Mort de Jimmy Cliff  : « Il est décédé sous mes yeux », a raconté son ami proche Bernard Lavilliers, évoquant les douloureux derniers instants de son ami.

Jimmy Cliff, la star du reggae, s’est éteint ce 24 novembre à l’âge de 81 ans des suites d’une pneumonie. Au lendemain de cette terrible nouvelle, Bernard Lavilliers lui a rendu un vibrant hommage dans les colonnes du Parisien. En 1994, les deux hommes ont partagé ensemble la chanson “Melody Tempo Harmony”.

“C’est avec une profonde tristesse que je vous annonce le décès de mon mari, Jimmy Cliff, en raison d’une attaque suivie d’une pneumonie“. C’est par ces mots que la femme de Jimmy Cliff a annoncé la terrible nouvelle sur Instagram ce 24 novembre. L’artiste jamaïcain avait 81 ans. “À tous ses fans à travers le monde, sachez que votre soutien a été sa force durant toute sa carrière”, a poursuivi la veuve du chanteur qui a indéniablement marqué l’Histoire de la musique avec une cargaison de chansons comme Reggae Night, Many rivers to cross ou encore Melody Tempo Harmony.

Sans doute vous souvenez-vous de ce tube sorti en 1994 et qui, trente ans plus tard, résonne encore dans le cœur de nombreux Français et notamment dans celui de Bernard Lavilliers. Et pour cause… C’est avec lui que Jimmy Cliff a partagé ce duo mémorable. Un duo que le chanteur de 79 ans n’a pas oublié. D’ailleurs, ce 25 novembre, dans les colonnes du Parisien, le compositeur a accepté de revenir sur son expérience avec la légende du reggae.

“Ça fait un choc“, a-t-il d’abord confié en parlant de son ami au passé. “On avait presque le même âge. On était très proches […] Je l’ai souvent croisé, il habitait Paris à un moment donné, du côté de Bercy. Ça me fait un drôle d’effet parce que c’était quelqu’un d’extrêmement positif“, a ajouté Bernard Lavilliers avant de se replonger dans ses souvenirs.

Jimmy Cliff en duo avec Bernard Lavilliers : comment les deux artistes se sont-ils rencontrés ?

L’interprète d’Idées noires raconte que c’est à travers le film The Harder They Come sorti en 1972 qu’il a vu Jimmy Cliff pour la première fois. Film dans lequel le Jamaïcain jouait un jeune homme qui essaie de devenir musicien est auteur-compositeur. Mais, il a fallu attendre le début des années 1990 pour que les deux hommes se croisent enfin par l’intermédiaire de Pascal Nègre alors à la tête du label Barclay. C’était à Paris “en 1990 ou 1991 […] On a longuement parlé. Il savait que je connaissais bien la Jamaïque. Il connaissait mes chansons reggae “Kingston” et “Stand the Ghetto”, a confié Bernard Lavilliers.

Finalement, tous les deux faisant partie de la même maison de disques, ils n’ont eu aucun mal à collaborer. Ainsi, Melody Tempo Harmony est née. “On l’a enregistré en Jamaïque. […] J’ai fait une maquette de la chanson qui sonnait déjà tellement bien avec le talent incroyable de ses ingénieurs du son jamaïquains. J’ai écouté ça, je n’ai pas dormi de la nuit. C’était incroyable“, s’est remémoré l’homme de 79 ans qui, suite à cette collaboration, n’a jamais plus retravaillé avec celui qu’il considère comme “un ami“.

La dernière fois qu’ils se sont croisés, “c’était il y a cinq ou six ans. Il m’avait donné son téléphone. Donc, on avait une sorte d’amitié à longue distance” a conclu Bernard Lavilliers qui avait accepté d’écrire pour Jimmy Cliff. “Il fallait que je le voie pour ça“… Malheureusement, ces retrouvailles n’auront jamais lieu.

Le décès de Jimmy Cliff marque une perte immense pour le monde de la musique. Le reggae, genre musical qu’il a contribué à populariser à l’international, perd l’un de ses plus grands ambassadeurs. À travers ses chansons inoubliables, comme Many Rivers to Cross et Reggae Night, Cliff a su transmettre sa vision du monde, son amour pour la Jamaïque, et une énergie contagieuse qui a captivé des millions de personnes, notamment en France.

Bernard Lavilliers, qui partageait une amitié profonde avec l’icône jamaïcaine, ne cache pas sa peine. Le chanteur, toujours aussi présent dans le paysage musical français, a eu le privilège de collaborer avec Jimmy Cliff sur le titre Melody Tempo Harmony en 1994. Un tube qui, aujourd’hui encore, résonne dans les mémoires des fans des deux artistes. Lavilliers se souvient de cet enregistrement en Jamaïque avec émotion, évoquant une rencontre qui allait marquer un tournant dans leur carrière respective.

“Melody Tempo Harmony” est bien plus qu’une simple chanson. Elle symbolise l’alliance de deux talents exceptionnels venus de deux mondes différents, mais unis par leur passion commune pour le reggae et la musique de qualité. Les deux hommes, musiciens chevronnés, ont créé une œuvre intemporelle qui a transcendé les frontières culturelles. Pour Bernard Lavilliers, cette collaboration était un rêve devenu réalité. Il se souvient avoir été ébloui par le talent de Jimmy Cliff, et surtout par son approche de la musique, imprégnée de sincérité et d’humanité. “Tout était parfait, la musique, l’ambiance, la façon dont il voulait que la chanson soit…”, confie-t-il. Cette expérience en Jamaïque restera gravée à jamais dans son esprit.

L’amitié entre les deux hommes n’a pas seulement été musicale. Bernard Lavilliers décrit un Jimmy Cliff humain, généreux et profondément positif. Un homme dont l’aura transcendait la scène. “Il avait cette lumière en lui, qui faisait de lui quelqu’un de spécial. C’était un ami avant tout”, raconte le chanteur français, le cœur lourd. Ils se retrouvaient régulièrement à Paris, parfois autour d’un café, ou lors de voyages en Jamaïque, où les souvenirs de ces moments partagés sont encore vifs.

Les dernières années de Jimmy Cliff ont été marquées par des retrouvailles moins fréquentes. Bernard Lavilliers raconte que la dernière fois qu’ils se sont vus remonte à environ cinq ans, un souvenir qu’il chérit profondément. “Il m’avait donné son téléphone, on se parlait de temps en temps. Mais il y avait une distance, une sorte d’amitié à longue distance. C’était très spécial.” Il ne s’attendait pas à ce que cette amitié se termine ainsi, trop tôt, et sans pouvoir lui dire au revoir comme il l’aurait voulu.

Le départ de Jimmy Cliff laisse un vide immense dans le cœur de ceux qui l’ont connu, mais son héritage musical restera éternel. Le monde du reggae perd une figure majeure, mais son influence continue de résonner à travers le travail de ses amis et admirateurs comme Bernard Lavilliers. Ces derniers, comme tous les fans de la première heure, continueront à célébrer sa musique et sa vision du monde. Une vision emplie de résistance, de joie, et de beauté, qui a touché des générations entières.

Dans un monde de plus en plus saturé de bruit et de distractions, les chansons de Jimmy Cliff, avec leur message universel et leur profonde humanité, continueront de rappeler à chacun l’importance de la musique, de l’amitié, et de l’amour pour la vie. Sa voix, immortelle, vivra à travers chaque note, chaque parole, et chaque souvenir partagé par ceux qui l’ont connu et aimé.