« Nous représentons la France telle que nous voudrions qu’elle soit » : L’aveu fracassant de Radio France sur son devoir de neutralité, financé par un demi-milliard d’euros d’argent public

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Au cœur d’une démocratie saine, le service public audiovisuel est censé être le garant d’une information objective, pluraliste et rigoureusement neutre. Financé par l’ensemble des citoyens, il est le refuge où tous les courants de pensée doivent pouvoir s’exprimer dans le respect du débat. Or, une analyse chirurgicale des pratiques de France Inter, la radio phare du groupe Radio France, révèle une dérive idéologique d’une ampleur stupéfiante, posant une question fondamentale : les Français paient-ils pour être informés ou pour être rééduqués ?

Le point de bascule de cette controverse se trouve dans une déclaration sidérante de la Présidente-Directrice générale de France Télévisions et ancienne directrice de Radio France, Delphine Ernotte, lors d’une audition parlementaire. Ses mots, gravés dans l’histoire récente du journalisme français, résonnent comme l’acte de naissance d’une nouvelle forme de militantisme d’État : « Je tiens à dire qu’on ne représente pas la France telle qu’elle est, mais on essaie de représenter la France telle qu’on voudrait qu’elle soit ».

Cet aveu, prononcé devant la représentation nationale, est plus qu’une simple faute de communication ; il est l’expression d’un projet partisan qui renie l’essence même du service public. Il est une bombe démocratique lorsqu’on se rappelle le contexte financier : Radio France a perçu une dotation publique dépassant le demi-milliard d’euros. C’est l’argent de tous les contribuables, y compris ceux dont les opinions sont ouvertement “discriminées” ou écartées par cette vision de la « France idéale » que la direction cherche à imposer.

Le Partisanat Dévoilé : Chiffres et Définitions Contestées

La crise de la neutralité n’est pas qu’une affaire de perception. Elle est étayée par des faits et des études qui interrogent la bonne foi des responsables. Un examen des temps de parole, même si les chaînes privées sont souvent incriminées, révèle un déséquilibre criant au sein du service public. En se procurant les données du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) — désormais fusionné au sein de l’ARCOM — concernant le mois de septembre d’une année récente sur France Info, l’analyse est éloquente.

Pour atteindre une seule personnalité politique de droite dans le classement des temps d’intervention, il fallait sauter plusieurs dizaines de personnes. Ce bataillon comprenait une quinzaine de personnalités de la majorité présidentielle, plusieurs figures du Parti socialiste, du Parti communiste, d’Europe Écologie Les Verts, et d’autres divers gauche ou autres. Ce déséquilibre numérique, loin d’être un simple hasard, dessine la carte d’un espace médiatique taillé sur mesure pour conforter une certaine orientation politique.

Même le Syndicat national des journalistes (SNJ) de France Inter avait dénoncé un programme mis en place par la direction, fustigeant des questions « futiles » qui offraient des « spots quasi publicitaires sans aucune contradiction » à certains candidats. Mais c’est la suite de leur communiqué qui révèle la profondeur du parti pris : ces pratiques seraient « inacceptables, mais plus encore quand la parole intime et légère sert ainsi à dédiaboliser des partis extrêmes ».

L’utilisation du terme « extrême » pour qualifier, par exemple, le Rassemblement National (RN), est, en soi, un acte de nature politique et non journalistique. L’analyse rappelle avec pertinence la définition du dictionnaire Larousse de l’extrême droite : idéologie contre-révolutionnaire, emploi de la violence légitime, antiparlementarisme. Or, Marine Le Pen est une parlementaire convaincue, condamnant sans ambiguïté les violences politiques. L’analyse suggère même, de manière provocatrice, que d’autres formations politiques comme La France Insoumise, qui « ne condamnent pas les violences » en appelant par exemple à la justice et non au calme, sont paradoxalement plus proches de cette définition. Qualifier une force politique légitimement élue par des millions de Français d’« extrême » est le marqueur d’une diabolisation visant à valider a posteriori l’inégalité du traitement médiatique.

