Pourquoi Alain Delon a-t-il quitté la femme qu’il aimait ?

Alain Delon : le prix du charme et la malédiction de l’amour

Il fut l’incarnation même de la beauté masculine, le visage d’une époque, l’amant rêvé de millions de femmes. Mais derrière les yeux bleus d’Alain Delon, se cachait un homme hanté — par son enfance brisée, ses amours perdues, et l’impossibilité de trouver la paix.
Aujourd’hui encore, le nom de Delon évoque à la fois le glamour, le scandale, et une question brûlante : pourquoi a-t-il quitté toutes les femmes qu’il a aimées ?

Une enfance sans amour, un homme en quête d’absolu

Avant d’être la star mondiale, Delon fut un enfant abandonné. Né en 1935, il grandit ballotté entre foyers et familles d’accueil, marqué à jamais par un manque d’affection. Ce vide originel, il le comblera toute sa vie par la passion, le travail et… les femmes. Mais aucune ne parviendra jamais à apaiser ce gouffre intérieur.

Romy Schneider : l’amour légendaire, brisé par une lettre

En 1958, à l’aéroport d’Orly, la rencontre paraît banale. Romy Schneider, la star allemande de la trilogie Sissi, trouve Delon arrogant. Lui, jeune premier français encore inconnu, la déstabilise. Mais sur le tournage de Christine, tout bascule. Leurs regards se croisent, et le cinéma vient de créer l’un des couples les plus mythiques de l’histoire européenne.

Romy quitte l’Allemagne, s’installe à Paris, apprend le français, et s’engage dans une passion dévorante. Ils se fiancent, s’aiment follement, vivent sous le feu des projecteurs.
Mais en 1963, une simple lettre met fin au rêve. Delon écrit à Romy qu’il la quitte. En silence, sans confrontation. Quelques semaines plus tard, il est fiancé à une autre femme : Nathalie Barthélémy, déjà enceinte.

Romy, bouleversée, s’enfuit à Hollywood. Elle tourne avec Jack Lemmon, Peter O’Toole, Woody Allen. Mais son cœur reste à Paris. Malgré la rupture, ils se retrouvent. En 1968, ils rejouent leur passion dans La Piscine. Leurs regards à l’écran ? Ceux de deux âmes qui s’aiment encore.

Quand Romy meurt en 1982, à 43 ans, Delon organise ses funérailles. Il fait enterrer le fils de Romy à ses côtés et murmure devant sa tombe :

« Tu es et resteras l’amour de ma vie. »
Depuis ce jour, une part de lui ne s’est jamais relevée.

Nico, Nathalie, Dalida : les amours impossibles

Entre-temps, la vie de Delon devient un tourbillon.
En 1962, la chanteuse et mannequin Nico affirme qu’il est le père de son fils, Christian Aaron Boulogne. Delon nie, toujours. Pourtant, la ressemblance est frappante. L’enfant sera élevé par la mère de Delon, Édith, et prendra le nom Boulogne. Des décennies plus tard, Christian tentera en vain d’obtenir une reconnaissance légale. En 2023, il meurt à 60 ans — un autre fantôme dans la légende Delon.

Puis vient Nathalie. En 1964, il l’épouse parce qu’elle est enceinte de leur fils, Anthony. Mariage par devoir ? Peut-être. L’amour s’effrite vite. Delon reprend son aventure avec l’actrice autrichienne Marisa Mell. Nathalie, dans ses mémoires, admettra :

« Il n’a jamais cessé d’aimer Romy. Elle était son ombre. »

La passion s’éteint, la rancune reste. Leur divorce, en 1969, fait la une des journaux. Mais Delon ne connaît pas la solitude : il la fuit.

Même la chanteuse Dalida, icône des années 60, ne lui résiste pas. Ils vivent une liaison secrète à Rome, enregistrent ensemble la chanson culte Paroles, Paroles (1972). Quinze ans plus tard, Dalida se suicide. Delon, effondré, confie :

« J’aurais dû la retenir. Comme tant d’autres. »

Mireille Darc : la stabilité impossible

Après Nathalie, Delon croit enfin trouver la paix avec Mireille Darc.
Actrice douce, lumineuse, elle partage sa vie pendant quinze ans — un record pour lui. Ensemble, ils traversent les années 70, un couple élégant, discret, uni. Pourtant, Delon, éternel fuyard, s’éloigne peu à peu.
Leur rupture, dans les années 80, se fait sans drame, mais avec mélancolie. Jusqu’à la mort de Mireille en 2017, ils resteront amis, complices, presque familiaux. Elle fut, peut-être, la seule à comprendre sa solitude.

Le dernier amour : Rosalie, et le temps qui passe

En 1987, Delon a 52 ans. Il rencontre Rosalie van Breemen, un mannequin néerlandais de 21 ans, sur un tournage de clip. Trente et un ans les séparent, mais la magie opère.
Deux enfants naissent : Anouchka (1990) et Alain-Fabien (1994). Pendant plus d’une décennie, Delon semble apaisé. Mais comme toujours, l’histoire se répète. En 2001, le couple se sépare.
Rosalie dira plus tard :

« Alain aime passionnément, mais il ne sait pas rester. »

Un séducteur prisonnier de lui-même

Pourquoi ce géant du cinéma, ce symbole de virilité, n’a-t-il jamais pu garder l’amour ?
Peut-être parce qu’il a toujours aimé comme on joue un rôle : intensément, mais sans y croire tout à fait.
Peut-être aussi parce que le petit garçon abandonné en lui ne supportait pas l’idée d’être quitté — alors il partait le premier.

Aujourd’hui, à plus de 90 ans, Delon vit retiré du monde. Autour de lui, plus de silence que de gloire. Ses plus beaux films — Le Samouraï, Plein Soleil, La Piscine — racontaient déjà cette solitude glaciale qui le définit. Le séducteur parfait, mais l’homme imparfait.
L’acteur légendaire, mais le cœur meurtri.

L’amour selon Delon : éternel, mais jamais durable

Au fond, Alain Delon n’a pas « quitté » les femmes de sa vie — il s’est enfui d’elles, comme on fuit soi-même.
Romy fut son amour, Nico sa faute, Nathalie sa prison, Mireille sa douceur, Rosalie sa dernière illusion.
Et si, derrière l’icône du cinéma français, se cachait simplement un homme qui n’a jamais su guérir de l’amour ?