France-Algérie : Emmanuel Macron et le gouvernement dans l’embarras après le vote de l’Assemblée contre l’accord

« Aucun commentaire. » À l’Élysée, silence radio après l’adoption à une voix près par l’Assemblée nationale, jeudi, d’une résolution émanant du Rassemblement national pour la dénonciation de l’accord de 1968, qui prévoit un régime migratoire favorable aux Algériens venant en France. Et pour cause, c’est le chef du gouvernement, Sébastien Lecornu, qui a été chargé de porter la voix de l’exécutif, en marge d’un déplacement dans la Manche.
« Il faut que le gouvernement tienne compte du vote de l’Assemblée nationale », a aussitôt réclamé Marine Le Pen. Un vote surprise qui embarrasse l’exécutif, alors que la diplomatie française espérait ces derniers temps une discrète reprise du dialogue avec Alger, actuellement au point mort. « Je ne savais pas que la politique étrangère était une compétence du Parlement », grince un conseiller haut placé. Avant l’adoption de la résolution dans l’Hémicycle, c’est le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, qui s’est chargé…
C’est un coup de tonnerre comme la Vème République en a rarement connu. Un de ces moments où l’histoire s’écrit en direct, dans la confusion et la fureur. Ce jeudi 30 octobre 2025 restera gravé comme le jour où l’Assemblée Nationale, par une seule et misérable petite voix (185 contre 184), a infligé un camouflet dévastateur à Emmanuel Macron, mettant le gouvernement dans un embarras sans précédent et ouvrant une boîte de Pandore diplomatique avec l’Algérie.
L’objet du séisme ? Une proposition de résolution, déposée par le Rassemblement National, visant à “dénoncer” l’accord franco-algérien de 1968. Un texte hautement inflammable, que le parti de Marine Le Pen qualifie de “journée historique” et que la gauche, horrifiée, dénonce comme l’avènement d’une “folie xénophobe et raciste”
Mais au-delà de l’objet du vote, c’est l’anatomie de cette défaite qui révèle l’étendue de la crise politique. L’exécutif, qui n’a plus de majorité absolue, a été non seulement battu, mais humilié par la défection d’une partie de son propre camp et l’absentéisme coupable de ses figures de proue. C’est le récit d’un fiasco politique, d’une trahison en direct et d’un calcul politicien qui pourrait coûter très cher à la France.
L’anatomie d’une humiliation : la majorité en éclats
Pour comprendre l’embarras du gouvernement, il faut regarder qui a voté. Le texte du RN n’aurait jamais dû passer. Mais il a bénéficié d’une conjonction d’intérêts funeste pour l’Élysée. Le groupe Les Républicains (LR) a voté comme un seul homme avec le RN, confirmant le rapprochement idéologique de la droite avec l’extrême droite sur les questions migratoires.
Mais le véritable “coup de poignard” est venu de l’intérieur même de la coalition présidentielle. Le groupe Horizons, parti de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, a lui aussi voté en faveur du texte, brisant l’unité de la majorité. Un acte de défiance spectaculaire, vu comme un calcul politique évident dans la perspective de la présidentielle de 2027.
Pendant ce temps, que faisaient les députés macronistes ? Ils brillaient par leur absence. L’absentéisme a été colossal dans les rangs de Renaissance et du MoDem. Le symbole le plus criant de cette débandade est le fauteuil vide de Gabriel Attal. L’absence de cette figure majeure du camp présidentiel est devenue le symbole du naufrage. Sa voix, une seule voix, aurait suffi à faire basculer le scrutin, à provoquer une égalité et donc le rejet du texte.
L’image est dévastatrice : pendant que le RN célébrait sa première victoire législative majeure, brisant le “cordon sanitaire”, le camp présidentiel était aux abonnés absents, laissant le champ libre à ses pires adversaires.
Face à cette Bérézina, la réaction du Premier ministre, Sébastien Lecornu, a été celle d’un homme pris au piège. Tentant de sauver la face, il a déclaré “respecter” le vote du Parlement, tout en précisant immédiatement que le gouvernement n’entendait pas “dénoncer” l’accord, mais plutôt chercher à le “renégocier”. Une posture intenable, qui sonne comme un aveu d’impuissance.
L’accord de 1968 : le totem au cœur de la tempête
Pour mesurer la portée de ce vote, il faut comprendre ce qu’est cet accord de 1968. Il ne s’agit pas d’un simple texte administratif, mais d’un pilier des relations complexes, douloureuses et passionnelles entre la France et l’Algérie, signé six ans seulement après la fin de la guerre d’indépendance.
