Pourquoi un tel acharnement sur une jeune femme à qui tout souriait ?

Le 13 septembre 2014, le visage de Marie-Rose Blétry se grave dans la mémoire collective française. En larmes, mais emplie d’une dignité inébranlable, cette mère de famille témoigne de l’impensable : après 18 années de combat acharné, elle connaît enfin le nom de l’homme suspecté d’avoir assassiné sa fille, Christelle. Pour Marie-Rose, c’est la fin d’une attente insoutenable, le dénouement d’une lutte solitaire contre l’oubli et l’injustice. Mais ce n’est pas seulement le nom de l’assassin qu’elle découvre, c’est aussi une vérité déchirante sur les dernières heures de sa fille.
Un crime d’une sauvagerie inouïe
Nous sommes le 28 décembre 1996, au cœur de Blan, une petite ville minière de Bourgogne. Marie-Rose Blétry est plongée dans l’angoisse. Sa fille aînée, Christelle, 20 ans, n’est pas rentrée. La jeune femme, étudiante en puériculture, n’avait jamais découché sans prévenir. Le pressentiment de la mère est une certitude. Elle appelle les hôpitaux, la police, mais n’obtient qu’une réponse lapidaire : “Votre fille est majeure et vaccinée.” La solitude de l’attente est une torture.
À 11h30, un facteur en tournée découvre une masse sombre dans un fossé, sur le chemin de l’Étendocle. C’est le corps de Christelle. La scène est insoutenable pour les pompiers qui arrivent sur place. Christelle a été lardée de coups de couteau, un crime d’une violence inouïe, jamais vu dans cette paisible commune.
Marie-Rose Blétry apprendra la nouvelle de la manière la plus cruelle, assise dans le hall du commissariat. Le facteur de Blan, qu’elle connaît bien, arrive pour témoigner et son regard lui glace le sang. Elle devine l’horreur avant même qu’on ne lui dise un mot. C’est par la presse, en regardant les informations régionales, qu’elle découvrira les circonstances macabres du décès de sa fille. L’autopsie révélera l’étendue de la sauvagerie : 123 coups de couteau, principalement portés sur le côté gauche du corps et dans la nuque. Christelle a lutté désespérément, ses mains et ses avant-bras portant les traces d’une défense héroïque. L’arme du crime pourrait être un cran d’arrêt ou un Opinel avec une lame de 7 cm. Le légiste émet l’hypothèse qu’elle aurait été poignardée sur le siège passager d’une voiture.
Une enquête sans boussole et un amour perdu

