C’est normal, je dors pas de la nuit », répond Dahbia Benkired. Si elle était attentive au début, l’accusée a semblé perdre en concentration au fur et à mesure de l’audience.
« Qu’est-ce que vous avez retenu Mme Benkired ? », lui demande le président. « Tout qu’est-ce qu’il a dit est vrai (sic) », répond l’accusée, avant de bégayer. « J’ai pas tout retenu, je comprends pas tout le français », ajoute-t-il.
« Vous avez dit que vous étiez contente de lire que les experts avaient dit que vous n’étiez pas folle », rappelle le président. L’accusée confirme. « Vous avez compris cette histoire de psychopathie ? », lui demande le président. « Non », répond l’accusée.
Dahbia Benkired a ensuite expliqué qu’elle voyait une psychologue en prison, qui lui « faisait du bien ». « Vous nous expliquerez comment ces séances vous aident cet après-midi ? », demande le président. « On verra », répond l’accusée.
11:39
L’accusée a écrit une lettre après le décès du père de Lola
Après le décès du père de Lola, en février 2024, Dahbia Benkired a écrit une lettre à la juge d’instruction. « Bonjour Madame le juge, je suis au courant de la mort du papa de Lola, ça me rend triste que je sois à l’origine de ça. Paix à son âme », a-t-elle écrit dans cette lettre, lue par Me Valois, son avocat, qui demande s’il ne s’agit pas d’une « amélioration de l’empathie identifiable ? ».
« C’est une prise en considération de la réalité. Ça peut être : se sentir responsable de la mort de quelqu’un », répond l’expert.
11:36
« Quelqu’un qui a des troubles de personnalités paranoïaques va les garder »
L’accusée peut-elle avoir évolué en détention ? S’adressant à l’expert, Me Valois, l’avocat de l’accusée, explique qu’elle a été « traitée et suivie psychiatriquement aux UMD (Unités pour malades difficiles) », d’abord avec un traitement forcé, puis de manière volontaire. « Ça peut expliquer un changement de comportement, un profil psychologique différend de celui que vous avez dressé, avec une évolution sur un certain nombre de points? », demande l’avocat à l’expert.
« Même après 15 ans de suivi, on ne va pas changer la personnalité de quelqu’un », répond le psychologue, qui reconnaît néanmoins qu’il peut y avoir « une meilleure gestion des émotions ». Mais « quelqu’un qui a des troubles de personnalités paranoïaques va les garder », ajoute-t-il.
11:16
« Un plaisir presque sexuel des sévices infligés à quelqu’un »
« On sait qu’il y a eu des actes de violences du vivant de la jeune fille (…) Est-ce que le sadisme peut intervenir par cette voie-là, est-ce que les coups portés sur l’enfant, ça dit quelque chose sur ce sadisme, sur cette volonté de faire souffrir l’autre ? », l’interroge l’avocat général.
Si l’accusée « n’explique pas avoir eu du plaisir dans les sévices sexuels », il y a dans les actes de l’accusée « un plaisir presque sexuel des sévices infligés à quelqu’un », explique l’expert, qui ajoute que le « sadisme sexuel est quelque chose d’assez rare ».
11:07
Un « égocentrisme marqué »
Me Mathias Darmon, l’avocat de l’association Innocence en danger, revient maintenant sur l’audition de l’accusée durant laquelle on lui a présenté les photos du cadavre de l’enfant : « Elle a dit : ça ne me fait ni chaud ni froid, moi aussi, je me suis fait violer. Qu’en pensez-vous ? ». Pour l’expert, l’accusée a des « difficultés à se mettre à la place de l’autre » et un « égocentrisme marqué », répondu l’expert.
10:53
« Est-ce que j’ai vu la personne dans une culpabilité écrasante ? La réponse est non »
Dahbia Benkired a-t-elle des remords ou de la culpabilité ? Pour l’expert, l’accusée « reconnaît que ce qu’elle a fait est grave », mais elle reste « dans une froide émotionnelle», « à distance ».
