« L’amie proche de la disparue, Biyouna, révèle les détails des derniers instants de sa vie : “Celui qui m’a tuée… ne m’abandonne pas.” »

La grande actrice algérienne Biyouna, récemment vue dans Le flic de  Belleville, est décédée à l'âge de 73 ans | Télé 7 Jours

Il existe des témoignages qui traversent la presse comme une déflagration. Des mots simples, mais porteurs d’une intensité émotionnelle presque insoutenable. Le récit des dernières heures d’une grande artiste, une femme adorée par un pays entier, fait partie de ces histoires que personne ne peut lire sans sentir un poids se déposer sur la poitrine.

Car derrière les projecteurs, derrière les rôles, derrière la voix et les rires qui ont bercé des générations, il reste une vérité brutale : même les icônes ont peur de mourir. Mais certaines affrontent cette peur avec une lumière que rien ne semble pouvoir éteindre.

Selon les proches, elle a ri… jusqu’à la dernière minute. Un rire fragile, lumineux, qui ne cherchait ni à rassurer ni à dissimuler — mais à affirmer une dernière fois sa présence au monde. « Jusqu’à la toute dernière seconde, elle était joyeuse », raconte sa confidente, encore bouleversée. « À la dernière minute, elle s’est accrochée à ma main et m’a dit : “Ne me laisse pas.” »

Ces paroles, simples et déchirantes, résonnent aujourd’hui comme un appel venu du seuil de l’au-delà.

« Je veux mourir dans mon pays »

Elle l’avait répété sans cesse, avec une détermination presque sacrée : jamais elle ne quitterait sa terre. Elle refusait qu’on la transporte ailleurs, refilant à d’autres mains son destin, son corps, sa dignité.
« Je veux mourir dans mon pays, soignée par les médecins de chez moi. Je ne veux pas qu’on m’emmène loin de ma terre. »

Ces mots n’étaient pas une simple préférence logistique. Ils étaient une déclaration d’amour — la dernière — à un pays qui l’avait vue naître, éclore, briller, et que la maladie commençait à lui arracher.

Son entourage, encore en état de choc, se rappelle avec une gratitude immense l’engagement du personnel médical. « Ils n’ont jamais, jamais manqué un seul jour », témoigne un proche. « Ils l’ont accompagnée du premier instant jusqu’à la dernière minute, comme si elle était de leur famille. Ils demandaient chaque jour : “Avez-vous besoin de quelque chose ? Que pouvons-nous faire ?” »

Il ne s’agissait pas simplement de soins hospitaliers. C’était un geste collectif, humain, presque patriotique.

La ministre, le personnel, et un dévouement sans faille

La célèbre actrice algérienne Biyouna est morte à 73 ans

Le récit raconte également la présence inattendue — mais profondément symbolique — de la ministre de la Culture, venue en personne à l’hôpital. Non pas pour une visite protocolaire ou une photo officielle, mais pour rester, veiller, s’informer, accompagner.
« Elle venait du matin au soir. Tous les jours. Elle ne nous a jamais laissés seuls. »

Ces instants ont scellé un moment rare : celui où une nation entière se reconnaît dans la vulnérabilité de l’une de ses artistes les plus aimées.

« Ici, on me soigne parce qu’on m’aime »

Dans les derniers jours, certains lui proposaient encore de partir à l’étranger pour bénéficier de traitements plus sophistiqués. Elle a refusé catégoriquement.
« Là-bas, on me soignera parce que je suis célèbre. Ici, on me soigne parce qu’on m’aime. »

Difficile d’imaginer phrase plus bouleversante.

Elle voulait rester avec les siens. Avec ceux qui, depuis toujours, suivaient son œuvre, sa voix, ses spectacles. Avec ceux qui la reconnaissaient non pas comme une star, mais comme leur star.

Dans l’hôpital, l’amour se manifestait dans les plus petits gestes.
On lui apportait ce qu’elle aimait.
On lui achetait ce dont elle avait besoin.
On l’aidait à prier, à écouter le Coran.
On veillait sur elle comme sur une mère, une sœur, un trésor fragile et irremplaçable.

Elle souriait à tout cela, même lorsqu’elle n’en avait plus la force.

Un courage tendre, presque enfantin

Le dernier jour, quelque chose avait changé. Elle tenait la main de sa proche avec une crainte qui, malgré sa gravité, restait douce.
« Elle avait peur, oui… mais elle riait. Je lui demandais : “Pourquoi ris-tu ?” Elle me répondait : “Qu’est-ce que tu veux comprendre, toi ?” »

Un humour délicat, presque enfantin, qu’elle a préservé jusqu’au seuil de la mort.

Chaque geste, chaque parole, chaque silence semblait chargé d’une lucidité profonde. Elle savait. Elle sentait que le temps s’effritait, que l’air devenait plus mince. Mais au lieu de sombrer dans l’angoisse, elle a choisi de s’accrocher à la vie en la célébrant. Par le rire. Par la foi. Par l’amour.

La dernière image

Photo de Biyouna - Viva Laldjérie : Photo Nadir Moknèche, Biyouna - Photo  32 sur 34 - AlloCiné

Ses proches affirment qu’elle n’a jamais cessé d’écouter le Coran dans ses derniers instants. Elle le suivait mot à mot, son regard absorbé par une sérénité presque irréelle.
Et puis, ce sourire.
Ce sourire qui n’a jamais quitté son visage.
Un sourire qui disait : « Je pars, mais je ne pars pas seule. »

Elle est partie entourée, aimée, respectée, tenue par les mains qu’elle avait choisies.

Une nation entière en deuil

La disparition de cette icône ne laisse pas seulement un vide artistique. Elle ouvre une blessure collective. Son rire, sa force, sa façon de défier la mort avec un humour tendre et insolent, tout cela fait désormais partie de l’histoire culturelle du pays.

Mais plus encore, son dernier message résonne comme un avertissement doux et lumineux :
L’amour d’un peuple peut être plus puissant que la maladie, plus fort que la douleur, plus rassurant que toute promesse de médecine étrangère.

Elle a voulu mourir chez elle.
Elle a voulu mourir aimée.
Et elle est morte exactement ainsi.