“Je veux mourir avec… : à 83 ans, Michel Drucker dévoile ses dernières volontés.

À 83 ans, après une carrière télévisuelle qui tient du miracle de longévité, Michel Drucker est confronté à la seule échéance que personne ne peut jamais repousser indéfiniment. L’homme qui a vu défiler des générations de stars et a traversé les décennies sur le célèbre canapé rouge de Vivement dimanche révèle aujourd’hui, avec une lucidité et une dignité poignantes, ses dernières volontés. L’animateur, miraculé après deux lourdes opérations cardiaques, a décidé de faire face à la fin, non pas dans l’improvisation ou la détresse, mais dans une sérénité planifiée, scellée par un pacte d’amour et de respect avec son épouse, Dany Saval.

Le ton est donné par une phrase sans appel, qui résume la philosophie qu’il a tirée de ses expériences de mort imminente : « Je veux une fin de vie sereine. Je veux mourir chez moi, à domicile, dans la dignité ». Cette déclaration n’est pas un simple vœu pieux, mais la matérialisation de directives claires : « Je ne veux pas d’acharnement thérapeutique ». Il a tout prévu, exigeant un « projet de soin réaliste ». Cette démarche, à la fois personnelle et universelle, est d’autant plus puissante qu’elle fait écho à une autre promesse, bien plus dramatique, faite à ses médecins quelques années auparavant, une promesse qui dévoilait l’attachement viscéral de Drucker à son métier.

Le Serment de la Table d’Opération : « Vous Me Débranchez »

Pour comprendre l’apaisement qui habite aujourd’hui Michel Drucker, il faut se souvenir de la tempête qu’il a traversée. L’année 2020 fut un choc brutal : après avoir frôlé la catastrophe, il subit une lourde intervention de triple pontage coronarien. Puis, en 2023, c’est une nouvelle opération majeure, nécessaire pour traiter une infection bactérienne sur une valve cardiaque, qui le renvoie en convalescence. Ces épreuves ont été des séismes existentiels.

C’est dans le contexte de la première intervention, gigantesque et risquée (huit heures sur la table d’opération, avec un risque d’AVC pendant l’opération), qu’il a prononcé un serment qui restera sans doute sa plus grande déclaration d’amour à la télévision. L’anesthésiste et le chirurgien lui ont posé la question fatidique : « Si ça se passe mal… qu’est-ce qu’on fait ? » La réponse de l’animateur fut radicale : « Je dis vous débranchez ».

Cette injonction est la clé de l’homme Drucker. « Plutôt mourir que de ne pas pouvoir faire mon métier. Ma vie, c’est mon job », avait-il confié. Il avait même prévenu l’équipe médicale que s’il se réveillait sans la capacité physique ou mentale d’exercer son métier, il préférait que l’on mette fin à ses jours. Pour Michel Drucker, le travail – le plateau, le public, le canapé rouge – n’était pas une simple profession ; c’était son identité, son souffle vital, sa raison d’être. Cette détermination était si forte qu’il l’a réitérée à trois ans d’intervalle, avant les deux opérations.

Cette confession, d’une intensité dramatique, révèle l’homme obsédé par l’idée de revenir « diminué ». Pour lui, l’absence de sa voix, de ses jambes, de son muscle (physique et professionnel) était synonyme d’une non-existence. Il a admis qu’après l’opération de 2020, il s’était senti devenir « une vieille plante malade de forme humaine sans avenir ni soleil ». Cette vision de l’horreur l’a poussé à exiger la déconnexion plutôt que de survivre dans un état qu’il jugeait indigne de son engagement professionnel.

L’Apprentissage de la Prudence et de la Résilience

Le chemin du retour a été long et éprouvant : plusieurs mois d’hospitalisation, de rééducation. Mais ces épreuves, qui l’ont profondément marqué (« il y aura un avant et un après »), ont opéré une lente, mais profonde, transformation. Le Drucker d’aujourd’hui, s’il a retrouvé son plateau de Vivement dimanche avec la même passion, privilégie désormais « l’essentiel ».

L’homme qui a « frôlé la catastrophe » a appris la résilience et a renforcé son « esprit très fort ». Cependant, cette force n’est plus dirigée uniquement vers la reconquête de l’antenne, mais vers la préparation d’une fin inéluctable. Le Drucker de 2025 n’est plus l’homme qui exigeait la mort pour son travail ; il est l’homme qui exige la dignité pour sa personne.

Le contraste est frappant. Hier, le but était la mort radicale en cas d’incapacité de travailler. Aujourd’hui, le but est une mort douce, maîtrisée, dans le cadre légal des directives anticipées. Le passage de l’impulsivité dramatique à la planification sereine est le fruit d’une méditation profonde sur la fragilité de la vie.

Le Rôle Central de Dany Saval : Un Pacte Conjugal

Au cœur de cette réflexion sur la finitude se trouve son épouse, Dany Saval. Le couple, uni depuis des décennies, a traversé ensemble les tempêtes de santé. Si Michel Drucker a pu surmonter ses revers, il l’a attribué en grande partie au « soutien indéfectible » de son épouse.

Aujourd’hui, le couple se prépare ensemble. Lorsque l’animateur affirme qu’il a « tout prévu pour sa fin de vie auprès de son épouse Danis Aval », il ne s’agit pas seulement de l’informer de ses directives, mais de faire d’elle la gardienne de ses vœux. Dany Saval est la seule personne à qui il a confié la mission de faire respecter son choix : la dignité, l’absence d’acharnement thérapeutique, le respect du domicile conjugal pour le dernier adieu. C’est un ultime acte d’amour, transformant l’angoisse de la mort en un projet de couple partagé.

Un Message Universel sur la Dignité

La démarche de Michel Drucker est un puissant écho aux débats de société sur la fin de vie. En France, où la législation est souvent au cœur des discussions, le témoignage d’une personnalité aussi populaire et respectée apporte un éclairage essentiel. Il rappelle à tous l’importance de donner des directives claires et d’avoir un « projet de soin réaliste ».

Son retour sur le plateau est désormais teinté d’une prudence nouvelle. Il s’est remis au sport (marche, vélo) et a changé sa vie pour honorer ce sursis qui lui a été accordé. Il n’est plus seulement l’animateur star ; il est le témoin d’une lutte contre la mort, mais surtout pour la vie.

Les confidences de Michel Drucker sur ses « dernières volontés » sont donc un double héritage. Le premier est le rappel dramatique que pour lui, le travail est synonyme d’existence, une flamme qu’il exigeait de voir éteinte si elle ne pouvait plus briller. Le second, et le plus apaisant, est la leçon de dignité : savoir dire stop, choisir son heure et son lieu, entouré de l’amour de sa vie. C’est la conclusion logique et sereine d’un homme qui, après avoir tant donné à la France, choisit de se donner à lui-même, dans l’intimité et le respect de son foyer, loin des projecteurs. C’est la plus grande émission de sa vie, et il en sera le réalisateur, jusqu’au bout.