Mort d’Anémone à l’âge de 68 ans : ses derniers instants sont racontés, seule et abandonnée par son propre fils.

L'actrice Anémone est décédée à 68 ans d'une "longue maladie" - La  République du Centre

Anémone, la Célébrité Déchue : Un Dernier Adieu dans la Solitude

L’un des visages les plus emblématiques du cinéma français des années 80, Anémone, a quitté ce monde dans une quasi-solitude. Une seule célébrité, Agnès Soral, était présente à ses funérailles. Ce départ marqué par l’isolement soulève des interrogations : comment une actrice aussi aimée et respectée, ayant remporté un César et incarné des rôles inoubliables, a-t-elle pu être abandonnée par l’industrie qui l’a portée ?

Anémone, née Anne Bourguignon en 1950, a débuté sa carrière dans le cinéma d’avant-garde avant de rejoindre la célèbre troupe du Splendide. Elle y incarna Thérèse dans Le Père Noël est une ordure, un rôle devenu culte. Pourtant, malgré ce succès fulgurant, elle n’a jamais su s’accommoder de la célébrité. “La célébrité, ça m’a emmerdé”, disait-elle sans détour. Elle fuyait les festivals, détestait les tapis rouges et se moquait de l’obsession pour la gloire. “C’est quoi ce fétichisme des autographes ? C’est ridicule”, déclarait-elle, visiblement dégoûtée par l’industrie du spectacle.

Une carrière marquée par la rébellion et l’indépendance

En dépit de sa popularité, Anémone n’a jamais cherché à se conformer aux règles du cinéma français. Elle refusait les conventions du milieu, ce qui a conduit à des tensions avec certains de ses collaborateurs, notamment au sein du Splendide. Après un succès retentissant dans Le Père Noël est une ordure, elle se distança progressivement de la troupe, qu’elle accusa de ne pas avoir reconnu sa contribution à l’écriture du scénario.

Elle obtint son César en 1988 pour Le Grand Chemin, un rôle dramatique qui révéla la profondeur de son talent. Mais, loin de s’en réjouir comme le ferait une star ordinaire, Anémone choisit de critiquer publiquement le réalisateur et le système qui lui avait attribué cette récompense. “C’est pas de l’humilité, c’est du mépris”, disait-elle, marquant son dégoût pour ce qu’elle percevait comme une hypocrisie de l’industrie.

Son franc-parler et son indépendance l’ont conduite à des engagements politiques forts, loin des feux de la rampe. Militante écologiste bien avant que le sujet ne devienne tendance, elle soutenait des candidats comme Antoine Wester et défendait la cause de l’antimondialisation. Son combat pour une société plus juste et plus simple était une constante dans sa vie, qu’elle passait désormais loin des strass et des paillettes.

Un retrait volontaire de la scène publique

En 2006, Anémone s’installa à Saint-Soline, un petit village du Poitou, loin de Paris et de l’agitation du milieu artistique. Elle y menait une vie simple, cultivant son jardin, loin des feux des projecteurs. Ce n’était pas un simple retrait, mais un acte politique, une manière de se réapproprier sa vie et de fuir la société de consommation qu’elle exécrait. “J’ai failli étouffer sous le fan club”, confiait-elle, dénonçant ce qu’elle appelait le “fétichisme à la con de la célébrité”.

Lorsqu’elle annonça officiellement sa retraite en 2017, elle n’éprouva aucun regret. “C’est fini ! J’ai ma retraite et de quoi vivre sans travailler”, déclarait-elle, laissant derrière elle une carrière pleine de contradictions. Elle se décrivait elle-même comme une artiste rebelle, un esprit libre dans un monde qu’elle jugeait de plus en plus mercantile et insipide.

Sa vie, un enchaînement de rébellions et de désillusions

Anémone - Purepeople

Ses dernières années furent marquées par une santé déclinante, mais Anémone n’a jamais cherché à se cacher derrière la maladie. Elle luttait contre un cancer du poumon, qu’elle n’a jamais voulu rendre public, choisissant de vivre ses derniers mois dans l’intimité la plus totale. Lorsqu’elle mourut en avril 2019, la rumeur sur sa maladie s’était déjà répandue, mais c’est son fils, Jacob, qui révéla la nature de sa longue souffrance. Ses obsèques se déroulèrent dans l’intimité, loin de l’ostentation des cérémonies de célébrités.

Le faible nombre de personnes présentes à ses funérailles fit beaucoup parler. Mais Jacob, son fils, rappela que sa mère s’était volontairement éloignée de ce monde de spectacle qu’elle méprisait. “Elle ne voulait pas d’un cirque de stars à son enterrement. C’était une femme sauvage”, expliqua-t-il, illustrant le décalage entre la vision de la célébrité que lui attribuait le public et celle qu’elle avait réellement.

Une fin tragique, mais fidèle à sa personnalité

Anémone n’a jamais cédé aux sirènes de la gloire. Elle a choisi de vivre à sa manière, de se battre contre les normes imposées par la société et l’industrie du cinéma. Son départ, aussi solitaire et discret fût-il, est un symbole d’une époque révolue où l’authenticité et l’indépendance primaient sur les paillettes et les récompenses.

Le dernier acte d’Anémone n’a pas été une prestation théâtrale, mais un retrait silencieux, loin du bruit et de la fureur du monde du spectacle. Elle s’en est allée dans la discrétion qu’elle avait toujours recherchée, fidèle à elle-même jusqu’à la fin.

LA MORT DE L'ACTRICE ANEMONE A 68 ANS

La disparition d’Anémone marque la fin d’un chapitre, mais aussi la disparition d’une voix qui, pendant des années, a défié les conventions. L’oubli de ses obsèques dans un milieu qu’elle avait pourtant marqué laisse un goût amer. A-t-elle été abandonnée par l’industrie du cinéma ? Ou a-t-elle simplement choisi de se retirer dans la paix qu’elle méritait ? La question demeure, mais une chose est certaine : Anémone restera une légende du cinéma français, un symbole de rébellion et d’indépendance.

Une étoile s’éteint, mais son éclat restera dans la mémoire collective du cinéma français.