Concrètement, cet accord crée un “régime dérogatoire” pour les ressortissants algériens, les sortant du droit commun de l’immigration (le CESEDA) qui s’applique à tous les autres étrangers non-européens. Il leur accorde des facilités notables :
Circulation : Pas besoin de visa spécifique pour des séjours de plus de trois mois.
Séjour : Un accès bien plus rapide au fameux “certificat de résidence” de 10 ans.
Regroupement familial : Des conditions plus souples que pour les autres nationalités.
Travail : Une “liberté d’établissement” leur permettant de s’installer plus facilement comme commerçant ou artisan.
Pour la droite et l’extrême droite, cet accord est un “anachronisme”. Ils le dépeignent comme une passoire, une des causes principales d’une “immigration de masse” et “subie”, arguant que la France de 2025, en proie au chômage et aux tensions sociales, n’est plus la France de 1968 qui avait besoin de main-d’œuvre.
Pour la gauche et une partie du gouvernement, toucher à cet accord est une ligne rouge. D’abord, parce que ce vote est “non contraignant”. Il s’agit d’une résolution, un “vœu” de l’Assemblée, qui n’oblige en rien l’exécutif – seul détenteur du pouvoir de dénoncer un traité international. Les macronistes ont d’ailleurs fustigé une “loi d’affichage” populiste.
Mais surtout, les opposants à la dénonciation soulignent le danger d’une telle manœuvre.
Le paradoxe infernal : dénoncer l’accord pourrait… aggraver la situation
L’ironie de la situation, qui a totalement échappé aux promoteurs du texte, est que la dénonciation de l’accord de 1968 pourrait avoir l’effet inverse de celui escompté.
De nombreux juristes et diplomates sonnent l’alarme : que se passerait-il si cet accord était abrogé ? La France ne reviendrait pas simplement au “droit commun”. Elle créerait un “vide juridique” qui pourrait, selon plusieurs interprétations, réactiver… les Accords d’Évian de 1962.
Et que disaient les Accords d’Évian, signés pour mettre fin à la guerre ? Ils garantissaient la “libre circulation” et la “liberté d’établissement” des Algériens en France. En réalité, l’accord de 1968 n’a pas été créé pour favoriser l’immigration algérienne, mais au contraire pour restreindre la liberté totale de circulation prévue en 1962.
En voulant, par pure idéologie, dénoncer le texte de 1968, le RN et ses alliés de droite pourraient avoir ouvert la voie à un régime migratoire encore plus favorable à l’Algérie. C’est le paradoxe d’un populisme qui ignore l’histoire et la complexité du droit.
Au-delà de ce nœud juridique, les conséquences diplomatiques sont, elles, bien réelles et immédiates.
Une crise diplomatique en perspective
Ce vote est une gifle pour Alger. Le gouvernement algérien, très sourcilleux sur sa souveraineté et sur ce texte qu’il considère comme un acquis fondamental, ne manquera pas de réagir. Pour l’Algérie, ce vote, même symbolique, est un acte hostile, une “stigmatisation” de sa population.
Emmanuel Macron, qui a investi tant d’énergie politique et personnelle dans la “réconciliation des mémoires” et le réchauffement des relations avec Alger, voit des années d’efforts diplomatiques s’effondrer en un après-midi.
La coopération bilatérale, déjà fragile, risque d’entrer dans un nouvel âge de glace. Cela concerne les visas (un levier de pression constant des deux côtés), mais aussi et surtout la coopération sécuritaire, la lutte anti-terroriste et la gestion des flux migratoires, notamment la délivrance de laissez-passer consulaires pour les expulsions. En voulant “reprendre le contrôle”, l’Assemblée a peut-être donné à l’Algérie toutes les raisons de fermer totalement le robinet de la coopération.
Le début de la fin pour la “Macronie” ?
Au final, ce jeudi noir est moins une victoire du RN qu’une défaite accablante pour Emmanuel Macron. Il révèle un président affaibli, incapable de tenir sa propre majorité, pris en otage par les ambitions des uns (Édouard Philippe) et l’idéologie des autres (la droite).
L’embarras est total. Le président est désormais sommé de se positionner. S’il ignore le vote, il sera accusé de mépriser la représentation nationale. S’il suit le vote, il se renie et déclenche une crise internationale majeure.
Le mur entre la droite “républicaine” et l’extrême droite est tombé, et c’est la majorité présidentielle, par sa fracture et son amateurisme, qui lui a servi de bélier. Cette “journée historique” pour Marine Le Pen pourrait bien être le début d’une fin de règne crépusculaire pour Emmanuel Macron, piégé entre son histoire et ses fantômes.
Ce débat de l’année dernière montre à quel point le climat politique s’est retourné, menant au vote choc d’hier.
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