Pourquoi l’état-major français redoute un conflit avec la Russie d’ici 2029

Défense. Le 22 octobre, devant les députés de la commission de la défense, le chef d’état-major des armées Fabien Mandon a indiqué que la France devait être “prête à un choc dans trois, quatre ans” face à la Russie.

Sur cette photo diffusée par l'agence d'Etat russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine inspecte les exercices militaires conjoints russo-biélorusses "Zapad-2025" sur un terrain d'entraînement dans l'oblast de Nijni Novgorod, le 16 septembre 2025.

oirée de cocktail au siège de l’Otan, à Bruxelles. En cet automne 2009, militaires et diplomates trinquent à l’Alliance atlantique. Tous sont encore secoués. Il y a un peu plus d’un an, Moscou, qui semblait si bien s’entendre avec les Européens, a envahi la Géorgie. Le conflit a duré neuf jours : un cessez-le-feu a été signé sous l’égide de l’Union européenne. Paris peut s’en attribuer le mérite : la médiation entre les deux pays a été assurée par Nicolas Sarkozy. “A l’époque, Sarkozy convenait que les Russes avaient été un peu excessifs. Mais il était convaincu, comme Angela Merkel, qu’il fallait rattraper le coup et les ramener dans le concert des nations”, se rappelle le général Michel Yakovleff, alors représentant du commandant suprême des forces alliées en Europe de l’Otan.

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Au milieu des mondanités, des représentants polonais et baltes s’approchent de lui, la mine renfrognée. A leur yeux, l’Ouest se voile la face. Le Kremlin est embarqué dans une croisade révisionniste qui finira par frapper d’autres ex-satellites soviétiques, puis l’Europe elle-même. “Vous, les Français et les Allemands, vous ne comprenez pas la nature du régime russe. Quand vous l’aurez compris, vous le considérerez comme une menace”, lui assurent-ils.

Effort de réarmement

Pourquoi la France doit être « prête à un choc » avec la Russie à l'horizon  2029

Seize ans plus tard, leur mise en garde résonne autrement. L’écho est venu, ce 22 octobre, du chef d’état-major des armées lui-même. Devant les députés de la commission de la défense, le général Fabien Mandon a expliqué que l’armée française doit être “prête à un choc dans trois, quatre ans”, face à la Russie qui “peut être tentée de poursuivre la guerre sur notre continent”. Sa déclaration intervient alors que s’ouvrent les négociations du budget 2026, où le ministère des Armées est l’un des rares en hausse – une augmentation de 13 %, à 57,1 milliards d’euros.

Mais cet “effort de réarmement” dépasse le simple calendrier budgétaire. Depuis des semaines, les alertes se succèdent. Le 11 juillet, l’ancien chef d’état-major, Thierry Burkhard, a affirmé que Moscou considère désormais la France comme “son principal adversaire en Europe”. La Russie, “puissance de nuisance”, “est partie prenante de toutes les menaces”, a-t-il insisté. A Berlin, les services de renseignement mettent aussi en garde contre un Kremlin susceptible “d’entrer en conflit militaire direct avec l’Otan” d’ici 2029. A Londres, le ministre de la Défense britannique John Healey constate une “augmentation de 30 % des navires russes menaçant les eaux britanniques”. “La Russie nous challenge ; elle nous teste ; elle nous surveille”, résume-t-il au micro de la BBC.