« L’Italie, Nouveau Pôle d’Équilibre » : Le Secret de Von der Leyen qui Fait Paniquer Bruxelles et Expose la Fracture Industrielle de l’Europe.

Migrants on Lampedusa: Italy, EU announce action plan – DW – 09/17/2023

Le 3 octobre 2025, à Turin, lors de l’Italian Tech Week, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a pris la parole pour livrer une vision qui se voulait ambitieuse, mais qui a eu l’effet d’un électrochoc dans les couloirs feutrés de Bruxelles et au-delà. Ce qui devait être une simple feuille de route pour la technologie s’est rapidement mué en un bras de fer politique acharné, révélant une Europe tiraillée et une France en plein doute. En mettant l’Italie sous les feux des projecteurs, Von der Leyen n’a pas seulement dévoilé un plan pour la mobilité autonome ; elle a, sciemment ou non, exposé au grand jour les rivalités économiques et les vulnérabilités stratégiques qui redessinent aujourd’hui la carte du pouvoir sur le continent.

I. L’Ambition de Turin : Une Stratégie « AI-First » pour l’Europe

Le discours prononcé à Turin par Ursula von der Leyen était structuré autour d’une impulsion résolue vers l’avenir, centrée sur l’intelligence artificielle appliquée à la mobilité. La présidente a appelé à une véritable stratégie « AI-first » pour le développement des véhicules autonomes, une approche devant se concrétiser par la création d’un réseau de « villes pilotes » à travers l’Europe. L’objectif affiché était clair : préserver et renforcer une industrie automobile « Made in Europe » capable de rivaliser de front avec les géants technologiques et industriels des États-Unis et de la Chine.

Ces annonces, faites devant un parterre de dirigeants industriels, d’investisseurs internationaux et de responsables politiques, visaient à transformer les centres urbains en véritables terrains d’expérimentation pour les technologies de conduite autonomes. Les avantages proclamés s’étendaient de l’amélioration de la sécurité routière au désengorgement des métropoles, sans oublier la sauvegarde d’emplois locaux dans la filière automobile.

Mais la vision de Von der Leyen allait plus loin. Dans la même allocution, elle a esquissé des propositions réglementaires cruciales pour l’écosystème de l’innovation. L’intention était d’annoncer un « régime unifié » pour les jeunes entreprises européennes, destiné à remplacer la mosaïque de règles nationales qui freinent l’expansion transfrontalière. L’objectif, prévu pour une présentation en 2026, est simple mais fondamental : encourager les jeunes pousses à grandir à l’intérieur de l’Europe plutôt qu’à l’extérieur, en réduisant drastiquement les obstacles administratifs et fiscaux. Ce calendrier législatif précis est désormais scruté avec attention par les investisseurs et les dirigeants d’entreprise qui tentent d’anticiper les règles du jeu pour les prochaines années.

II. Le Poids de la Sécurité : Un Signal d’Alerte Géopolitique

L’élan technologique de Turin ne peut être dissocié d’un événement sécuritaire qui a servi de toile de fond et de justification à la tonalité durcie de la Commission. Fin août 2025, l’avion transportant Ursula von der Leyen a été victime d’un épisode de brouillage du signal GPS à l’approche de Plovdiv, en Bulgarie. Cet incident, confirmé et documenté par les autorités européennes, a relancé un débat brûlant sur la vulnérabilité des liaisons aériennes officielles et sur la nécessité impérieuse de renforcer la résilience des systèmes de navigation.

Présenté par des responsables comme un « signal d’alerte » sur les menaces électroniques qui pèsent sur l’Europe, ce tripic technoéconomique – IA, villes pilotes et cadre pour start-ups – articulé avec les préoccupations de sécurité, explique en partie l’attention élevée portée à l’Italie. Le rappel de ces risques a contribué à justifier l’urgence d’une réponse coordonnée et à légitimer des investissements accrus dans la sécurité électronique et la souveraineté numérique. C’est dans cette atmosphère de vulnérabilité que la Commission a choisi de miser sur des projets structurants.

III. La Mise en Lumière de l’Italie : Un Nouveau Pôle d’Attraction

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Pour de nombreux observateurs, l’Italie, et plus spécifiquement certaines de ses villes, est apparue comme le terrain le plus favorable pour l’expérimentation de solutions industrielles et urbaines nouvelles. Plusieurs maires italiens avaient, selon les communications de la Commission, exprimé leur intérêt pour rejoindre le réseau de villes pilotes. Le pays dispose de surcroît d’un tissu industriel automobile significatif, rendant l’expérimentation particulièrement pertinente.

L’Italie, sous l’impulsion de sa Première ministre, Giorgia Meloni, a su saisir cette opportunité. Cherchant à imposer le pays comme un pilier industriel de l’Europe du Sud, le gouvernement italien a accéléré la mise en œuvre de son plan national Industria 5.0, lancé au printemps 2025, qui accorde des aides massives aux entreprises investissant dans la robotique et l’intelligence artificielle. Ce dynamisme a non seulement été pris en compte par la Commission, mais il semble l’avoir récompensé. Très rapidement après le discours, des journaux italiens rapportaient des discussions avancées pour accueillir un centre européen de coordination pour la mobilité autonome.

