Alain Souchon persiste et signe : retour sur une polémique inattendue autour du RN

Ce mardi 18 novembre 2025, Alain Souchon était l’invité d’Anne-Élisabeth Lemoine dans C à Vous, entouré de ses deux fils venus l’accompagner pour promouvoir Studio Saint-Germain, l’album qu’ils viennent tout juste de sortir. Une apparition attendue, plutôt centrée sur la musique et la complicité familiale, mais qui a rapidement pris une tournure plus politique. L’artiste, qui vient de célébrer ses 81 ans, a en effet été au cœur d’une controverse quelques jours plus tôt, après des propos tenus sur RTL concernant le Rassemblement national (RN). Et sur le plateau de France 5, il n’a pas cherché à éteindre l’incendie, bien au contraire.

Alain Souchon, après la polémique et sa sortie sur le RN, le chanteur en  rajoute une couche dans "C à Vous" - Public

Une matinale de RTL qui prend une tournure politique

La polémique trouve son origine dans une interview diffusée le vendredi précédent, lors de la matinale de RTL présentée exceptionnellement par Marc-Olivier Fogiel. Venu parler de la sortie de Studio Saint-Germain, Alain Souchon a été interrogé par le journaliste sur la montée du RN dans les sondages à l’approche de l’élection présidentielle de 2027. Fogiel a notamment évoqué une étude d’opinion donnant Marine Le Pen à 35 % d’intentions de vote — un chiffre suffisamment marquant pour susciter des réactions.

Réponse immédiate du chanteur, avec le ton pince-sans-rire qu’on lui connaît :
« Oui bah 35, ce n’est pas 50 ! »
Une remarque jetée comme une évidence, presque comme une respiration. Mais Souchon n’en est pas resté là.

Plus sérieux, il a ensuite livré une réflexion plus générale sur les électeurs français :
« Je ne crois pas que les Français soient assez cons pour élire quelqu’un du Front national pour diriger. »
Puis, dans la même lancée :
« S’il y a un président d’extrême droite, il y aura une révolution. »

Une sortie tranchante, qui tranche avec le ton feutré des interviews de chanteurs. En fin d’entretien, il s’était même amusé, dans un échange complice avec Fogiel, à évoquer l’idée de partir vivre en Suisse « si jamais ça arrivait », interprété par beaucoup comme une boutade supplémentaire.

Une réaction immédiate des cadres du Rassemblement national

Ces propos n’ont évidemment pas laissé indifférents les responsables du RN, qui ont réagi avec virulence. Sur X (anciennement Twitter), Sébastien Chenu a été l’un des premiers à monter au créneau.
Le député et vice-président de l’Assemblée nationale a dénoncé un artiste « méprisant » envers une partie du public, soulignant l’ironie qu’un chanteur souvent associé à des valeurs humanistes puisse tenir des propos qu’il juge insultants.

Jean-Philippe Tanguy, lui, a dégainé encore plus fort. Dans une publication très relayée, il a estimé que, selon la logique même du chanteur, « Souchon est donc assez con », dans la mesure où, selon lui, la Suisse appliquerait « largement le programme du RN » et qu’un parti « à la droite du RN » y aurait remporté les élections législatives.
Dans une autre réaction, il a également rappelé, non sans sarcasme, que Souchon résidait en France depuis plus de 40 ans, ce « pays qu’il estimait démodé par rapport à l’UE », tout en disant vouloir s’exiler en Suisse, elle-même hors de l’Union européenne. Un argumentaire destiné à souligner ce qu’il considère comme des contradictions.

La séquence a immédiatement enflammé les réseaux sociaux, créant un débat où se mêlaient humour, indignation, outrance et soutien au chanteur.

Alain Souchon, après la polémique et sa sortie sur le RN, le chanteur en  rajoute une couche dans "C à Vous" - Public

Sur le plateau de C à Vous, Souchon assume… en souriant

Invité quelques jours plus tard sur France 5, Souchon savait que la question reviendrait. Et Anne-Élisabeth Lemoine ne s’en est pas privée. En fin d’émission, elle lui a demandé s’il avait été surpris par l’ampleur des réactions.
La réponse du chanteur, des plus naturelles, a déclenché un éclat de rire général sur le plateau :
« Évidemment, parce que j’ai eu une éducation bourgeoise et on ne dit pas “con” à la télévision. C’est un gros mot. »

Un trait d’esprit dans la pure tradition souchonienne, mêlant modestie et malice. Lemoine, amusée, a poursuivi :
« Il n’y a que le ‘con’ ? Mais en tout cas, vous ne vouliez insulter personne… »
Ce à quoi Souchon a répondu :
« Bien sûr, on dit des choses comme ça. J’ai fait comme si j’étais avec des amis chez moi. En fait, il faut mesurer tout ce qu’on dit. »

Un mea culpa très léger, tout en nuance, où le chanteur reconnaît avoir parlé trop librement tout en assumant son propos de fond. Il n’a d’ailleurs pas retiré ses critiques envers l’extrême droite, préférant rappeler que son intention n’était pas d’insulter des individus mais de s’inquiéter d’une dynamique politique.

Ses fils interviennent : “C’était une blague !”

Présents à ses côtés, Pierre et Charles Souchon ont tenu à clarifier un point qui avait beaucoup tourné sur les réseaux : le fameux « départ en Suisse ».
Selon eux, il s’agissait évidemment d’un gag :
« Jamais mon père ne quittera son pays. Il n’y a même jamais pensé. »

Ils ont également dénoncé un montage tronqué circulant sur certaines plateformes, ne retenant qu’un extrait isolé de la conversation.
Le choix de la Suisse, ont-ils précisé, relevait du cliché d’exil, un ressort humoristique bien connu. Une manière d’éteindre une partie de la polémique, en recontextualisant la blague dont le sens avait été perdu dans les extraits viralisés.

Une polémique révélatrice d’un climat politique sous tension

L’affaire, si elle peut sembler légère, dit néanmoins beaucoup du climat politique français en 2025. À mesure que le RN se rapproche du pouvoir dans les sondages, chaque commentaire public d’une personnalité est scruté, amplifié, interprété, parfois instrumentalisé.
Les artistes, souvent perçus comme des figures morales ou des porte-voix, deviennent alors des cibles de choix pour les réactions politiques.

Souchon, connu pour sa discrétion et sa douceur, ne s’attendait sans doute pas à une telle tempête médiatique. Pourtant, ses propos continuent de circuler et d’alimenter les discussions sur la responsabilité publique des artistes, la liberté d’expression ou encore la polarisation croissante du débat public.