Qui sont les soeurs Kessler, les jumelles qui se sont donné la mort ensemble ?

Elles ont traversé l’Europe en talons et en parfaite synchronisation : les sœurs Kessler, icônes absolues de la variété des années 60, sont parties comme elles ont vécu : ensemble. Retour sur l’un des duos les plus emblématiques du siècle.

Elles avaient un sourire parfait, une synchronisation digne d’un ballet horloger, et de longues jambes : Alice et Ellen Kessler, les jumelles les plus célèbres du Vieux Continent, se sont éteintes ensemble, à 89 ans, dans leur maison de Grünwald, près de Munich.

Qui étaient les sœurs Kessler ?

Pour comprendre leur départ, il faut revenir au début du numéro. Nées en 1936 à Nerchau, en Saxe, elles grandissent à Leipzig, étudient la danse, puis filent à l’Ouest en 1952, incarnant un glamour post-guerre qui avait soif de légèreté et de jupes courtes. Très vite, l’Allemagne de l’Ouest les adopte, l’Italie les adule, et les plateaux de télévision deviennent leur deuxième maison. Dans les années 60, elles personnifient un nouveau chic européen : un glamour joyeux, pas encore pop mais déjà moderne, celui des music-halls.

En Italie, on les surnommait « les jambes de la nation », un titre qu’aucune élection n’aurait pu leur retirer. À la télévision, elles apportent une élégance sans effort : robes scintillantes, port de tête impérial, humour discret mais toujours bien placé. Les États-Unis s’y intéressent, « Life Magazine » leur consacre une couverture, Frank Sinatra les invite, et le mythe s’étend au-delà de l’Europe.

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Le lien des jumelles Kessler

Mais au-delà du strass, il y avait ce lien. Pas celui, romantique, qu’on prête aux duos mythiques. Non : quelque chose de plus solide, une architecture intime. Elles vivaient dans des appartements voisins, partageaient leur carrière, leur quotidien, leurs décisions. On raconte qu’elles terminaient chacune les phrases de l’autre, cliché trop parfait pour ne pas être vrai.

Le 17 novembre 2025, elles choisissent de partir comme elles avaient vécu : ensemble, dans une mise en scène d’une douceur presque déconcertante. Leur vœu, exprimé depuis longtemps, était limpide : ne jamais être séparées. Elles avaient même demandé à reposer dans la même urne, auprès de leur mère et de leur chien Yello : un détail qui dit beaucoup de leur sens du symbole autant que sur leur fidélité.

Que reste-t-il des Kessler ? Une époque, surtout. Celle où la télévision construisait des icônes, où la variété osait l’élégance, où deux sœurs pouvaient redonner le sourire à un continent encore cabossé. Et une idée : la complicité peut être un art, ou une chorégraphie.