“Ce n’est pas vrai Monsieur !” : Jordan Bardella reprend Gilles Bouleau en  direct

L’éléphant au milieu du salon : l’idéologie islamiste

Depuis 2012, les chiffres sont glaçants : une cinquantaine d’attentats et près de 300 morts sur le sol français. Des drames qui ont laissé des milliers de victimes et qui, selon Bardella, partagent un point commun macabre : les assaillants étaient, de manière quasi-systématique, des individus répertoriés dans les fichiers des services de renseignement, des tristement célèbres « Fichés S ». De la tragédie du Bataclan à l’assassinat de Samuel Paty, en passant par l’attaque au Talis et le récent drame de Paris, la liste est un acte d’accusation implacable contre l’efficacité du système de surveillance actuel.

La réponse gouvernementale, portée par le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, s’est pourtant orientée vers une approche insistant sur la dimension psychologique des actes, notamment en proposant d’imposer des « injonctions de soins » à ces individus radicalisés et mentalement instables. Pour Jordan Bardella, cette approche n’est qu’un « contre-feu », une « diversion » destinée à « diluer la responsabilité » de l’État.

« On préfère voir la situation psychiatrique instable, qui est par définition le propre de ceux qui se baladent avec des couteaux pour tuer des Français, plutôt que de voir l’éléphant au milieu du salon que représente l’idéologie islamiste, » lance-t-il, dénonçant une cécité volontaire face au moteur principal du terrorisme.

L’analyse se durcit lorsque le cas précis de l’assaillant de Paris est évoqué. Présenté par certains comme étant en pleine « réinsertion en société », ayant même dénoncé d’autres islamistes sur les réseaux, l’attaquant aurait en réalité mis en œuvre la stratégie de la dissimulation.

La ruse de la « Taqiya » : quand la dissimulation devient une arme

Pour déconstruire l’argument de la « réinsertion » brandi par le pouvoir, le leader du RN introduit la notion cruciale de la « Taqiya ». Ce terme arabe, principalement utilisé dans l’Islam chiite mais dont la portée stratégique est bien connue des services anti-terroristes, désigne la pratique consistant à dissimuler sa foi ou ses convictions religieuses lorsque leur révélation pourrait entraîner des conséquences néfastes ou des persécutions.

Dans le contexte du djihadisme, la Taqiya prend une dimension stratégique létale : il s’agit de masquer une pratique rigoriste de l’Islam susceptible de « mettre en danger la vie d’autrui » et de mener à des sanctions judiciaires. En clair, simuler une déradicalisation ou une réintégration sociale n’est qu’une façade tactique pour échapper à la surveillance et préparer son passage à l’acte. L’assaillant de Paris, lors de son procès en 2018, avait d’ailleurs déjà tenté de « dissimuler son engagement » en prétendant s’être « autodéradicalisé », un signal d’alarme ignoré par le système.

La démonstration de Bardella est claire : l’État est piégé par un concept théologique et stratégique qu’il n’affronte pas, préférant se rassurer avec des rapports de bonne conduite. L’homme qui a été jugé et qui est sorti de prison était en fait une « bombe humaine », et son profil était parfaitement connu des experts du Centre d’Analyse du Terrorisme (CAT).

Le Bouclier Pénal : « Justice d’intelligence avec l’ennemi » et Rétention de Sûreté

Face à ce qu’il qualifie de guerre perdue faute d’être menée, Jordan Bardella propose de mettre en place un triple bouclier juridique pour neutraliser les individus radicalisés.

1. Expulsion des Étrangers Fichés S : L’action la plus radicale et la plus rapide concerne les étrangers fichés S, qui représentent « 50 % de l’ensemble des radicalisés ». Le message est sans appel : « Nous n’avons aucune raison de conserver sur le sol de France au côté de nos concitoyens des gens qui représentent de véritables bombes humaines. » L’expulsion doit être immédiate et systématique.

2. Le Retour de la Justice d’Intelligence avec l’Ennemi : Pour les Français radicalisés, le leader du RN propose d’appliquer une « procédure de justice d’intelligence avec l’ennemi ». Ce chef d’accusation, extrêmement lourd, permettrait de faire encourir aux individus ayant un lien avec l’idéologie islamiste et répertoriés Fichés S jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle. Il s’agit de requalifier l’engagement terroriste non pas comme un crime isolé ou une déviance psychologique, mais comme une trahison fondamentale envers la Nation, un acte de guerre interne nécessitant une réponse pénale maximale.