« Ce sont des paroles toutes faites. Elle dit, oui, j’ai tué un enfant, c’est terrible, c’est un pauvre ange qui est parti, elle n’a pas mérité ça. Après, est-ce que j’ai vu la personne dans une culpabilité écrasante ? La réponse est non », répond l’expert, qui évoque à nouveau « une froideur », « une distance » et une « absence d’empathie ».
10:45
« Lola Daviet est une victime par procuration » de la colère de l’accusée contre son ex compagnon
Le président interroge maintenant l’expert sur les propos de l’accusée, qui a affirmé que « ce sont des échanges de SMS entre elle et son ex, Mustapha M. », qui l’ont amené à commettre son crime. Pour le psychologue, « Lola a été le réceptacle de cette colère-là ».
« Quand on perd l’objet de l’amour investi, il y a la volonté de prendre sa revanche (…) Lola Daviet est une victime par procuration de la colère qu’elle avait contre Mustapha M. », estime l’expert, qui ajoute: « il y a une rage exprimée sur quelqu’un qui n’est pas là donc on va exprimer cette rage sur une personne qui est là ».
10:37
« Pas d’éléments de sadisme sexuel dans ses propos »
« On ne retrouve pas d’éléments de sadisme sexuel dans ses propos », estime le psychologue, qui ajoute qu’il « ne ressortait pas de prise de plaisir dans les actes sexuels ».
L’accusée avait-elle un « fantasme lesbien » ?, l’interroge le président. « C’est d’abord une agression sexuelle, un viol suivi d’un crime », répond l’expert par la négative.
Concernant la mutilation post-mortem et le transport, l’accusée est restée « très floue » et n’a pas fourni « beaucoup d’explications », selon l’expert, qui penche pour « une tentative de dissimuler le cadavre » et une « exploration post-mortem assez morbide de voir le corps de l’autre ». « Mettre le corps dans la malle, c’est aussi une façon de dissimuler la chose », ajoute-t-il.
Pour l’expert, l’accusée a eu « une réaction en chaîne » : « c’est d’abord une agression sexuelle. Le reste découle de là avec l’impossibilité de l’admettre. Et ensuite on fait taire l’enfant. Une fois qu’on a franchi le Rubicon, on essaie de faire disparaître cet acte», explique l’expert.
Devant les policiers, Dahbia Benkired avait justifié son geste par différentes raisons : une vengeance contre la mère de Lola Daviet, qui avait refusé de lui donner un badge pour accès à l’immeuble, rue Manin, mais également une colère contre son ancien compagnon Mustapha M.
10:25
« Je ne peux pas parler de psychopathie sévère »
L’expert est interrogé sur les « traits psychopathiques », notés par l’expert chez l’accusée. « Son score total se situe à un niveau élevé, mais je ne peux pas parler de psychopathie sévère », explique-t-il. « Il y a des troubles psychopathiques présents (…) le sujet a des éléments de personnalité psychopathique à un niveau élevé », complète-t-il.
Lors de sa garde à vue, Dahbia Benkired avait demandé aux policiers : « vous avez déjà vu des cas comme ça ? ». Des propos qui illustrent, selon l’expert, la dimension narcissique de l’accusée.
Nicolas Estano évoque ensuite des « troubles de personnalités schizotypiques » chez l’accusée, mais pas de schizophrénie à proprement parler. « Il n’y a pas d’éléments de délire et de perte complète de la réalité » au moment des faits, ajoute-t-il.
10:18
« Les faits sont reconnus, mais pas vraiment expliqués »
L’expert psychologue parle extrêmement vite. Si son propos est « passionnant », le président lui demande de ralentir, explique que la cour n’était « pas pressée ». L’expert passe désormais à ses conclusions : « les faits sont reconnus, mais pas vraiment expliqués », affirme-t-il.
Interrogé sur la récidive, il a expliqué qu’elle « était difficile à évaluer en raison du type de faits ». Selon lui, l’accusée risque d’abord de plonger dans la délinquance et la violence, plutôt que de réitérer « des faits de nature sexuelle ».
10:05
« La notion d’ensorcellement pourrait être une façon de se protéger »
Le psychologue en vient maintenant aux faits pour lesquels l’accusée est jugée devant la cour d’assises de Paris.