Les conséquences se sont fait sentir immédiatement sur les marchés. La bourse de Milan a connu une hausse significative des valeurs liées à la technologie et à l’automobile, galvanisée par des annonces locales de partenariats public-privé.

IV. Le Grand Contraste : La France en Plein Doute Politique et Social

Cette mise en lumière institutionnelle de l’Italie intervient dans un contexte de forte instabilité politique et sociale en France, créant un contraste saisissant qui alimente le sentiment d’un déséquilibre au sein de l’Union.

Au début du mois d’octobre 2025, alors que Turin célébrait l’avenir technologique, Paris était engagée dans une phase de recomposition gouvernementale houleuse. Le Président a procédé à la réintégration d’un Premier ministre, quelques jours seulement après une démission et un remaniement avorté. Ces mouvements ont été interprétés comme une tentative désespérée de stabilisation rapide face à des échéances budgétaires importantes et à des oppositions parlementaires déterminées.

La France, engagée dans une phase de recomposition et soucieuse d’assurer la bonne tenue du budget national, se retrouve confrontée à un environnement où d’autres capitales, comme Rome, sont tirées sous les projecteurs européens. La publication du projet de loi de finances pour 2026, mi-octobre, a immédiatement tendu les débats à l’Assemblée nationale, avec des réserves exprimées au sein même de la majorité. En parallèle, des syndicats ont annoncé des mobilisations dans les transports et la fonction publique, ajoutant une pression sociale écrasante.

Ce paradoxe est devenu un discours récurrent dans les médias français : celui d’une France qui subit les décisions européennes au lieu de les orienter. Pendant que l’Italie discute de l’avenir de la voiture autonome, la France débat du coût de la vie et du pouvoir d’achat. Ce décalage nourrit les critiques contre la gestion actuelle du pouvoir, d’autant que la croissance industrielle française au troisième trimestre 2025 a été inférieure à la moyenne européenne.

V. La Guerre des Budgets et la Menace de Délocalisation

L’initiative de Von der Leyen a rapidement dégénéré en conflit financier à Bruxelles. Les discussions sur le budget européen 2026-2027, ouvertes à la mi-octobre, ont viré au désaccord profond. Plusieurs États membres, dont la France, l’Allemagne et les Pays-Bas, ont rejeté des propositions de la Commission sur le financement des projets technologiques. L’idée d’un nouveau fonds commun de 50 milliards d’euros sur cinq ans, défendue par Von der Leyen comme un investissement dans la souveraineté numérique de l’Europe, a été jugée trop coûteuse par plusieurs ministres des finances.

Des diplomates ont même évoqué un climat de méfiance et un désaccord profond sur la répartition des bénéfices économiques.

Ce climat de division a eu des répercussions industrielles immédiates. Les chambres de commerce régionales françaises ont tiré la sonnette d’alarme. Leur crainte est de voir des lignes de production être délocalisées vers l’Italie ou l’Espagne, où les incitations fiscales, notamment via le plan Industria 5.0, sont jugées plus attractives. Plusieurs entreprises françaises du secteur ont exprimé leur inquiétude face à l’absence de soutien national clair, une situation qui, si elle se poursuit, pourrait redessiner la carte industrielle européenne. La France semble être confrontée à un dilemme existentiel : se concentrer sur ses tensions budgétaires et sociales internes au risque de perdre sa place dans la nouvelle économie technologique européenne.

VI. Une Commission Contestée et l’Urgence d’un Tournant

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Le ton de la Présidente de la Commission, jugé inhabituellement ferme, a également mis de l’huile sur le feu. Son insistance sur la responsabilité des États à agir vite pour ne pas se laisser distancer par les autres continents a été perçue comme un message direct adressé aux gouvernements les plus hésitants, visant autant Paris que Berlin. Sa déclaration à Turin – « L’Europe doit choisir d’être leader ou suiveur » – résonne encore comme un avertissement. Certains responsables estiment que la Commission outrepasse son rôle en s’immisçant dans les politiques industrielles nationales, tandis que des rumeurs persistantes font état d’une éventuelle réorganisation interne de la Commission pour mieux répartir les portefeuilles stratégiques avant la fin de l’année.

L’enjeu est désormais clair pour les diplomates français, qui tentent de calmer le jeu : il faut à tout prix éviter que l’Italie ne devienne le point de passage obligé pour les nouvelles initiatives européennes dans le domaine technologique, ce qui marginaliserait de fait d’autres pays, dont la France.

Les prochaines semaines s’annoncent donc déterminantes. Le Conseil européen, prévu fin octobre 2025, sera scruté de près. Ursula von der Leyen y défendra son plan pour la technologie et la mobilité malgré les critiques et les divisions. Les chefs d’État devront tenter de trouver un compromis, mais les positions sont éloignées, tiraillées entre la prudence budgétaire et la nécessité d’investir massivement. L’impression générale est celle d’une Union au bord d’un tournant, où chaque nation défend ses intérêts dans un contexte de transformation rapide. Au centre de tout cela, l’Italie, propulsée par l’impulsion de la Commission, semble s’imposer, pour l’instant, comme le nouveau pôle d’équilibre du continent, remettant en question la hiérarchie des puissances établie. La pression est maximale sur Paris pour prouver sa capacité à mener de front l’agenda social, budgétaire, et l’indispensable transition industrielle européenne.