“Je suis sur la paille” : Hugues Aufray ruiné et forcé de vendre sa maison à Marnes-la-Coquette.

Photo : Hugues Aufray - En France, Hugues Aufray jouant de la guitare, en  extérieur, chez lui, dans sa maison de Marnes-la-Coquette - Purepeople

À 96 ans, Hugues Aufray, légende vivante de la chanson française, a brisé le silence. Malgré une carrière d’exception et des décennies de succès, l’interprète de Santiano a confié qu’il se trouve aujourd’hui « sur la paille ». Dans une confession bouleversante, le chanteur raconte comment il a été dupé, trahi et dépouillé de sa fortune par des proches qu’il croyait bien intentionnés.

Une confession bouleversante : « J’ai fait faillite »

« J’ai fait faillite », lâche-t-il avec une lucidité désarmante. Derrière ces mots, une vérité glaçante : Hugues Aufray n’a pas dilapidé ses revenus dans le luxe ou la démesure, mais a été victime d’une série d’arnaques savamment orchestrées. Pendant soixante ans, des individus, parfois haut placés dans le milieu artistique, auraient profité de sa confiance et de sa naïveté.

« C’étaient des escrocs, des gens très intelligents et bien placés dans le métier. Ils ont profité de ma candeur. » Avec amertume, l’artiste raconte comment ses propres créations et trouvailles musicales ont été utilisées par d’autres sans qu’il ne voie jamais la couleur des bénéfices.

Parmi les exemples les plus frappants, il évoque le célèbre titre J’entends siffler le train. Selon lui, c’était sa chanson, rapportée d’un voyage aux États-Unis, avant que son éditeur ne la donne à un autre chanteur. « Ils ont profité de moi, de mon enthousiasme, de ma curiosité musicale. »

Ruiné, il a dû vendre sa maison

La descente financière fut brutale. L’homme qui a fait chanter des générations a dû se résoudre à vendre sa superbe maison de Marnes-la-Coquette. Une demeure qui symbolisait des années de labeur, de triomphes et de souvenirs. « Elle était trop grande, et mes enfants étaient sans le sou lorsqu’ils sont partis à droite et à gauche », explique-t-il avec résignation.

Cette vente n’a pas suffi à le remettre à flot. Mais fidèle à sa nature généreuse, Aufray a préféré redistribuer ce qu’il lui restait plutôt que d’accumuler. Au fil du temps, il a offert le reste de sa fortune à ses enfants et petits-enfants, souhaitant à la fois leur venir en aide et éviter les querelles d’héritage.

« J’ai tout donné, comme ça pas de scandale à l’héritage », confie-t-il. Une phrase simple, mais d’une noblesse rare, qui traduit à la fois son désenchantement et sa sagesse. Il a également fait don de sa fermette en Ardèche à sa fille aînée, Marie, où elle vit aujourd’hui avec son mari Philippe.

Un homme debout malgré tout

Hugues Aufray : sa maison de Marnes-la-Coquette pendant 45 ans

Ceux qui s’attendraient à voir Hugues Aufray sombrer dans l’amertume se trompent. Derrière ses 96 ans, se cache encore une flamme inextinguible. L’artiste refuse de se poser en victime et garde sa philosophie intacte : « Philosophiquement et moralement, je considère l’argent comme dangereux. Je n’ai pas su m’en méfier, mais je ne regrette rien. »

Sa foi en la musique reste son moteur. Il continue de chanter, de monter sur scène, de vibrer avec son public. Non pas par besoin de gloire, mais parce que la scène est sa raison de vivre. « Je chante pour vivre, dans tous les sens du terme. »

Aujourd’hui, il réside dans une maison plus modeste, entouré de sa compagne Murielle. Ses journées sont simples, mais paisibles. Loin des artifices du show-business, Hugues Aufray retrouve une sérénité qu’il avait perdue.

La leçon d’un homme libre

Son histoire, tragique et lumineuse à la fois, rappelle combien la notoriété peut être un piège. L’argent, la gloire et la confiance aveugle peuvent se transformer en armes redoutables entre les mains des mauvaises personnes. Hugues Aufray, lui, a tout perdu matériellement — mais il a sauvé l’essentiel : sa dignité, sa lucidité et son amour de la musique.

Tony Frank | Hugues AUFRAY, 4953

À travers ses aveux, il livre aussi un message de sagesse : le vrai trésor ne se trouve pas dans la fortune, mais dans la capacité à rester debout, fidèle à soi-même, même après avoir tout perdu.

À 96 ans, il continue d’écrire, de composer, de se battre. Et quand il monte sur scène, sa voix porte encore cette force tranquille d’un homme qui a tout connu : la gloire, la trahison, la ruine — et la paix intérieure.