"Elle les emmerde c'est un scandale !" : Pascal Praud monte au front pour  défendre les agriculteurs

Au cœur du paysage médiatique français, une simple prise de position peut parfois déchaîner des tempêtes politiques. C’est exactement ce qui s’est produit lorsque Nagui, l’une des figures les plus emblématiques et les plus populaires du service public, a prononcé le mot « génocide » pour qualifier le conflit qui déchire actuellement Gaza. Loin d’être un simple fait divers, cette déclaration, faite sur l’antenne de France Inter, a agi comme une détonation, ravivant avec une intensité sans précédent le débat explosif sur l’impartialité et le pluralisme des médias financés par l’argent public.

Le malaise, capturé et décortiqué sur le plateau de Pascal Praud, n’est pas seulement éditorial ; il est profondément politique et constitutionnel. L’onde de choc provoquée par le mot de Nagui est le symptôme visible d’une crise de confiance qui couve depuis longtemps, nourrie par une série d’affaires retentissantes qui ont mis en lumière ce que d’aucuns appellent une dérive idéologique au sein de l’audiovisuel d’État.

Le Dérapage Émotionnel ou la Prise de Position Calibrée ?

Le point de bascule est survenu lorsque Nagui a commenté, à l’issue d’un morceau, la situation dramatique à Gaza. En utilisant le terme « génocide », il a immédiatement propulsé le sujet de la sphère de l’information à celle de l’engagement politique pur et simple. Sur le plateau de L’Heure des Pros, cette intervention a été interprétée non pas comme un lapsus, mais comme une réplique délibérée, possiblement adressée à son confrère Arthur, et surtout comme une prise de position éditoriale réfléchie.

Le mot « génocide » n’est pas un terme anodin. Il renvoie à des conditions juridiques extrêmement spécifiques et son emploi, s’il n’est pas étayé par une analyse rigoureuse, risque de banaliser l’un des concepts les plus horribles de l’histoire de l’humanité. La réaction de Pascal Praud fut sans appel : il a jugé que le mot n’était « pas adapté » et que l’attitude d’un animateur aussi connu, utilisant de tels termes au sortir d’une musique sans engager une discussion de fond, était « très dangereuse ».

Ce qui inquiète le plus les commentateurs de droite, ce n’est pas l’expression d’une opinion – car Nagui a, en théorie, le droit d’avoir ses convictions – mais le fait qu’il utilise sa tribune au sein du service public pour les exprimer, d’autant plus qu’il s’aligne sur la rhétorique la plus tranchée de l’échiquier politique français.

La Convergence Inquiétante avec La France Insoumise

En effet, le mot « génocide » est celui que Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise (LFI), ne cesse de marteler. Mélenchon est allé jusqu’à accuser les autorités européennes d’une « responsabilité morale particulière » et d’une « lâcheté » qui auraient rendu ce prétendu « génocide » possible, notamment en continuant de fournir des armes à l’État hébreu.

Le parallèle est frappant et soulève une question fondamentale : pourquoi un animateur du service public se retrouve-t-il aligné sur les positions les plus extrêmes de la gauche radicale, alors même que le Président de la République, Emmanuel Macron, refuse de se prononcer, renvoyant l’usage du terme aux historiens ? Pour beaucoup, cette convergence démontre que le service public, loin de garantir un pluralisme équilibré, pencherait de manière systématique vers une certaine orientation politique.

Mais au-delà de la sémantique, la critique la plus acerbe concerne ce que d’aucuns appellent la « malhonnêteté intellectuelle » de ceux qui emploient ce terme sans nuance. La chroniqueuse Sabrina soulève un point crucial, souvent éludé par cette frange du monde médiatique : l’oubli total du rôle du Hamas. Ces personnalités oublient de mentionner qu’il s’agit d’une organisation terroriste, qu’elle détourne l’aide humanitaire, affame, viole et corrompt une partie de sa propre population palestinienne. Ignorer ces réalités factuelles et criminelles pour ne se concentrer que sur la riposte israélienne est perçu comme une distorsion éhontée des faits, un parti pris qui disqualifie toute prétention à l’impartialité.

La Crise de Confiance : Des Affaires en Série

Pascal Praud réagit aux propos de Nagui sur Gaza : "Ce n'est pas adapté"

L’incident Nagui n’est qu’un nouvel épisode dans une série de controverses qui fragilisent la crédibilité de l’audiovisuel public. Le Sénateur Max Brisson (Les Républicains) a publiquement alerté sur l’impartialité de ces institutions, pointant du doigt plusieurs cas flagrants.

Il cite notamment le « matraquage Zucman ». Pendant dix jours, l’économiste Gabriel Zucman a bénéficié d’une exposition médiatique massive sur l’ensemble des antennes de Radio France et France Télévisions (France Culture, France 5, France Inter, France 2) pour promouvoir sa fameuse proposition de taxe, sans qu’aucune voix de contradiction ne lui soit opposée. Ce manque de pluralisme, digne d’un battage de campagne, est particulièrement « sidérant » pour un service qui se doit d’être neutre.

