Percuté, l’enfant de 11 ans avait été laissé pour mort près de Rennes

Un collégien de 11 ans avait été percuté et laissé pour mort, sur le bord d’une route départementale à Clayes (Ille-et-Vilaine), en décembre 2021. La conductrice de la camionnette en cause et le chauffeur du bus témoin de la scène ont été condamnés, mardi 22 avril 2025 par le tribunal correctionnel de Rennes.

L’enfant est resté quinze minutes, seul et grièvement blessé, sur le bord de la route départementale 21 à Clayes (Ille-et-Vilaine) au matin du 13 décembre 2021. À 32 mètres de son impact avec une camionnette. Une scène « insoutenable » examinée, ce mardi 22 avril 2025, devant le tribunal correctionnel de Rennes, où étaient jugées deux personnes : la conductrice, responsable de l’accident, pour blessures involontaires et délit de fuite ; et un chauffeur de bus, témoin de la scène, pour non-assistance à personne en péril.

Ce matin de décembre, il fait encore nuit et le collégien, âgé de 11 ans, marche, le long de la route départementale 21 à Clayes (Ille-et-Vilaine). Il est en retard pour prendre le bus scolaire de 8 h 08. De l’autre côté de la route, le bus redémarre. L’enfant traverse sans voir la camionnette qui arrive à 70 km/h.

À son bord, la femme de 36 ans, en pleine livraison, ne le voit pas non plus. Après le choc, la conductrice s’arrête quelques mètres plus loin. A-t-elle percuté un animal ou un humain ? Au fond, elle sait, reconnaît-elle à la barre. Mais la « sidération » fait qu’elle ne retourne pas sur ses pas. Elle appelle son patron qui lui dit : « Si le bus repart c’est que c’est un animal, reprends ta livraison ». Le bus repart, alors elle aussi.

« Prévenir le PC bus, c’est comme prévenir les secours »

Au même moment dans le bus, le chauffeur, âgé de 34 ans, « entend le choc et voit une ombre voler ». Il appelle le PC (poste de commandement) bus de Keolis Armor, pour lui « c’est comme prévenir les secours ». Un échange retranscrit par le président du tribunal : « Une voiture a renversé quelqu’un, je pense qu’il est décédé. Le gamin est par terre au bord de la route » . L’opérateur lui répond :  « Tu ne t’arrêtes pas si quelqu’un s’est arrêté ». La camionnette est arrêtée : « Je pense qu’ils vont appeler les pompiers. »

Et il reprend la route : « J’étais en état de choc, j’ai eu peur que les élèves descendent, c’étaient ses amis, ça aurait été la catastrophe, c’était pour éviter le suraccident… », se justifie-t-il.

Multiples fractures et traumatismes

Aucun d’eux n’appelle les secours, ni la conductrice, ni le chauffeur, ni l’opérateur. Et l’enfant attend quinze minutes, inanimé, avant d’être sauvé par la mère d’une de ses camarades passant par là. Il est transporté à l’hôpital, avec de multiples fractures et traumatismes.

La conductrice se rend à la gendarmerie quarante-huit heures plus tard après un appel à témoin. « Je me repassais le fil dans la tête, j’espérais que ce ne soit pas un humain », raconte-t-elle en larmes. « Je m’en voudrai toute ma vie de ne pas l’avoir vu, de ne pas être retourné. »

La famille, par son avocat, dénonce deux réactions « inadaptées et choquantes ». Trois ans et demi après les faits, l’adolescent va bien, et pour tous « c’est là l’essentiel ».

La conductrice a été condamnée à six mois de prison avec sursis ainsi qu’à une suspension de permis de trois mois. Le chauffeur a été lui condamné à quatre mois de prison avec sursis.