Robert Badinter, c’est le choc : sa tombe dégradée quelques heures avant l’entrée au Panthéon.

La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon  – Libération

À quelques heures de l’entrée au Panthéon de Robert Badinter, sa tombe a été profanée dans le cimetière de Bagneux.

Ce jeudi 9 octobre 2025 restera gravé d’une tache noire dans le grand livre des hommages : plusieurs heures seulement avant la cérémonie officielle de son entrée au Panthéon, la tombe de Robert Badinter, déjà inhumé au cimetière de Bagneux, a été profanée. La mairie locale a confirmé avoir retrouvé des tags sur la pierre funéraire, visant directement les combats les plus symboliques qu’il portait — abolition de la peine de mort, droits des homosexuels, et libertés individuelles.

Une profanation lourde de sens

Le matin du 9 octobre, alors que toute la France s’apprêtait à honorer la mémoire d’un homme de convictions, une découverte outrancière est venue précipiter l’émotion : la tombe de Robert Badinter, dans le carré juif du cimetière de Bagneux, portait des inscriptions haineuses. Ces tags, selon les autorités municipales, évoquaient expressément ses engagements : la suppression de la peine capitale, la dépénalisation de l’homosexualité, la défense des libertés fondamentales — tous sujets qu’il a portés toute sa vie.

La dégradation d’un lieu de mémoire, plus encore quelques heures avant qu’on ne célèbre celui qui en a fait sa cause publique, choque d’autant que le geste revêt une dimension provoquée et ciblée. Robert Badinter, c’est le choc : sa tombe dégradée quelques heures avant l’entrée au PanthéonDe nombreuses personnes viennent rendre hommage à Robert Badinter au conseil Constitutionnel, la veille de son entrée au Panthéon. Paris, le 8 octobre 2025. © Florian Savina / Bestimage

Le contexte poignant : entrée au Panthéon

Le timing ne saurait être plus cruel. Le 9 octobre 2025 était précisément la date choisie pour l’entrée symbolique de Robert Badinter au Panthéon, un hommage national voulu pour inscrire son nom aux côtés des grandes figures de la République. Cette cérémonie intervient 44 ans jour pour jour après l’abolition de la peine de mort en France, loi historique à laquelle Badinter est indissociablement lié.

Mais paradoxalement, même si son nom sera salué dans la crypte républicaine, son corps ne quittera pas le cimetière de Bagneux. Sa veuve, dans une interview, a expliqué qu’elle avait souhaité respecter un choix intime : rester auprès de lui dans ce dernier lieu de repos. Elle a ajouté : « Ce qu’on voulait, c’est ne pas être séparés », soulignant qu’elle ne se considérait pas légitime pour reposer auprès de lui autrement.

La profanation de la tombe de Robert Badinter, juste avant son entrée au Panthéon, n’est pas seulement un acte de vandalisme. C’est un message empli de violence, dirigé contre un homme de convictions et d’engagements politiques et sociaux qui a marqué l’histoire de la France. Ce n’est pas seulement un lieu de repos qui a été dégradé, mais un symbole de l’abolition des injustices, un affront à tout ce qu’il a défendu tout au long de sa carrière.

Le timing de cet acte de profanation est particulièrement significatif et révoltant. Alors que la nation s’apprêtait à honorer Robert Badinter et ses combats en le faisant entrer au Panthéon, ce geste barbare a frappé avec une force et une clarté qu’aucun hommage ne pourrait effacer. Dans un pays où le débat autour de la peine de mort a été définitivement tranché, il ne fait aucun doute que cette profanation vise spécifiquement son œuvre et son legs.

Le 9 octobre n’était pas un jour comme les autres. Il marquait l’anniversaire de l’abolition de la peine de mort, une date clé dans l’histoire de la République. Robert Badinter, alors ministre de la Justice en 1981, fut un acteur principal de cette réforme, et ce geste violent vient briser ce moment de reconnaissance nationale. L’abolition de la peine capitale reste l’une de ses victoires les plus symboliques et, pourtant, les opposants à ce combat n’ont visiblement pas oublié.

La profanation fait écho à des enjeux sociaux actuels, et ce n’est pas la première fois que des personnalités publiques sont confrontées à des attaques d’une telle nature. En effet, cet acte réveille aussi la question de l’intolérance et des dérives idéologiques qui restent présentes dans certaines couches de la société. Le fait que la tombe de Robert Badinter, un homme ayant consacré sa vie à défendre les droits de l’homme, ait été souillée, traduit l’intensité de l’opposition à ces valeurs fondatrices.

Dans les jours qui suivront cette affaire, un élan de solidarité se manifestera, non seulement pour honorer la mémoire de l’homme, mais aussi pour réaffirmer les valeurs qu’il a incarnées. À travers des discours, des hommages et des gestes concrets, le pays réaffirmera son engagement envers les libertés individuelles et l’égalité des droits. Mais au-delà de la tristesse et de la révolte, cet événement est aussi l’occasion de rappeler la fragilité de ces acquis et de la nécessité de les défendre chaque jour.

Les autorités, tout en déplorant cette profanation, ont assuré que des mesures seraient prises pour renforcer la sécurité autour des lieux de mémoire et pour identifier les responsables. Ce genre de dégradation n’a pas seulement pour effet de choquer l’opinion publique, mais aussi de souligner la persistance de certains courants de pensée qui cherchent à réécrire l’histoire ou à l’effacer, à l’image de ces écrits haineux sur la tombe de Badinter.

Robert Badinter va entrer au Panthéon le 9 octobre, 44 ans après  l'abolition de la peine de mort - Le Parisien

Cependant, au-delà de ce déchaînement de violence, il est important de souligner la dignité de la famille de Robert Badinter, qui, malgré ce geste odieux, a choisi de préserver son intimité et de respecter le dernier souhait du défunt, celui de rester aux côtés de son épouse dans ce lieu symbolique de Bagneux. Il s’agit là d’une belle preuve de respect et de continuité de l’amour et du souvenir.

Cet incident, aussi choquant qu’il soit, n’éclipse pas le legs que Robert Badinter laisse à la France. Son entrée au Panthéon restera un moment fort de l’histoire nationale, et si la profanation de sa tombe marque une note tragique, elle n’entravera en rien la place qu’il occupe désormais parmi les grandes figures de la République. La mémoire de Robert Badinter est bien plus forte que la haine qui a tenté de la ternir.