“Ne vous laissez pas berner comme des vaches” : Nagui condamne le lobby des villes en colère parce qu’il n’y a pas de génisses à “Intervilles”.

Depuis l’annonce du retour du jeu et l’absence de bovidés, l’animateur est la cible des critiques. Selon lui, cette fronde contre lui n’est pas due au hasard.

«Intervilles»  revient enfin ! Cinq ans après l’annonce de son retour, le jeu culte créé par Guy Lux et Claude Savarit en 1962 renaît de ses cendres ce jeudi à 21h10 sur France 2 dans une nouvelle version présentée par Nagui, Bruno Guillon, Camille Cerf, Valérie Bègue, Yoann Riou et Magali Ripoll.

Depuis le début, l’animateur et producteur a prévenu à de nombreuses reprises : il n’utilisera pas de vachettes dans son «Intervilles». « Ce n’est pas la position personnelle d’un bobo végétarien, c’est un échange avec la chaîne », assure ce fervent défenseur de la cause animale avant de livrer un événement qui l’a profondément marqué alors qu’il présentait l’émission : « Il y a vingt ans, à L’Isle-d’Abeau, quand une vachette est morte sous mes yeux, je n’en menais pas large. Je me souviens de l’éleveur, M. Labat, qui m’avait dit : “Ça arrive”. Bah non ! Je ne me vois pas produire une émission en disant : “On est en direct et à tout moment un animal peut mourir.” J’ai également vu des piques enfoncées pour que les vachettes sortent de leur enclos. Il y a eu aussi pas mal de candidats avec des côtes cassées. »

Sauf qu’en raison de ce choix, plusieurs maires de villes emblématiques (Mont-de-Marsan, Dax, Bayonne…), qui ont participé à l’émission par le passé, ont refusé catégoriquement d’y prendre part. Selon Nagui, cette mobilisation n’est pas due au hasard. «Quand on a commencé à parler du retour d’“Intervilles”en 2019, il n’y a eu aucune polémique, rappelle l’animateur. Elle est née seulement quand il y a eu le courrier de la part d’un organisateur de fêtes taurines et de corridas (Julien Dubois, président de l’Union des villes taurines françaises et maire de Dax, NDLR)», dénonce-t-il.

« Ce lobby est intervenu quand ? Lorsqu’il y avait une loi visant à interdire la corrida aux moins de 16 ans qui allait passer au Sénat »

Nagui

Nagui va plus loin : «Ce lobby est intervenu quand ? Lorsqu’il y avait – ne soyons pas dupes – une loi visant à interdire la corrida aux moins de 16 ans qui allait passer au Sénat. Je ne veux pas être dans une parano de complotisme, mais le lobby s’est mis à fonctionner et a été énormément relayé parce que ça faisait du buzz. Et une fois que le Sénat a rejeté la proposition de loi, on n’a plus rien entendu, ils avaient fait leur boulot, ils ont plié leurs gaules et ils sont rentrés à la maison».

Dès lors, Nagui n’a eu de cesse d’être interrogé sur l’absence de vachettes. «La question est légitime parce qu’elle est extrêmement ancrée dans la mémoire collective, concède-t-il. Mais n’oubliez pas que cette madeleine de Proust, pour avoir revu des émissions et en avoir présenté, venait sur deux épreuves, pas plus». À chaque fois, l’animateur répond volontiers mais regrette : «Ce qui me dérange, c’est qu’on pense que j’en fais une affaire personnelle et une affaire de bobo-branché-wokiste». «Pour moi, bobo et woke ne sont pas des insultes. Je pense qu’il faut être éveillé sur la cause animale, la parité, le racisme, l’antisémitisme, les problèmes de notre société… Le service public et les animateurs sont responsables de la ligne éditoriale et doivent rester maîtres du propos tenu à l’antenne», insiste-t-il.

