Amel Bent : une double nationalité pour une double appartenance, le symbole d’un pardon intimeAmel Bent « fière d'être Algérienne » : la chanteuse annonce qu'elle a obtenu  ses papiers - Public

Amel Bent n’est pas seulement une voix puissante de la scène française : elle est aussi une femme en perpétuelle quête d’équilibre, entre ses origines, son histoire personnelle et son identité. Connue pour ses titres emblématiques comme Ma philosophie, la chanteuse a franchi une étape symbolique forte dans son parcours personnel : elle est désormais officiellement Algérienne, en plus d’être Française. Une décision pleine de sens, à la croisée de ses racines et d’un cheminement intérieur long et profond.

Née à Paris d’un père algérien et d’une mère marocaine, Amel Bent a grandi à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Enfant d’un milieu populaire, elle s’est forgée dans un contexte multiculturel, mais avec une absence qui a marqué son développement : celle de son père. Ce manque, cette faille, a longtemps nourri une forme de blessure que la chanteuse a peu à peu appris à apprivoiser, à comprendre, puis à dépasser.

Pendant des années, Amel n’a pas eu la nationalité algérienne. Une réalité administrative qui, en surface, pouvait sembler anecdotique, mais qui, à ses yeux, était lourde de sens. C’est à 40 ans, avec le recul que donne l’âge, l’expérience de la maternité, et grâce au soutien du consulat d’Algérie à Nanterre, qu’elle a entamé cette démarche. Aujourd’hui, elle peut enfin dire : « Je suis algérienne officiellement depuis quelques mois. »Amel Bent « fière d'être Algérienne » : la chanteuse annonce qu'elle a obtenu  ses papiers - Public

Un moment fort qu’elle a partagé avec émotion dans une vidéo publiée sur TikTok. Debout sur une estrade, au cœur du consulat, elle a tenu à exprimer sa fierté et à remercier chaleureusement le consul : « Ce n’est pas les papiers qui font l’amour ou la fierté, mais aujourd’hui, je suis fière d’avoir mes papiers. »

Cette déclaration ne résonne pas seulement comme un acte administratif, mais comme un pas décisif vers la réconciliation avec une partie de soi. « Je suis fière d’avoir deux maisons, et d’aller en Algérie, et de me sentir chez moi », a-t-elle confié, émue. « Ce soir, je me sens chez moi avec vous, entre Algériens, entre Algériennes. »

Derrière cette double nationalité se cache un parcours humain, marqué par le besoin de comprendre, de pardonner, et de reconstruire des liens. Dans son album Vivante, sorti en 2021, Amel Bent avait déjà commencé à dévoiler cette introspection, notamment à travers la chanson Merci Monsieur, qu’elle a dédiée à son père. Elle y livrait une réflexion poignante sur la paternité, sur l’absence, mais aussi sur la lente construction d’un pardon.

Amel Bent « fière d'être Algérienne » : la chanteuse annonce qu'elle a obtenu  ses papiers - Public

Dans une interview accordée à Télé 7 Jours, elle expliquait : « J’avais besoin de faire cette chanson. La maturité et les discussions avec les miens m’ont donné un nouveau regard sur cette partie de mon histoire. » Le fait de devenir mère à son tour, d’observer son compagnon Patrick Antonelli dans son rôle de père, et de vivre elle-même la parentalité, a provoqué en elle une forme de bascule : « Voir ses craintes, ses maladresses… tout cela a changé ma vision. »

La rencontre avec son père, après de nombreuses années de silence, fut un moment de grande intensité. « Il ne savait pas quoi me dire et avait juste les larmes aux yeux », se souvient-elle. « J’ai été mal à l’aise face à la douleur, aux regrets, aux remords quand je voyais son regard. » Des mots qui témoignent de la complexité des sentiments, de la difficulté du pardon, mais aussi de la volonté d’avancer.

Aujourd’hui, ce processus de réconciliation semble aboutir à travers cette reconnaissance officielle de sa nationalité algérienne. Ce n’est pas un simple retour aux origines, mais plutôt un ancrage, une manière d’affirmer toutes les facettes de son identité. Amel Bent est désormais pleinement fille de ses deux cultures, riche de ses doubles racines.

Cette décision envoie aussi un message fort à tous ceux qui, comme elle, se sentent parfois partagés entre plusieurs appartenances : on peut être pleinement soi-même sans renier aucune partie de son histoire. On peut aimer plusieurs terres, plusieurs héritages, et se construire dans cette pluralité.

Amel Bent, en revendiquant haut et fort sa double nationalité, ne fait pas seulement un geste personnel : elle incarne aussi cette génération de Français issus de l’immigration qui embrassent toutes leurs origines, sans hiérarchie, sans tabou. Et dans cette démarche, elle trouve non seulement la paix, mais aussi une nouvelle forme de fierté.

Amel Bent est vivante, et plus que jamais entière.