La Grille Idéologique et le Double Standard

CHARLOTTE D'ORNELLAS pulvérise FRANCE INTER sur le DEVOIR de NEUTRALITÉ

Ce parti pris s’institutionnalise à travers une grille de lecture idéologique bien définie. La directrice de France Inter, interrogée par Le Figaro Magazine sur l’homogénéité de ses invités, a répondu que la plupart des personnes ayant la parole étaient des « défenseurs de l’environnement, des droits des femmes, de la démocratie ». Ces mots, sous couvert de nobles causes, opèrent une exclusion claire. Seuls ceux qui s’alignent sur une interprétation progressiste et militante de ces concepts sont jugés dignes de l’antenne.

Cette sélectivité crée un double standard troublant. Sur les questions environnementales, la charte de France Inter s’engagerait à interdire toute discussion remettant en cause l’origine humaine du changement climatique, le présentant comme un « fait scientifique » établi. En soi, cette position ferme le débat.

Quelques semaines plus tard, pourtant, une journaliste de Médiapart est invitée à l’antenne pour qualifier le nucléaire, source d’énergie bas-carbone pourtant soutenue par une large partie de la communauté scientifique et politique, d’« incarnation et célébration du Patriarcat ». Elle décrit le nucléaire comme « une énergie brutale, hiérarchique, opaque, qui vous écrase ». L’absurdité du propos est frappante : un débat sociétal et politique est verrouillé au nom de la science, tandis qu’un jugement idéologique et hautement subjectif — reliant l’énergie atomique à la structure sociale patriarcale — est non seulement autorisé, mais promu.

Le même filtre s’applique aux droits des femmes. La direction se targue de défendre cette cause, mais l’on constate une étrange amnésie lorsqu’un témoignage dérange la narration officielle. L’exemple d’une femme, agressée par un migrant sous OQTF et qui a témoigné sur une chaîne concurrente, n’a trouvé aucun écho, aucune invitation, sur France Inter. Le droit des femmes, comme la démocratie, semble n’être défendu que lorsqu’il « rentre dans la grille » idéologique préétablie, sacrifiant l’universalité de la victime à l’opportunisme politique.

Le « Récit Médiatique » Contre la Volonté Populaire

Cette obsession du « récit » est d’ailleurs au cœur des critiques formulées à l’encontre des chaînes privées qui osent proposer une alternative. Une étude fustige CNews, l’accusant de ne pas retenir les informations qui font l’actualité pour ses concurrents et d’insister fortement sur les « dangers de l’Immigration et de l’insécurité », créant ainsi un « monde où l’information est sélectionnée en fonction de ses propres valeurs ».

Le contre-argument est cinglant : si l’on se tourne vers l’opinion des Français, le récit alternatif n’est pas une invention idéologique, mais la traduction des préoccupations majoritaires. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une large majorité des Français souhaitent stopper le regroupement familial ; une majorité encore plus forte est pour une suppression du droit du sol ; et une quasi-totalité souhaite que tous les fichés S étrangers soient expulsés. La chaîne qui choisit de mettre l’immigration et l’insécurité en haut de sa hiérarchie de l’information ne fait donc que refléter une inquiétude profonde et largement partagée par le corps social. L’uniformité médiatique dénoncée par l’analyse repose précisément sur le fait d’ignorer délibérément ces préoccupations au nom d’un « récit » plus acceptable pour la caste politico-médiatique.

Enfin, la tentative d’homogénéisation du discours s’étend jusqu’à l’administration. La décision de l’ARCOM de décompter le temps de parole d’un éditorialiste non affilié, en l’étiquetant “divers droite” a posteriori et en lui interdisant de plateau, est un précédent glaçant. Comme l’a rappelé le médiateur et chroniqueur Olivier Maestre : « Je ne connais aucune démocratie où l’autorité administrative contrôle le temps de parole des journalistes et des éditorialistes ».

Émeutes : responsabilités des politiques - Charlotte d'Ornellas - YouTube

Le scandale de Radio France n’est donc pas seulement celui d’un déséquilibre partisan. C’est celui d’un service public, financé par tous, qui se dote d’une mission de « modelage » idéologique de la nation. L’argent de l’impôt est détourné de son devoir de neutralité pour financer une vision de la société qui discrimine et exclut une part croissante de ses auditeurs. Il est urgent d’exiger une reddition des comptes et un retour au pluralisme, sans lequel la confiance des Français dans les institutions médiatiques publiques continuera de s’effondrer.