Crise migratoire : Emmanuel Macron a rencontré Giorgia Meloni

L’Europe a assisté, médusée, à un coup de théâtre politique dont l’onde de choc est partie de Rome pour s’écraser, en quelques jours, sur les murs de l’Élysée. Le 20 septembre dernier, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a déclenché une tempête médiatique en formulant un vœu qui sonne comme une déclaration de guerre politique : elle espérait qu’un jour, un gouvernement conservateur arrive au pouvoir en France. Ce message, adressé en français au mouvement « Identité en Liberté », n’était pas un simple exercice de rhétorique idéologique ; il fut perçu immédiatement comme un défi direct et frontal à l’exécutif français et à la légitimité d’Emmanuel Macron.

La symbolique du geste est décuplée par le contexte. D’un côté, une Italie menée par Meloni affichant une confiance renouvelée et des résultats économiques que le gouvernement se plaît à brandir. L’agence de notation Fitch venait de relever la note souveraine de l’Italie de BBB à BB+, un succès que Meloni a salué comme la validation d’une trajectoire budgétaire responsable. Elle insiste : les choix conservateurs portent leurs fruits et l’Italie a remis ses comptes sur le bon chemin. De l’autre côté de la frontière, la France est plongée dans une instabilité chronique, marquée par une série de crises qui culmineront quelques jours plus tard dans un chaos institutionnel ahurissant.

L’appel de Meloni n’est pas lancé à l’Europe au sens large, mais directement à une France en proie à l’incertitude. Prononcer un tel message dans la langue de Molière, à destination des militants français de droite, ajoute au geste une dimension diplomatique provocatrice, soulignant que l’époque des équilibres technocratiques et des non-dits européens pourrait bien toucher à sa fin. Pour la cheffe du gouvernement italien, il s’agit de s’imposer comme un modèle de stabilité et de fermeté face à un partenaire historique, la France, dont les failles sont désormais exposées au grand jour.

Le record de la honte : l’effondrement en quelques heures

Alors que le souhait de la dirigeante italienne résonnait encore dans les couloirs de l’Assemblée, la scène politique française s’est embrasée avec une rapidité stupéfiante. L’instabilité n’était déjà pas nouvelle. Emmanuel Macron avait nommé Sébastien Lecornu comme Premier ministre le 8 septembre 2025, après la chute du gouvernement Borne suite à un vote de défiance. Lecornu héritait d’une tâche herculéenne : gouverner avec une majorité fragmentée et rassurer des alliés de plus en plus échaudés.

Le 5 octobre, la liste des ministres du nouveau gouvernement est dévoilée. Mais loin de susciter l’enthousiasme, elle provoque une vague de critiques. De nombreux visages de l’ère précédente sont maintenus, brisant la promesse de « rupture réelle » tant attendue par les électeurs. Le malaise est palpable, la déception profonde, y compris dans les rangs de la majorité présidentielle et de ses soutiens traditionnels.

Puis, l’événement choc, l’instant qui restera gravé dans les annales : le 6 octobre 2025, quelques heures seulement après l’annonce de la composition ministérielle, Sébastien Lecornu remet sa démission au Président de la République. L’acceptation par Emmanuel Macron est immédiate et silencieuse. Ce recul soudain, fulgurant, fait du gouvernement Lecornu l’un des plus éphémères de la Cinquième République, un « exploit » que peu de coalitions avaient accompli. La durée entre la nomination et la démission ne fut que de quelques heures, marquant une instabilité institutionnelle inédite sur la scène nationale.

Dans ce contexte de vacance du pouvoir, la déclaration de Meloni prend un relief inattendu. Une dirigeante étrangère formule le souhait d’un changement politique majeur en France, et dans la foulée, l’exécutif français s’écroule, incapable de se maintenir plus d’une demi-journée. Cette conjonction alimente immédiatement la presse étrangère qui parle d’un président « à bout de souffle », rattrapé par une réalité institutionnelle qu’il ne parvient plus à maîtriser.