« En ce qui concerne les faits, elle ne fournira que très peu d’explications », explique-t-il. Lors de leurs entretiens, Dahbia Benkired a évoqué « des croyances familiales » et de « la sorcellerie ». Selon lui, « la notion d’ensorcellement pourrait être une façon de se protéger ».
L’expert affirme qu’au cours d’un entretien, l’accusée lui a confié qu’elle avait prélevé du sang de Lola dans une bouteille, avant de le boire. L’enquête n’a jamais permis de confirmer cet élément. « J’en suis pas fière de ce que j’ai fait, mais j’étais droguée avant », a-t-elle déclaré à l’expert.
Selon le psychologue, « il est plausible que le meurtre soit la conséquence d’un acte de nature sexuelle non assumé de la part du sujet ». «Le pire c’est qu’après (les faits), j’étais normale», lui a expliqué Dahbia Benkired au cours de son expertise.
10:02
Des « traits psychopathiques » chez l’accusée
L’expert poursuit son rapport, en parlant très vite. Il évoque « un isolement social » de l’accusée, des « illusions récurrentes », des « bizarreries du discours », « une hypersensibilité à la critique » et un « mode de pensée exécutoire ».
Lors de leurs entretiens, Nicolas Estano a noté un « narcissisme » et des « bizarreries comportements », qui évoque une nouvelle fois les cheveux rasés partiellement de l’accusée, mais également le fait qu’elle se lave en détention avec du liquide vaisselle. Pour l’expert, Dahbia Benkired a voulu attirer l’attention. « Madame Benkired ne supportait pas son placement à l’isolement en prison », souligne l’expert.
Le psychologue, qui fait état de « troubles de la personnalité », dus notamment à un « mode de pensée persécutoire », a relevé la présence de « traits psychopathiques à un niveau élevé » chez l’accusée.
09:56
« Soumise dans les relations interpersonnelles »
Concernant ses relations, Dahbia Benkired s’est livrée sur ses relations avec Mustapha M. et Fatah A., tous les deux entendus ce mardi par la cour : « j’avais besoin d’amour, que quelqu’un soit là », a-t-elle justifié auprès de l’expert. « Je me suis salie », a-t-elle expliqué au sujet des relations sexuelles tarifées qu’elle dit avoir eu.
Selon le psychologue, l’accusée « peut se montrer soumise dans les relations interpersonnelles ». « Elle peut même être naïve dans la relation à l’autre », a-t-il ajouté. Néanmoins, le psychologue n’a pas observé de « détresse émotionnelle » chez l’accusée.
09:47
Une « froideur affective »
À la barre, l’expert évoque une « froideur affective », liée probablement à des « carences affectives » à l’enfance.
Devant le psychologue, l’accusée a affirmé avoir été « violée par un voisin » et a évoqué des « corrections paternelles » et des maltraitances de la part de ses tantes – dont elle a parlé durant le procès. Selon le psychologue, le « décès de ses parents » a été « extrêmement mal vécu » par Dahbia Benkired.
Concernant ses études, Nicolas Estano évoque un « parcours scolaire moyen ». Son arrivée en France a été compliquée, notamment en raison de « conditions d’hébergement difficiles », souligne le psychologue.
Après le décès de ses parents (2019 pour son père et 2020 pour sa mère), l’accusée s’est mise à consommer du cannabis. « Je fumais pour oublier ce qu’il s’est passé dans ma vie », a-t-elle déclaré au psychologue au cours d’un entretien. En plus du cannabis, l’accusée a également consommé de l’alcool et du Rivotril, un traitement contre l’épilepsie, utilisé comme drogue à haute dose.
L’expert décrit « une incapacité à se projeter dans l’avenir », « une vie au jour le jour » et un « parcours erratique, instable » avec des emplois successifs non déclarés, notamment dans la restauration.
09:41
Le psychologue a rencontré l’accusée quatre fois
Nicolas Estano, 47 ans, est un psychologue clinicien, expert près la cour d’appel de Paris. Il a été désigné pour effectuer l’expertise psychologique. Il a rencontré à quatre reprises l’accusée sur une période de trois mois. Pour son rapport, il s’est basé « sur le dossier d’instruction » et sur « l’expertise psychiatrique ».