Puis, il y a le « scandale Le Grand/Cohen », deux figures médiatiques accusées d’avoir exprimé leur volonté d’influencer les électeurs. Si cette affaire a soulevé de vifs débats, elle a, selon le Sénateur, installé un « mur des cons » médiatique, c’est-à-dire un doute désormais permanent dans l’esprit du public : « on ne regardera plus, on n’entendra plus jamais de la même façon ces radios et ces télévisions ».

L’exemple le plus criant, souvent cité comme la preuve d’un deux poids deux mesures idéologique, est l’affaire Jean-François Achilli. Ce journaliste, reconnu et respecté, a été licencié de Radio France de manière conservatoire pour avoir simplement rencontré Jordan Bardella dans le cadre de l’écriture éventuelle d’un livre. Le contraste avec d’autres pratiques tolérées est brutal. Pour Pascal Praud et ses invités, la raison est simple et terrible : « il est de droite, c’est tout ». Achilli a été « mis à pied » et « licencié » pour une simple rencontre, tandis que d’autres, perçus comme étant de gauche, semblent bénéficier d’une impunité ou d’une tolérance éditoriale bien plus large.

La Riposte : Une Commission d’Enquête au Parlement

Face à ce qu’ils perçoivent comme une dérive militante financée par le contribuable, les groupes de droite, notamment le groupe UDR, ont annoncé une offensive parlementaire majeure. Ils vont recourir à leur droit de tirage pour mettre en place une commission d’enquête à l’Assemblée nationale sur la « neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public ».

Les enjeux sont colossaux. L’audiovisuel public représente aujourd’hui quatre milliards d’euros d’argent public. L’objectif n’est pas d’interdire la ligne éditoriale, qui est le droit des médias privés, mais de garantir qu’avec l’argent public, les dirigeants appliquent l’obligation de neutralité et non l’engagement politicien, comme l’exige la Constitution.

Cette commission, dont le rapporteur sera Charles de Courson, prévoit d’auditionner non seulement la patronne de France Télévisions, mais aussi les journalistes et les personnalités au cœur des polémiques, notamment les fameux Le Grand et Cohen. Comme le martèle un invité : « ceux qui ont été pris les mains dans le pot de confiture de collusion avec la gauche pour modifier le résultat des élections auront à rendre des comptes ».

La simple perspective de cette enquête suscite déjà les anticipations. Le traitement médiatique sera sans doute féroce, prédit Praud, avec les habituelles accusations de « dérive trumpiste de l’extrême droite qui veut museler la presse ». Pourtant, pour les observateurs, il s’agit surtout d’une tentative de restaurer la confiance d’un public de plus en plus défiant qui se détourne massivement de certaines chaînes, considérant que la neutralité n’est plus qu’un vain mot.

L’Héritage Trahi : La Crainte d’Élisabeth Badinter

La crise du service public et la montée des rhétoriques extrêmes sur la scène médiatique et politique trouvent un écho dramatique dans la haute sphère intellectuelle. Élisabeth Badinter, philosophe respectée et épouse de feu Robert Badinter, a livré un entretien poignant dans lequel elle exprime son inquiétude face à la montée de l’antisémitisme au sein d’une partie de la gauche française.

Selon elle, la gauche qu’elle et son mari avaient connue et aimée les a trahis. Elle dénonce que ce courant de pensée prenne désormais la place de l’extrême droite sur la question de l’antisémitisme et s’inquiète de « l’alliance objective de l’extrême gauche avec ses islamistes », une alliance qui expliquerait « où nous en sommes ».

Ce témoignage est un « choc et un chagrin immense » pour tous ceux qui ont suivi le parcours de Robert Badinter. L’homme qui a mené tant de combats pour les droits de l’homme est décédé en février 2024, après avoir été témoin, de son vivant, de la dérive du courant de pensée auquel il avait consacré sa vie.

Ce constat désabusé et tragique conduit la discussion à une conclusion historique plus large et particulièrement cinglante. Le panel de Pascal Praud en vient à juger avec une gravité presque totale que l’ensemble des choix majeurs pris par la France depuis 1981 – date de l’arrivée de François Mitterrand – sont une « erreur ». Que ce soit dans le domaine de la justice, de l’école, de l’économie, ou même des 35 heures, « tous les chemins qui ont été pris depuis 81 sont des mauvaises options ».

Quel cirque !" : Pascal Praud critique les négociations sur la réforme des  retraites - YouTube

La conclusion est à la fois amère et spectaculaire : la France se serait « trompée sur tout ». La polémique autour du mot « génocide » de Nagui, l’enquête parlementaire sur l’impartialité médiatique, et le chagrin d’Élisabeth Badinter ne sont donc pas des événements isolés, mais les pièces d’un puzzle qui, une fois assemblées, dessinent la faillite d’un modèle politique et social qui, selon ses détracteurs, a conduit le pays à payer aujourd’hui la facture de ses erreurs passées. La question n’est plus de savoir si le service public est biaisé, mais de reconnaître que les médias ne sont que le miroir déformé d’une nation profondément fracturée et en quête de vérité.