Un couple soupçonné d’avoir causé la mort de son bébé de huit mois : les habitants de Châteaubriant sont sous le choc

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L’émotion est grande à Châteaubriant après la mort d’un bébé de huit mois, couvert de bleus. Les quatre autres enfants de la fratrie se trouvent dans un état physique très dégradé. Les parents ont été incarcérés. Le Département avait saisi la justice pour faire placer les enfants.

À Châteaubriant, on ne connaît pas ou mal cette famille de cinq enfants, installée depuis deux ans dans un lotissement à l’extérieur de la ville. Mais les habitants, rencontrés par ICI Loire Océan ce lundi 13 octobre 2025, sont choqués par ce qu’il s’est passé. Au bar PMU, à côté de la mairie, on parle d’une histoire “horrible”. Et tous se posent la même question : “Est-ce-que ce drame aurait pu être évité ?”  Vendredi, une femme, âgée de 25 ans, amène son bébé de huit mois aux urgences de l’hôpital. Il est déjà décédé. Des lésions et ecchymoses sont constatées à plusieurs endroits de son corps.

La mère et le père, âgé, lui, de 19 ans, sont placés en garde à vue et le parquet ordonne le placement provisoire des quatre autres enfants de la fratrie, notamment le jumeau du bébé décédé. Les autres enfants sont âgés de 18 mois, cinq ans et six ans. Selon Antoine Leroy, procureur de la République de Nantes, “il apparaît donc que ces cinq enfants étaient, depuis de longs mois, si ce n’est de longues années pour les moins jeunes, dans un état de délaissement majeur.”

L’école des deux aînés avait fait plusieurs signalements

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Les témoignages recueillis devant l’école des deux aînés corroborent ces déclarations. Selon une maman rencontrée sur place, les enfants étaient pâles, maigres. Ils portaient des habits sales et malodorants. Toujours d’après elle, il n’y avait pas d’échanges possibles avec la maman, qui ne descendait pas de sa voiture lorsqu’elle déposait ses enfants. Cette mère de famille assure aussi que l’école a fait plusieurs signalements, sans qu’on sache encore pour l’heure quelles suites leur ont été données.

La Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) se retranche derrière le secret de l’enquête. “La situation évoquée fait actuellement l’objet d’une enquête judiciaire. À ce titre et dans l’intérêt de son bon déroulement, la communication leur est réservée”, fait-elle savoir dans un communiqué.

Le Département avait saisi la justice en vue d’une demande de placement des enfants

En fin de journée, le Département de Loire-Atlantique, en charge de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), a également réagi par le biais dans un communiqué. La famille était connue de ses services. Mais les travailleurs sociaux se sont trouvés confrontés à un “évitement fort des parents : refus de rendez-vous, refus de visites à domicile, absences aux rendez-vous”. Face à cette situation, le Département précise avoir saisi la justice “en vue d’une demande de placement des enfants”.

Contactées, les associations caritatives de Châteaubriant n’ont pas souvenir d’avoir rencontré cette famille. Sans pour autant affirmer qu’elle n’est pas venue un jour chercher un colis alimentaire. Qu’il s’agisse des Restos du Cœur, du Secours populaire, du Secours catholique ou de la Société de Saint-Vincent-de-Paul.

“On est si près et si ignorant des problèmes qu’il peut y avoir chez les autres”

Un voisin, rencontré dans le quartier, affirme qu'il ne voyait jamais les enfants.

Un voisin, rencontré à proximité de la maison, raconte de son côté qu’il ne voyait jamais les enfants. “Si on les avait vus, ça aurait pu éventuellement changer quelque chose mais on ne peut pas se permettre de trop rentrer dans la vie des gens. La seule chose que j’avais remarquée, c’était un mauvais traitement sur leurs chiens. De là à en arriver à la perte d’un nourrisson, c’est choquant. On est si près et si ignorant des problèmes qu’il peut y avoir chez les autres”, témoigne Pierrick au micro d’ICI Loire Océan.

Les deux parents ont été déférés dimanche après-midi au parquet de Nantes. Le procureur a requis le placement en détention provisoire et un juge d’instruction a été saisi du “crime de délaissement d’un mineur de moins de 15 ans ayant entrainé la mort”. Antoine Leroy confirme ce lundi soir l’incarcération des deux parents. La peine est passible de 30 ans de réclusion criminelle.