“Je n’ai toujours pas compris” : Léa Salamé revient sur le suicide de Mathieu Sarda, son collègue chez France Inter.

Cinq ans après la disparition de Mathieu Sarda, Léa Salamé ne parvient toujours pas à faire le deuil de celui qu’elle considérait comme “l’âme de la matinale” de France Inter. La mort brutale de son ami et collègue, survenue en 2020, continue de la hanter comme elle l’a confié à Paris Match.

Rien ne la prédestinait à incarner l’un des postes les plus exposés du paysage audiovisuel français. Et pourtant, à la rentrée prochaine, Léa Salamé succédera à Anne-Sophie Lapix à la tête du 20h de France 2. Une nomination qui n’était ni préméditée, ni rêvée par la journaliste. “Elle n’en a jamais rêvé du 20h, donc c’est pas Léa Salamé qui est venue me dire, ‘je veux le 20h’”, avait tenu à souligner Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, sur le plateau de Quotidien.

Léa Salamé, nouveau visage du JT de 20 heures

La chaîne publique avait d’abord approché Caroline Roux, qui a décliné. C’est dans ce contexte que la proposition a été faite à Salamé. “J’avais proposé le 20h à Caroline Roux qui finalement a décliné, donc là dans la discussion avec Léa Salamé, je lui dis : ‘Ecoute Léa faut que tu y ailles’”, a raconte Delphine Ernotte. Ce changement s’inscrit dans une stratégie de renouvellement portée par France Télévisions et expliquée ainsi par la présidente du groupe : “C’est vrai que c’est un troisième mandat, le journal doit continuer à évoluer parce qu’on est pas mal remis en question par les chaînes d’infos, les réseaux sociaux, donc il faut une évolution permanente. Et j’ai pensé qu’il fallait aussi une nouvelle incarnation pour ce nouveau 20h”. 

La journaliste adresse un message émouvant à son acolyte, Nicolas Demorand

Dans une interview accordée à Paris Match ce jeudi 24 juillet, Léa Salamé revient sur les raisons personnelles qui ont longtemps freiné cette ambition. “Je n’y avais jamais rêvé car une partie de moi se disait que seule une vraie Française pourrait le présenter”, confie-t-elle. Et d’ajouter, lucide : “Je suis une Arabe catholique, en couple avec un Juif. Je ne suis pas une blonde aux yeux clairs donc je me le suis sans doute interdit à moi-même”. Son départ de France Inter, après huit années de matinale, a été marqué par une émotion vive.

Le 3 juillet dernier, elle a fait ses adieux en direct, rendant un hommage bouleversant à son binôme, Nicolas Demorand : “Une rencontre comme ça dans le travail, c’est impossible, ça n’existe pas. On ne se connaissait pas il y a huit ans, on s’est jaugés, on s’est reniflés, on s’est apprivoisés et puis très vite on s’est aimés. On s’est tant aimés. Qu’est ce que j’ai appris avec toi, qu’est-ce qu’on a parlé aussi, qu’est-ce qu’on a ri, qu’est-ce que j’ai aimé faire et refaire les interviews la veille pour le lendemain avec toi au téléphone et nous retrouver tous les matins aux aurores pour échanger et échanger encore…”.

Léa Salamé revient sur la mort de Mathieu Sarda et son incompréhension 

Ce départ a aussi ravivé une douleur plus intime… La perte de Mathieu Sarda, programmateur de la matinale, décédé en 2020. Dans les colonnes de Paris Match, la journaliste évoque son deuil non résolu : “Il est difficile pour moi d’évoquer la mort de Mathieu sans pleurer. Je n’ai toujours pas compris ce qu’il s’était passé. Il a été le premier à m’avoir souri à France Inter. Il me parlait de Juliette Binoche et d’Annie Ernaux avec passion. Je me voyais faire toute ma vie professionnelle avec lui. Je lui dois énormément et il me manque toujours autant“.

Et d’avouer : “Je ne m’en remets pas. Je m’en veux de ne pas avoir vu son mal-être”. Le jour de l’annonce du drame reste d’ailleurs gravé dans sa mémoire… “Quand Laurence Bloch nous a annoncé sa mort, dans son bureau, un lundi matin, je me suis littéralement effondrée par terre. Je suis restée prostrée”, s’est-elle souvenue. À l’époque, à l’antenne, elle lui rendait déjà hommage aux côtés de Nicolas Demorand : “Vous ne connaissiez pas son nom, vous n’entendiez pas sa voix à la radio et pourtant il était ici un visage connu de tous et il était surtout l’âme de cette matinale. Il s’appelait Mathieu Sarda. Il avait 40 ans et il nous a quittés dimanche soir. France Inter est sous le choc, notre petite équipe du 7/9 est sous le choc”.