Mort de Francine Distel : La championne de ski alpin s’éteint 20 ans après son mari Sacha Distel

Il y a des histoires d’amour qui semblent écrites pour le cinéma. Des rencontres si parfaites qu’elles défient le temps et les épreuves. Celle de Sacha Distel, le “crooner” à la française, et de Francine Distel, la championne de ski, en fait partie. Vingt ans exactement après la disparition du chanteur légendaire, son épouse s’est éteinte à son tour. Francine Distel est décédée le 29 décembre 2024, à l’âge de 90 ans, dans la discrétion qui l’a toujours caractérisée. Sa mort, annoncée seulement plusieurs jours après, clôt un chapitre glamour et passionné du XXe siècle français, unissant à jamais le strass du show-business et la pureté des sommets enneigés.

Francine Distel, née Francine Bréaud, n’était pas destinée à devenir simplement “la femme de”. Avant de rencontrer Sacha, elle avait sa propre légende. Née dans une famille bourgeoise parisienne, sa vie bascule pendant la Seconde Guerre mondiale. Envoyée à Megève pour sa sécurité, elle découvre la montagne. Ce qui n’était qu’un refuge devient une passion dévorante. La jeune Francine a un talent inné pour la glisse. Très vite, elle dévale les pistes avec une aisance et une vitesse qui impressionnent.

Son talent brut la propulse naturellement au sommet. Elle intègre l’équipe de France de ski alpin, portant les couleurs de son pays dans les compétitions les plus prestigieuses, y compris les Jeux Olympiques. Elle est une athlète accomplie, une force de la nature, une femme dont la vie se définit par l’effort, le vent glacial et la ligne d’arrivée. Son univers est à mille lieues de celui des clubs de jazz enfumés et des plateaux de télévision.

Puis vient l’année 1962. Le destin orchestre la rencontre. Sur une terrasse ensoleillée surplombant les pistes immaculées de Megève, son regard croise celui de Sacha Distel. Il est au sommet de sa gloire. Connu pour ses tubes comme “La belle vie” ou “Le soleil de ma vie”, il est l’homme que toutes les femmes s’arrachent, l’ami des stars, le neveu de Ray Ventura. Elle est la reine des neiges, concentrée, disciplinée. C’est un coup de foudre immédiat, improbable, total.

Pour Sacha, cette rencontre est une révélation. Le jazman, habitué des nuits parisiennes et des tournées mondiales, décide de troquer ses mocassins vernis contre des chaussures de ski. Par amour pour Francine, il veut partager sa passion, comprendre ce qui fait vibrer cette femme si différente de celles qu’il a connues. Il prend des leçons, apprend à tenir sur les lattes, tout cela pour pouvoir la suivre, pour entrer dans son monde.

L’idylle est rapide. Moins d’un an après leur rencontre, en 1963, ils se marient à Megève, scellant leur union dans le village qui les a vus naître en tant que couple. Ce mariage fait la une des journaux : le “crooner” le plus célèbre de France épouse une championne de ski. Deux mondes que tout oppose, réunis par l’amour.

Leur vie devient un équilibre parfait entre deux univers. Ils s’installent entre Paris, pour la carrière bouillonnante de Sacha, et leur chalet familial à Megève, le havre de paix de Francine. C’est là qu’ils élèvent leurs deux fils, Laurent et Julien. Francine, tout en soutenant son mari dans sa carrière, ne renonce jamais à la montagne. Elle transmet son amour des sommets à ses enfants, puis à ses petits-enfants. Le chalet de Megève devient le point d’ancrage de la famille, le lieu des souvenirs heureux, loin de l’agitation médiatique.

Pendant des décennies, Francine Distel reste cette figure d’une élégance discrète. Elle gère la carrière de Sacha, s’occupe de la famille, mais demeure fidèle à elle-même. Elle n’est pas une “femme de” qui vit dans l’ombre ; elle est le pilier sur lequel Sacha s’appuie, sa confidente, son amour indéfectible.

Lorsque Sacha Distel décède en 2004, des suites d’un cancer, c’est un choc pour la France. Pour Francine, c’est un monde qui s’écroule. Mais elle fait face avec la dignité et la force de caractère qui l’ont toujours définie. Elle continue de vivre, pour ses enfants et petits-enfants, partageant son temps entre ses résidences, mais revenant toujours à Megève, là où son cœur se sent chez lui.

Jusqu’à ses derniers jours, elle a vécu dans ce chalet familial, entourée des montagnes qu’elle aimait tant et des souvenirs de sa vie avec Sacha. C’est là qu’elle s’est éteinte, à 90 ans, rejoignant son mari vingt ans, presque jour pour jour, après son départ.

Ses obsèques se sont déroulées le 9 janvier 2025, dans la plus stricte intimité, respectant à la lettre ses volontés. Pas de cérémonie nationale, pas de défilé de célébrités. Seule la famille proche. Son dernier souhait illustre parfaitement la dualité de sa vie, partagée entre son amour pour Sacha et sa passion pour la montagne.

Ses cendres ont été séparées. Une partie repose désormais dans la crypte familiale au Rayol-Canadel, aux côtés de Sacha, pour l’éternité. L’autre partie a été dispersée au sommet d’une piste de ski à Megève, face au majestueux Mont-Blanc. Un geste symbolique et profondément poétique. Elle est retournée à la neige, au vent, aux cimes qui l’ont vue naître en tant que femme et en tant que championne.

Aujourd’hui, ses fils perpétuent l’héritage familial. Julien est installé à Megève, où il dirige une agence immobilière, ancré dans la terre de sa mère. Laurent, près d’Aix-en-Provence, gère l’héritage artistique de Sacha, faisant vivre sa musique. La famille reste unie, admirative de cette mère qui fut à la fois une athlète de haut niveau, une épouse dévouée et une grand-mère aimante.

La carrière de Sacha Distel continue de briller, ses chansons sont éternelles. Mais aujourd’hui, c’est Francine que l’on pleure. Une femme qui, par sa grâce silencieuse, sa force tranquille et sa passion pour les sommets, a prouvé qu’on pouvait aimer une icône sans jamais s’effacer. Elle n’était pas seulement l’épouse du “crooner”, elle était la reine des neiges. Et désormais, elle glisse à nouveau sur les pistes éternelles, face au Mont-Blanc, tout en reposant auprès de son amour.