La trahison interne et le chaos démocratique

À l’Élysée, l’acceptation de la démission de Lecornu se fait sans la moindre solennité, sans discours à la nation, par un simple communiqué de presse, ce qui est interprété comme un aveu d’impuissance. Le vide politique est assourdissant. Aucune annonce de successeur, aucune dissolution de l’Assemblée nationale n’est évoquée. Le silence présidentiel est un signal d’alarme.

Le même jour, la colère et la confusion s’emparent des ministres et des élus de tout bord, soulignant l’ampleur de la crise qui dépasse les clivages habituels. L’exemple le plus spectaculaire est celui de Bruno Le Maire, pourtant récemment nommé ministre des Armées dans le gouvernement Lecornu. Le Maire est allé jusqu’à proposer publiquement qu’Emmanuel Macron se retire du gouvernement sans délai. Ce geste, un véritable coup de théâtre interne, révèle à quel point la crise touche désormais le cœur même du pouvoir et la loyauté de ses plus fidèles alliés.

L’opposition ne manque pas de saisir l’occasion. La CGT fustige un « chaos institutionnel » et accuse le Président d’« enflammer la crise démocratique ». À l’extrême droite, Marion Maréchal exige qu’Emmanuel Macron prenne ses responsabilités. À la gauche, Jean-Luc Mélenchon réclame l’examen immédiat de la motion de destitution déposée par plus d’une centaine de députés, tandis que socialistes et écologistes plaident pour la nomination d’un Premier ministre issu de la gauche afin de ramener le calme.

L’instabilité se propage aux marchés : la Bourse de Paris recule de près de deux points, les analystes économiques évoquant une inquiétude croissante face à la dette publique record et à un déficit budgétaire difficilement soutenable. À l’étranger, les grands médias américains et européens parlent d’un « coup de tonnerre à Paris », certains allant jusqu’à qualifier la France de « malade institutionnel ».

 

Le visage d’un président acculé : les yeux rougis de l’Élysée

Duel Meloni-Macron : Qui influencera le prochain pape ? - Magazine  Actualites Cameroun

C’est dans cette atmosphère lourde, tendue, que l’attention se porte sur l’homme qui incarne le sommet du pouvoir. La succession d’événements, digne des pires heures de la Quatrième République (gouvernements éphémères, coalitions impossibles), a un coût humain et politique immense. Le lien entre les citoyens et l’exécutif s’effrite à vue d’œil, plus de sept Français sur dix n’ayant plus foi en la capacité du pouvoir actuel à redresser la situation.

Mais l’image la plus marquante, celle qui résume le désarroi d’une nation, est celle du Président. Lors de sa dernière apparition publique, le regard d’Emmanuel Macron a marqué les esprits. On le décrit le « visage fermé, les lèvres serrées, les yeux rougis ». Certains y ont vu le signe d’une émotion rare, contenue, voire de larmes que le chef d’État cherchait à dominer. D’autres, une immense fatigue, le symptôme d’un pouvoir fragilisé et rattrapé par la réalité d’un pays que l’on dit désormais ingouvernable.

Ce contraste est d’autant plus cruel qu’il s’inscrit en miroir avec l’attitude de Giorgia Meloni. D’un côté, une dirigeante sûre d’elle et célébrée pour sa fermeté. De l’autre, un Président épuisé, cerné par les crises qui ne cessent de s’accumuler depuis 2024. L’appel au conservatisme formulé par la Première ministre italienne, perçu au départ comme une simple sortie politique, s’est transformé en un véritable catalyseur d’un basculement historique.

Le choc du 6 octobre 2025 restera gravé. L’onde de choc de la déclaration de Meloni a percuté de plein fouet une France à bout de souffle, entrant désormais dans une période de transition dont nul ne peut prédire l’issue. La question que tout le monde se pose est désormais simple : jusqu’où cette spirale d’instabilité va-t-elle entraîner le pays ?