Les premiers soupçons se portent sur Christophe, un ex-petit ami de Christelle, avec qui elle avait eu une altercation quelques semaines avant sa mort. Dans une lettre à une amie, Christelle racontait comment il l’avait menacée avec un couteau, la forçant à fumer. Il est placé en garde à vue, mais son alibi est solide et aucune preuve matérielle n’est trouvée à son domicile ou dans son véhicule. La piste Christophe est refermée.
L’enquête piétine. Les policiers interrogent des dizaines de proches, amis, camarades de lycée. Le portrait de Christelle est celui d’une jeune femme ordinaire, sérieuse, aimée de tous, sans problème particulier. “C’est pas possible que ça arrive à Christelle”, témoigne une amie. Qui aurait pu lui en vouloir à ce point ?
Marie-Rose se souvient alors d’événements inquiétants survenus une semaine avant le drame : un rôdeur observait Christelle à son travail, dans la maison de quartier. La jeune femme se sentait suivie, inquiète. Un scénario de rôdeur méthodique, qui connaissait les habitudes de Christelle, commence à prendre forme. Mais les méthodes d’investigation de l’époque sont limitées : pas d’ADN, pas de téléphonie, pas de vidéosurveillance. La police cherche “quelqu’un qui a un couteau et une voiture”, un profil vague qui ne mène nulle part.
Le meurtre de Christelle tombe peu à peu dans l’oubli judiciaire, mais pas pour sa famille. Blan est submergée par la peur et les dénonciations anonymes. 24 personnes sont placées en garde à vue, toutes injustement accusées par des “corbeaux”. Le climat de suspicion est un enfer quotidien pour Marie-Rose, qui en vient à douter de tous ses proches.
Le combat d’une mère et l’espoir de l’ADN
Face à l’immobilisme de la justice, la famille de Christelle ne se résigne pas. Une incroyable solidarité émerge dans cette région minière. L’association “Christelle” est créée, d’abord pour le réconfort, puis pour devenir le symbole d’un combat contre l’injustice. Marie-Rose Blétry, cette femme discrète, se transforme en une militante infatigable, bousculant les magistrats. Son combat est rejoint par d’autres familles endeuillées par des meurtres non élucidés de jeunes femmes en Saône-et-Loire. Ensemble, elles font trembler l’institution judiciaire.
En 2001, cinq ans après le meurtre, une première victoire : les dossiers sont regroupés au TGI de Chalon-sur-Saône et les enquêtes relancées. L’espoir renaît grâce aux progrès de la science : l’ADN. Marie-Rose est persuadée que l’ADN de l’agresseur se trouve sur les vêtements de sa fille. Elle se bat pendant 12 années supplémentaires pour que les vêtements soient enfin envoyés à un laboratoire.
La vérité cruelle et le nom de l’assassin
Et là, c’est l’incroyable rebondissement : à l’intérieur du pantalon et sur les sous-vêtements de Christelle, de l’ADN sous forme de sperme est retrouvé. Il a fallu 17 ans pour découvrir que Christelle avait été agressée sexuellement. Pour Marie-Rose, c’est un effondrement, mais aussi la vérité tant désirée. L’ADN correspond à une empreinte répertoriée dans les fichiers de la police. Un nom est enfin mis sur l’assassin présumé : Pascal Jardin.
Pascal Jardin, un “monsieur tout le monde” : marié, père de famille, directeur d’exploitation dans une entreprise de surgelés. Il habite à seulement 2 km de chez Christelle, dans le même quartier où elle travaillait. Est-il le rôdeur dont Christelle avait peur ? Son passé recèle une zone d’ombre : en 2004, il a été condamné pour tentative de viol sur une jeune femme, se faisant passer pour un plombier-chauffagiste avant d’être interpellé en flagrant délit. Son ADN avait été prélevé à cette occasion.
Des aveux et une rétractation
Le 12 septembre 2014, Pascal Jardin, 55 ans, est arrêté dans les Landes, où il s’est remarié. Lors de sa garde à vue, il nie connaître Christelle Blétry, mais face à la preuve irréfutable de son sperme sur les sous-vêtements de la victime, il craque. Il avoue avoir croisé Christelle au stop de la route express, l’avoir forcée à monter dans sa voiture, puis l’avoir conduite sur le chemin de l’Étendocle. Il admet un rapport sexuel imposé, et que c’est après que les choses ont dégénéré. Elle se serait mise à hurler, et lui, “pris de folie”, l’aurait frappée 123 fois avec son couteau “jusqu’à ce qu’elle se taise”. Des aveux glaçants, qui le conduisent à être mis en examen pour séquestration, viol et assassinat.

Mais le calvaire de Marie-Rose est loin d’être terminé. Quatre jours plus tard, l’épouse de Pascal Jardin, Chantal, défend son mari sur une radio nationale. Elle affirme que les aveux ont été extorqués sous la contrainte, minimisant son passé judiciaire. Chantal Jardin ne peut croire que l’homme qui partage sa vie puisse être un monstre. Pascal Jardin se rétracte alors, niant le meurtre et expliquant avoir eu une relation sexuelle consentie avec Christelle, qu’il aurait ensuite déposée avant qu’elle ne disparaisse. Une version jugée “incompréhensible” et “insensée” par les enquêteurs.
Le procès et le verdict
Le 23 janvier 2017, 21 ans après le meurtre, s’ouvre le procès de Pascal Jardin devant la cour d’assises de Saône-et-Loire. Marie-Rose, entourée de ses autres enfants, espère enfin comprendre. Mais l’attitude de l’accusé dérange : il est distant, indifférent, sans compassion. Ses aveux filmés, diffusés lors du procès, contrastent avec son attitude dans le box. Ils révèlent un homme pétri de remords, ce qui semble être “une partie de la vérité”.
À l’issue de trois semaines d’audience, Pascal Jardin est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine incompressible de 20 ans. Marie-Rose Blétry a obtenu justice pour sa fille. “Mon seul objectif, c’est qu’il ne sorte jamais de prison pour qu’il ne recommence pas”, déclare-t-elle.
Pascal Jardin a fait appel de sa condamnation et reste à ce jour présumé innocent. L’affaire Christelle Blétry est le symbole d’un combat inlassable pour la vérité, la preuve que la ténacité d’une mère peut bousculer les rouages d’une justice parfois trop lente. C’est l’histoire tragique d’une jeune femme et le combat héroïque de sa mère pour que sa mémoire ne soit jamais oubliée.
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