Durant ces entretiens, elle a « affiché une forme de défiance, par le biais de regards fixes ». « L’apparence physique est fluette. Elle se présentera la troisième fois avec un crâne semi-rasé », poursuit-il. « Elle ne fera pas preuve d’agressivité à mon égard », souligne l’expert. « Elle se perd parfois dans des digressions et un certain flou », mais a eu « une capacité de concentration correcte », explique-t-il.
L’expert souligne néanmoins « des propos bizarres liés à la sorcellerie », en lien avec « des croyances familiales ». « Je ne trouve pas d’éléments en lien avec une maladie psychiatrique franche », pointe le psychologue. « Son niveau d’intelligence est dans la moyenne nationale », ajoute-t-il.
09:37
L’audience est ouverte
C’est parti pour la quatrième journée du procès. Ce matin, la cour va entendre Nicolas Estano, le psychologue qui a réalisé l’expertise de l’accusée.

09:22
« Je voulais lui faire du mal à lui, pas à la petite Lola » : et soudain, face à son ex, Dahbia Benkired a craqué
Ce mardi, le procès de Dahbia Benkired, jugée pour le viol et le meurtre de la petite Lola, a été marqué par un échange lunaire entre l’accusée et « l’amour de sa vie ». Un homme qui aurait provoqué sa « haine » et précipité son geste abject.
09:20
L’interrogatoire de l’accusée attendu en fin d’après-midi
Ce mercredi, pour la quatrième journée d’audience, qui débute à 9h30, le programme est chargé.
La cour débutera avec la psychologue qui a expertisé l’accusée. En début d’après-midi, les parties civiles seront auditionnées. La journée se terminera avec l’interrogatoire de l’accusée.
09:13
Six jours pour juger l’horreur
Trois ans après les faits, Dahbia Benkired est jugée pendant six jours pour le meurtre, le viol et les actes de tortures qu’elle a infligés à Lola Daviet, 12 ans, pour lesquels elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Le 14 octobre 2022 à Paris, dans l’après-midi, Dahbia Benkired avait contraint la fillette à la suivre dans l’appartement qu’elle occupait – qui était celui de sa sœur – pour la supplicier.
L’accusée avait ensuite placé le corps de sa victime dans une malle trouvée dans l’appartement, avant d’entamer une fuite erratique.
09:13
Bonjour et bienvenue dans ce nouveau direct
Ce nouveau direct est consacré à la quatrième journée du procès de Dahbia Benkired, 27 ans, accusée d’avoir violé, torturé et tué une adolescente de 12 ans, Lola Daviet, en octobre 2022.
Pendant six jours, vous pourrez suivre en direct sur leparisien.fr l’intégralité du procès, qui s’est ouvert vendredi dernier devant la cour d’assises de Paris.
Quatrième jour d’audience
Le procès de Dahbia Benkired, 27 ans, s’est ouvert vendredi dernier devant la cour d’assises de Paris. Elle est jugée pour avoir violé, torturé et tué Lola Daviet, une adolescente de 12 ans, le 14 octobre 2022, à Paris, avant de transporter son corps dans une malle. Son supplice avait bouleversé l’opinion et enflammé la classe politique.
Pendant six jours, jusqu’au vendredi 23 octobre, la jeune femme est jugée pour « meurtre et viol aggravés » et pour « torture et acte de barbarie ». Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Vendredi, pour la première journée d’audience, des photographies et des vidéos insoutenables ont été diffusées, donnant un aperçu de l’horreur vécue par Lola, morte d’asphyxie après avoir été violée et frappée.
Lundi, la journée a été consacrée aux rapports des médecins légistes et des enquêteurs, qui ont confirmé le viol de l’adolescente. Une version que nie toujours l’accusée.
Ce mardi, ce sont les proches de l’accusée qui sont venus témoigner à la barre, dont son ex-compagnon, Mustapha M., «l’amour de sa vie» avec qui elle entretenait une relation toxique,
Dahbia Benkired a notamment expliqué que, le jour des faits, elle voulait « faire du mal » à son ex-compagnon, qu’elle accuse de viol, de violences et même de proxénétisme, «mais pas à la petite Lola».
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