Mort de Sara, 9 ans : des moqueries sur son poids seraient à l’origine du drame

Le samedi 11 octobre 2025, Sara, une élève de CM2 à Sarreguemines (Moselle), a été retrouvée morte par pendaison au domicile familial. Ses parents rapportent des moqueries répétées liées à son surpoids. Une enquête est ouverte pour éclaircir les circonstances et une cellule d’écoute a été mise en place pour accompagner les élèves et le personnel de l’établissement.Ce lundi 13 octobre 2025, ils sont une dizaine de parents, rassemblés devant l’école Montagne Supérieure de Sarreguemines (Moselle). Parmi eux, Yoann, venu tout spécialement de Forbach. Il a parcouru une vingtaine de kilomètres pour déposer une rose blanche sur les grilles de l’école. “Il faut faire bouger les choses” dit-il devant une flopée de micros, “le harcèlement, ça devrait être puni.” Très vite, un avertissement remplace les roses, à la demande des parents de la petite Sara, 9 ans, qui était scolarisée en CM2 dans l’établissement : “la famille ne souhaite pas que vous déposiez des fleurs.

Pas de fleurs sur le portail de l'école, une demande de la famille.

Au lendemain des informations relatant son probable suicide, les élèves reprennent les cours. La ville est sous le choc. La communauté éducative également. Dimanche matin, le rectorat de l’académie Nancy-Metz s’est empressé de communiquer son “émotion” et la mise en place d’une cellule d’écoute sur place. Le recteur de la région académique Grand Est, Pierre-François Mourier, s’est rendu sur place ce jour. Il a rencontré les parents de Sara, qu’il a décrits comme “dévastés mais d’une extraordinaire dignité“.

Cette dignité nous oblige à comprendre ce qui s’est passé, à avoir la retenue nécessaire et à faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame“, a-t-il déclaré au micro de France 3 Lorraine, promettant que rien ne serait “laissé sous le tapis“. “Je m’y engage” insiste-t-il. La cellule d’écoute est là pour les élèves, les personnels, ainsi que pour toute personne en ayant besoin, en lien avec les services hospitaliers.

Des moqueries sur son surpoids

Selon des témoignages recueillis sur place, Sara aurait été victime de moqueries en raison de son surpoids. Dans un communiqué de presse, rendu public ce 13 octobre, le procureur de la République de Sarreguemines évoque “des moqueries” infligées à Sara et rapportés par ses parents “au sujet de sa corpulence par deux ou trois camarades d’école de sa classe de CM2.”

Abnor, lui aussi âgé de 9 ans, se souvient : “En classe, elle rigolait, elle était joyeuse, mais des fois, d’autres enfants l’insultaient… C’était souvent après l’école, sur le chemin.” Pour lui, les choses sont claires : “L’école, c’est pas un endroit pour harceler. Ni ici ni ailleurs.

Des parents, visiblement bouleversés, dénoncent une situation connue mais, selon eux, insuffisamment prise en compte. “On fait ce qu’on peut. On parle aux maîtres, on va voir la directrice… Mais ça ne suffit pas toujours“, témoigne une mère, angoissée.

La mineure ne disposait pas de téléphone portable ou de tablette grâce auxquels elle aurait pu être une utilisatrice habituelle de réseaux sociaux

Olivier Glady, procureur de la République de Sarreguemines

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Le parquet, de son côté, reste prudent. S’il confirme qu’un “court billet d’adieu et d’affection à l’attention
de sa famille” a bien été retrouvé dans la chambre d’un des frères de Sara où elle s’est donné la mort par pendaison, il indique qu’une “procédure pour recherche des causes de la mort a été ouverte et, dans ce cadre, une enquête a été confiée au commissariat de police de Sarreguemines pour éclairer les circonstances de la vie scolaire de l’enfant depuis la rentrée de septembre, ainsi que les événements susceptibles d’être intervenus dans sa vie hors du temps scolaire“. Le parquet se refuse à conclure sur la question du harcèlement et précise par ailleurs que “la mineure ne disposait pas de téléphone portable ou de tablette grâce auxquels elle aurait pu être une utilisatrice habituelle de réseaux sociaux.

Elsa, mère de deux enfants en CE1, présente elle aussi devant l’école, résume le sentiment partagé : “on parle de harcèlement trois heures par an, ce n’est pas suffisant. Il faut faire plus. Pour que jamais plus une petite fille comme Sara ne se sente seule au point de vouloir partir.

Une association d’aide aux victimes a été saisie par le Parquet pour porter assistance à la famille en deuil.