Nouveaux détails : Il a passé quatre heures avec le corps de Lola : à Paris, le témoignage hallucinatoire de son amie Dahbia B.

Ce lundi 20 octobre 2025, au procès du meurtre de Lola, la cour d’assises de Paris a entendu l’ami ayant hébergé l’accusée pendant plusieurs heures avec le corps de la victime.

Dans un procès d’assises, la normalité est une note dissonante, tant elle est en décalage avec les crimes. Ce lundi 20 octobre 2025, Rachid N. la joue pourtant à fond, comme si le micro était un piano à une seule touche. Cet homme de 46 ans au crâne rasé et à l’intonation nonchalante est auditionné au deuxième jour du procès du meurtre de Lola à Paris. Mis en examen puis bénéficiant d’un non-lieu pour recel de cadavre, il a hébergé pendant plusieurs heures l’accusée, qui traînait derrière elle la malle où était enfermé le corps de l’adolescente. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le quadragénaire n’a rien vu de la situation. Tout était « normal ».

« J’avais envie de me la taper »

Cette banalité, on la retrouve dès le début de cette journée du 14 octobre 2022. “Je travaillais le matin comme chauffeur puis je suis resté chez moi l’après-midi. Le technicien Orange devait intervenir », commence le témoin. Le président lui demande alors de passer à l’essentiel, c’est-à-dire sa prise de contact avec Dahbia Benkired. La normalité a ses limites. « Elle m’a appelé vers 18 h. Elle m’a dit qu’elle s’était disputée avec sa sœur et qu’elle l’avait mise dehors. Elle m’a demandée si je pouvais l’héberger à Asnières-sur-Seine. Je n’y voyais pas d’inconvénients », poursuit le témoin.

Le quadragénaire est une simple connaissance de la jeune femme. Ils se sont rencontrés dans le café dans lequel elle travaillait. En 2019, un léger flirt s’était produit entre les deux. Ce 14 octobre 2022, le témoin n’a pas que l’altruisme comme motivations. « J’avais envie de me la taper », dira-t-il aux enquêteurs.

Rien vu, rien senti

Est-ce cet appel du désir qui va atrophier tous les autres sens de Rachid N. ? Arrivé rue Manin, il prend en charge Dahbia Benkired. Quelques heures avant, elle a violé, torturé et tué Lola Daviet. Le corps de l’adolescente est placé dans une malle traînée par la jeune femme. Le témoin la met dans son coffre sans être alerté par le poids. « De ce que l’on sait, elle faisait au moins 55 kilos. Le poids de la victime », s’interroge le président. « Elle paraissait lourde, c’est vrai. À aucun moment c’est pas le truc qui vient à l’esprit. Je me suis pas posé de questions”, affirme benoîtement l’intéressé.

Le « bon copain » ne s’alerte pas plus de l’odeur. Une absence de nez surprenante, car le chauffeur Heetch qui ramènera Dahbia Benkired des Hauts-de-Seine à Paris constatera la forte relent de javel qui émane de la malle. La fenêtre conducteur ouverte, Rachid N. n’a rien détecté lors des 30 minutes du trajet aller : « Je n’ai pas touché à ses affaires. Je n’ai rien senti », assure-t-il au président, le dos voûté, comme pour se replier dans sa certitude.

Nuggets et vodka

Arrivés sur place, une soirée banale commence en présence du corps de l’adolescente. Dahbia Benkired se douche et met plusieurs vêtements dans la machine à laver. Rachid N. achète de l’alcool et des préservatifs puis emmène l’accusée au restaurant. Le couple mange des nuggets et des frites alors qu’au même moment, les parents de la victime sont rongés par l’angoisse de ne pas voir revenir leur fille. Le temps passe. Dahbia et Rachid regardent la télévision et boivent de la vodka mélangée à du soda. À quelques kilomètres, les policiers se déploient dans tout le 19e arrondissement à la recherche de Lola.

Puis vers 23 heures, la jeune femme sort son téléphone. « Elle a discuté quelques minutes avec sa sœur. Je n’y ai pas trop prêté attention. Elle m’a dit qu’elle devait rentrer chez elle », égrène le témoin. La jeune femme repart alors en VTC avec sa malle et ses valises. Elle aurait tenté de se débarrasser de l’une d’elles. À l’intérieur, les derniers effets d’une collégienne encore pleine de vie : carnet de texte, trousse ou encore dispense de sport.

Pour le témoin, la normalité de cette nuit d’amour manquée prend fin avec un appel de la police concernant l’accusée. Même à ce moment-là, le quadragénaire pense à une rixe ou un vol. Un fait divers normal. Placé en garde à vue puis mis en examen, Rachid N. passe d’ami dépanneur à complice d’un crime terrible. « C’est compliqué d’avoir son nom associé à une telle horreur », souffle-t-il à la barre.

« Chez lui, il a ouvert la malle »

Malgré les insistances de toutes les parties, Rachid N. le maintient : le doute et la suspicion étaient aux abonnés absents durant ces quatre heures, à deux pas de l’horreur. De la voiture au salon en passant par le restaurant, ses échanges sont passés au crible par le prétoire. Rien n’y fait. Le mot « normal » est brandi en étendard par le témoin.

À l’inverse, Dahbia Benkired charge celui qui l’a dépannée après le crime. « Je souhaite vous dire que je lui ai dit dans la voiture qu’il y avait un corps dedans. Chez lui, il a ouvert la malle », dénonce l’accusée de sa voix d’adolescente. Pire encore, le témoin aurait proposé à la jeune femme de faire disparaître le corps. « Ensuite, il a voulu qu’on couche ensemble. Je n’étais pas intéressée et je suis partie », poursuit Dahbia Benkired. Elle va même jusqu’à suggérer que son hôte aurait pu commettre des violences sexuelles sur le cadavre de Lola. Une allégation contredite par l’autopsie. Face à ces accusations, balayées par l’enquête, le témoin reste de marbre.

Le verdict est attendu pour le 24 octobre 2025

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