Pour pallier leur absence, l’animateur et producteur a fait appel au dessinateur Zep afin de concevoir une mascotte. Baptisée Topa (pour « Top à la vachette ! »), elle sera incarnée par des représentants de villes et interviendra au cours des jeux, une vingtaine de ces derniers sont prévus, dont une douzaine par émission.

Le retour de l’émission culte Intervilles a enflammé les débats, non seulement pour sa nostalgie et son format revisité, mais aussi pour l’absence notable de vachettes dans cette nouvelle version. Nagui, l’animateur vedette, a dû faire face à une vague de critiques et de polémiques, notamment de la part de certains élus des villes traditionnelles impliquées dans les fêtes taurines. Cette fronde contre la suppression des bovidés semble plus complexe qu’un simple changement de concept. Elle touche en réalité des enjeux plus vastes, notamment les préoccupations sur le traitement des animaux et les tensions autour de la corrida, une pratique qui divise la société française.

Depuis l’annonce du retour d’Intervilles, certains maires de villes comme Dax, Mont-de-Marsan, et Bayonne, qui ont longtemps été associées aux festivités taurines, ont ouvertement rejeté l’idée de participer à l’émission sans vachettes. Selon eux, l’absence de ce symbole central de ces festivités risque d’appauvrir l’esprit de la compétition, qui s’était toujours nourrie de l’affrontement entre les candidats et les animaux. Pour Nagui, cette réaction ne s’explique pas uniquement par une passion pour les traditions locales, mais surtout par un lobbying puissant, visant à défendre une culture controversée.

L’animateur ne mâche pas ses mots et va jusqu’à lier cette mobilisation à des événements politiques plus larges, notamment la proposition de loi visant à interdire la corrida aux moins de 16 ans. Pour lui, cette campagne contre la suppression des vachettes n’est pas une simple question de divertissement, mais plutôt un moyen pour les partisans de la corrida de détourner l’attention d’enjeux législatifs et de maintenir leur influence sur les mentalités. En effet, l’opposition s’est intensifiée à partir du moment où la loi sur la protection des mineurs face à la corrida est devenue un sujet sérieux au Sénat.

Nagui, de son côté, a toujours prôné une approche respectueuse des animaux. Il se rappelle d’une expérience marquante sur le plateau d’Intervilles, où il a été témoin de la mort tragique d’une vachette, ce qui l’a profondément choqué et poussé à repenser l’utilisation d’animaux dans des contextes de divertissement. Il exprime ainsi son incompréhension face aux critiques, précisant que son engagement n’est pas une simple position “bobo végétarienne” mais une conviction ancrée dans des événements vécus.

L’animateur assure également qu’il n’a pas l’intention d’abolir les traditions, mais plutôt de les réinventer pour les rendre plus respectueuses des animaux. C’est pourquoi il a proposé la création de Topa, une mascotte animée par un personnage symbolisant la vachette, une solution créative qui permet de garder un lien avec l’histoire d’Intervilles tout en répondant aux préoccupations de ceux qui estiment que les animaux ne doivent pas être utilisés pour le divertissement humain.

En parallèle, cette controverse met en lumière une autre réalité : le changement des mentalités au sein de la société française. De plus en plus de personnes se montrent sensibles à la cause animale et à la nécessité de revoir certaines pratiques traditionnelles. Nagui, en tant qu’animateur du service public, a un rôle crucial à jouer dans cette évolution. Il considère que son émission, à travers sa popularité, peut contribuer à sensibiliser le public sur des questions sociales importantes, au même titre que l’égalité des sexes, la lutte contre le racisme et la préservation des droits humains.

Au final, le retour d’Intervilles sans vachettes ne marque pas seulement un changement dans le format de l’émission, mais aussi un tournant dans la manière dont la société aborde les enjeux éthiques autour des animaux et des traditions. Ce débat, bien plus qu’une simple polémique, soulève des questions profondes sur notre rapport à la culture, à l’histoire et à l’évolution des valeurs. Pour Nagui, il s’agit avant tout de répondre aux attentes du public tout en restant fidèle à ses convictions, dans un équilibre entre divertissement et responsabilité.