3. La Rétention de Sûreté Généralisée : Le Contre-Verrou Constitutionnel : Le point central de la proposition réside dans la systématisation de la « rétention de sûreté ». Cette mesure permet, une fois la peine de prison purgée pour des faits liés au terrorisme, de réexaminer la situation de l’individu. Si celui-ci représente toujours un « danger pour les intérêts vitaux de la Nation » et s’il a « encore un lien avec la mouvance islamiste », il doit rester sous une mesure privative de liberté, sous le contrôle de la justice.

Le journaliste Gilles Bouleau a opposé à cette idée le fameux « verrou constitutionnel », rappelant que le Conseil constitutionnel s’était opposé à des tentatives similaires en 2008 (Rachid Dati) et 2020 (Brice Hortefeux).

C’est ici que Jordan Bardella assène son coup le plus technique. Il réfute l’idée d’un blocage sur le fond. Selon lui, le Conseil constitutionnel a validé le principe de la rétention de sûreté en 2008. La censure intervenue en 2020 serait due à un « défaut de rédaction » dans la loi proposée par le gouvernement et non à une opposition de principe. La censure partielle, explique-t-il, permet au Conseil de juger certaines dispositions contraires à la Constitution tout en en validant d’autres, garantissant ainsi la primauté de la Loi fondamentale tout en respectant la volonté du législateur.

Fort de cette lecture juridique, Bardella affirme qu’il généralisera la rétention de sûreté pour que ces « bombes humaines », au parcours « absolument accablant », ne puissent plus se balader « librement sur le territoire de la République française ».

Le lien fatal : Loi Immigration et « Djihadisme d’Atmosphère »

La discussion dérive inévitablement vers le lien entre la menace terroriste et la politique migratoire. Au moment où le gouvernement présentait son projet de loi Immigration, Jordan Bardella a confirmé que le Rassemblement National ne voterait pas le texte.

Sa critique est double. D’une part, il dénonce un texte qui n’est pas « contre l’immigration mais pour l’immigration » en instaurant une « nouvelle filière d’immigration » via l’article 4 bis. Cet article permet la régularisation des travailleurs clandestins dans les métiers dits « en tension », créant un « appel d’air sans précédent » depuis le regroupement familial. Il rappelle l’argument économique de la pression à la baisse sur les salaires due à une main-d’œuvre moins coûteuse, rendant ces emplois moins attractifs pour les Français.

D’autre part, il pointe une incohérence majeure : vouloir régulariser massivement des clandestins (violant ainsi la loi, dit-il) tout en annonçant, en façade, des mesures de fermeté comme l’expulsion des étrangers délinquants (Article 9). Pour lui, l’ouverture des frontières et la régularisation créent un risque de sécurité incalculable.

Le risque est d’autant plus grand que le terrorisme a évolué. Aujourd’hui, la France est confrontée non plus au « djihadisme de réseau » (où les relations intra-branches permettaient un repérage aisé des individus) mais au « djihadisme d’atmosphère ». Ce nouveau modèle est plus insidieux et difficile à détecter. Il n’y a plus de donneur d’ordre pyramidal, mais des « entrepreneurs de colère » qui désignent des cibles (comme Samuel Paty ou Charlie Hebdo) et des individus qui se radicalisent seuls sur le web ou lors de sermons violents. Ces « non-loups solitaires » n’ont pas de lien organique avec une organisation et peuvent être de nouveaux arrivants sur le territoire sans aucun passif en France, rendant le travail des renseignements intérieurs extrêmement compliqué.

La Volonté Française et l’Ultime Référendum

Pour Jordan Bardella, la solution globale est donc de rompre avec cette spirale infernale en s’attaquant à l’idéologie et aux lieux de sa propagation. Il réclame la fermeture des « mosquées radicales » (qu’il chiffre à 540 selon les données de 2020 du Ministère de l’Intérieur) et la dissolution des « officines qui prônent l’islam radical » comme les Frères musulmans.

En conclusion, et pour s’assurer que ce « tournant sécuritaire » et ce « sursaut pénal et migratoire » puissent être mis en œuvre, Jordan Bardella a promis qu’une fois à la tête de l’État, le Rassemblement National proposerait un référendum sur l’immigration aux Français.

Audiences access 20h : Jordan Bardella s'est-il mieux défendu que Gabriel  Attal face à Gilles Bouleau sur TF1 ? - Puremédias

L’objectif est clair : faire entériner par la volonté populaire l’ensemble de ce « bouclier juridique » dans les textes de loi, afin de contourner définitivement les résistances constitutionnelles et jurisprudentielles qui, selon le RN, paralysent aujourd’hui la capacité de l’État à protéger sa population. L’immigration est « le plus grand défi qui se pose à notre société », et l’urgence est de permettre aux Français de « rester eux-mêmes » en reprenant le contrôle de leur sécurité et de leur destin national.